Relecture.
Une baronne coquette, amoureuse d'un Chevalier frivole et faux qui la dépouille, joue des sentiments d'un fermier-général, Turcaret, qui est amoureux fou d'elle et dépense sans compter pour lui complaire. Or sa servante s'insurge et finit par la dénoncer à Turcaret ; entre-temps, Frontin, le serviteur du Chevalier, qui flaire une occasion d'escroquer un peu plus tout le monde, profite de cette défection pour rebattre les cartes, entrer au service de Turcaret et placer Lisette, sa belle et bonne amie, au service de la Baronne... Mais au troisième acte, rien ne va plus et le spectateur se pince : comment tout cela, qui se complique et se complexifie, va-t-il pouvoir se dénouer ?
Cette comédie est assez peu jouée, ces temps-ci, et pourtant elle gagnerait à être connue et reconnue. Pour des potaches, elle n'a rien de difficile, la langue est autrement plus facile que celle de Molière (il n'y a guère que le contexte économique et social qui soit un peu opaque à ceux qui ne connaissent pas du tout les temps modernes) un club théâtre peut en faire son miel. Une fois entamée, rien ni personne ne peut vous la faire lâcher, quand c'est la première fois que vous la lisez, car on se demande comment Lesage va pouvoir s'en sortir sans lourdeurs, quand c'est la deuxième, on jouit davantage des ficelles tissées.
J'aime le personnage du Marquis, très fin, qui incarne à lui tout seul la double énonciation et peut incarner à la fois son personnage et le dépasser pour devenir, avec nous, spectateur ; il est moins un deus ex machina (procédé qui m'a toujours frustrée) qu'un discret coup de pouce.
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