Un roman fabuleux, au sens propre comme au figuré.. Baricco nous emmène à Quinnipak, ville imaginaire où l'on prénomme les locomotives, où la musique se joue avec des êtres humains en guise d'instruments, où l'on construit des palais de verre, et nous conte l'histoire de personnages plus attachants les uns que les autres. On navigue de surprise en surprise dans cet univers poètique jusqu'au dénouement final, inattendu et déstabilisant..un grand coup de coeur!
"....lire ce n'est jamais que fixer un point pour ne pas se laisser séduire, et détruire, par la fuite incontrôlable du monde. On ne lirait pas, rien , si ce n'était par peur. Ou pour renvoyer à plus tard la tentation d'un désir destructeur auquel on le sait, on ne saura pas résister. On lit pour ne pas lever les yeux vers la fenêtre, voilà la vérité. Un livre ouvert c'est toujours la présence assurée d'un lâche -les yeux cloués sur ces lignes pour ne pas se laisser voler le regard par la brûlure du monde- les mots qui l'un après l'autre poussent le fracas du monde vers un sourd entonnoir par où il s'écoulera dans ces petites formes de verre qu'on appelle des livres -le moyen le plus raffiné de battre en retraite, voilà la vérité. Une obscénité. Et cependant : la plus douce. C 'est ça le plus important, et il faudra toujours le rappeler et le transmettre, de proche en proche, de malade à malade, comme un secret, comme le secret, que jamais il ne s'évapore dans la renonciation de quiconque ou la force de quiconque, que toujours il survive dans la mémoire d'au moins une âme exténuée, et y résonne comme un verdict capable de faire taire qui que ce soit : lire est une obscénité bien douce."
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