Ginia et Rosa sont des jeunes filles de seize ans, l'une s'enorgueillit d'être couturière, fût-ce au service d'une maison tandis que l'autre n'est qu'une ouvrière. Elle finit vite par s'enticher d'Amelia dont l'aura sulfureuse l'attire : elle pose nue pour des peintres. Ginia voudrait, ne voudrait pas poser, elle aussi, elle rêve de l'élection que cela signifie mais redoute de braver sa propre pudeur... Elle voudrait être remarquée des garçons qui remarquent Amelia, elle rêve d'amour mais comprend très vite qu'ils ne portent pas sur elle le regard réconfortant dont elle a besoin. Amelia assume ses désirs, impose sa présence, Ginia attend, n'attend pas, avance, recule, pleure, pleure beaucoup...
Pavese écrit là un court récit à l'empathie surprenante sur l'éveil du désir chez une toute jeune fille dans un monde cruel et dangereux... Dans chacun de ses pas, un à un, ses montées, ses descentes, ses initiatives et ses battues en retraite, il nous fait sentir à quel point ce désir légitime, incongru dans un monde où ce dernier doit se combattre, la rend vulnérable, à découvert, proie facile de ceux qu'elle intéressera et victime collatérale de ceux qui ne s'intéresseront pas à elle. J'ai été agréablement surprise.
Citations : (traduction de Michel Arnaud)
A certains moments, dans la rue, Ginia s'immobilisait parce que, soudain, elle sentait le parfum des soirs d'été, devinant dans l'air les couleurs et le bruits de l'été et l'ombre des platanes. Elle pensait à cela dans la boue et la neige, et elle s'arrêtait à un coin de rue, la gorge serrée par le désir.
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