[Poésies, Une saison en enfer, Illuminations et autres textes | Arthur Rimbaud]
« Esclaves, ne maudissons pas la vie. »
Il faut reprendre encore une fois les chemins de la Rimbaldie même si depuis le temps, assassin, le soleil nous a tanné le cuir à coup de trique quand les foules en liesse et les splendides villes se font toujours attendre. On a tous connu notre saison en enfer mais Arthur Rimbaud est le seul à l'avoir vécue dans sa chair et par son verbe incarné. Alors que les vieux imprimés n'ont plus la cote et finissent de se racornir dans des boîtes à livres posées au bord des routes, les poésies complètes en livre de poche d'Arthur Rimbaud, préfacées par le pieux Claudel, pulsaient sourdement entre des nanars et des rossignols. Quelle belle occasion de reprendre les chemins de la bohème : "La grande route par tous les temps" ! Relire Rimbaud, dans l'ordre, les poèmes, la Saison et les Illuminations, laisse apparaître les invariants d'une poésie fulgurante, travaillée au corps et au vers. Le jeune homme maîtrise la langue et la plie à sa guise. S'il fait voler le vers en éclats, le poète radical dynamite aussi le fond, cherchant l'invective incisive et la métaphore qui claque. Rimbaud glisse souvent une salissure dans ses poèmes pour choquer, retenir l'attention, clamer sa perpétuelle insatisfaction et déclamer ses sourdes blessures. "Une saison en enfer" est l'opuscule inoubliable, le lecteur marqué à vie au fer rouge de la poésie rimbaldienne. Les formules incandescentes et incantatoires sont implacables. Après ce "combat spirituel" viennent les Illuminations et des gerbes éblouissantes au-dessus des abîmes. Rimbaud, croqué par Verlaine, en couverture, est un portrait en pied émouvant et vibrant. Quand on connaît l'aventure éditoriale des œuvres d'Arthur Rimbaud, on ne peut que louer la chance et le pauvre Lélian qui nous permettent de détenir pour rien un des sommets de la poésie française.
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