D’emblée, dès le premier mot, dès la première lettre, on sentait que l’histoire avait déjà commencé hors champ : H + 6. 
Des champs, il y en avait, dans cette petite ville du Tarn-et-Garonne, célèbre pour son raisin Chasselas AOC. Stéphanie, fille du pays et Omar le Sénégalais ne manquaient pas de courage. Opiniâtres, même ils étaient, avec leur petite fille, leur chien et leurs vignes, luttant pour survivre : enclave d’humanité, seuls contre tous. Harcelés par des vignerons bornés, emplis d’idiotie et de haine à l’état pur. 
Un cavalier surgit seul de la nuit. Au mauvais endroit, au mauvais moment : soudain cristallisant les données éparses d’une planète déshumanisée par la mondialisation.
Dans la première moitié du livre, le rythme adopte un style froid et sinueux de serpent : des phrases courtes, sans verbe, écailles de phrases ; un récit morcelé, glacé, tout comme le pillage et la confiscation des corps. Oui, reptiliens, les yeux gris de la Mort.
Et s’insinue un malaise envenimé.
À Moissac, se joue un épisode d’un thriller au rythme et aux mélanges étranges : cartels colombiens, fric et cocaïne, famille  paysanne, salsa de flics, douteux ou doutant. 
Un virage se prend pourtant, au mitant, les phrases s’allongent, la petite fille scrute les yeux du cavalier, quelque chose se passe, mais où ?
La tension habilement construite par petites touches, se dénouera au terme du récit, mais nous n’aurons pas le fin mot de l’énigme : l’issue est un départ, un espoir, et la vie une lutte de chaque instant, qui se noue dans les interstices du quotidien. 
Lisez ce livre, extrêmement structuré, conceptuel, qui laisse un goût exquis et amer d’inachevé.
Je vous livre une traduction de la chanson du générique de fin, Dead souls de Joy Division :
Dead Souls (Ames Mortes)
 
Someone take these dreams away    Quelqu'un emporte ces rêves
That point me to another day    Ca me montre un autre jour
A duel of personalities    Un duel de personnalités
That stretch all true realities    Ça force toutes les vraies réalités
[Chorus], [Refrain]
That keep calling me    Ça ne cesse de m'appeler
They keep calling me    Elles ne cessent de m'appeler
Keep on calling me    N'arrête pas de m'appeler
They keep calling me    Elles ne cessent de m'appeler
 
Where figures from the past stand tall    Où les silhouettes du passé restent hautes
And mocking voices ring the hall    Et les voix simulées résonnent dans le hall
Imperialistic house of prayer    La maison de prière impérialiste
Conquistadors who took their share    Les conquistadors qui ont pris leur part
[Chorus], [Refrain]
 
Calling me (x4)  M'appelant(x4)
 
They keep calling me    Elles ne cessent de m'appeler
Keep on calling me    Ne cessent de m'appeler
They keep calling me (x2)    Elles ne cessent de m'appeler(x2)
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