[L’assassin qu’elle mérite. 1, Art nouveau | Wilfrid Lupano ; Yannick Corboz]
Lupanar.
Vienne, en 1900, va révolutionner l’art et la pensée (Schiele, Klimt, Freud, l’Art nouveau, etc.) mais sous l’opulence, la jouissance et l’insouciance, toute une vie laborieuse, brutale et soumise entretient le système élitiste. Victor, jeune homme destiné à une vie besogneuse est repéré par hasard, dans la rue, par deux nantis, Alec et Klement, bien décidés à transformer un quidam sur sa bonne mine en ennemi juré de la société. Alec, oisif et spécieux, anticipe l’avènement des masses laborieuses et imagine façonner un innocent du peuple, le manipuler afin qu’il devienne un support humain à son geste créatif, un brasier en puissance. Si Victor accepte la générosité d’Alec qu’il croit désintéressée, il n’imagine pas la déflagration qu’elle va engendrer. Avec l’argent facile, Victor goûte à des plaisirs inimaginables pour une personne de sa classe.
Conçu en quatre tomes, « L’assassin qu’elle mérite » démarre plein pot (de fleur) dans la capitale autrichienne. Bien rythmé, le récit est sans temps mort, servi par de bons dialogues. Victor dégage autant d’empathie que d’agacement face à ses envies, ses emportements et les coups qu’il encaisse en retour de quelques frivolités. Au pays de Freud, la folie couve. Bien dans le ton de l’ensemble, la fin pétaradante appelle une suite dans la foulée. Le dessin de Yannick Corboz est diablement expressif, évoquant l’expressionnisme et son cinéma à l’exemple du « Cabinet du docteur Caligari » de Robert Wiene. Les contrastes graphiques en ombre et lumière sont encore accentués par les coloristes qui utilisent les bleus et les rouges à bon escient.
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