Voici un court roman qui met en scène 3 personnages dans une ville et un pays qui ne sont jamais nommés : Heinrich, un jeune garçon de 17 ans, est différent et on comprend à la description de ses symptômes qu'il est albinos. Il vit dans la peur et se cache, d'abord sur un vieux bateau puis dans un container qu'il a aménagé au cœur d'un immense port. En effet, les albinos sont victimes de superstitions : on dit qu'un morceau de leur chair ou quelques uns de leurs cheveux peuvent favoriser la pêche, guérir les malades ou attirer la chance. C'est pourquoi ils sont traqués, persécutés. Heinrich lui-même vend ses cheveux, et avec l'argent ainsi récolté, il rêve de monter à bord d'un paquebot, de traverser l'océan et de rejoindre ce pays où les gens comme lui passent inaperçus. Joseph, est un vieil orpailleur, il vit pauvrement dans une grande solitude. Enfin, Val, est un ado des beaux quartiers, il a une sœur, Aurore, qui depuis des mois est plongée dans le coma après un accident de kitesurf dont il se sent responsable. Or un jour, le médecin annonce qu'il ne peut plus rien faire et que la dernière chance reste de recourir à un sorcier. Val, prend seul la décision de solliciter son aide, or le marabout va lui réclamer des cheveux d'albinos. C'est ainsi que vont se rencontrer les 3 personnages, Joseph en qualité d'intermédiaire... Bien sûr les choses ne se dérouleront pas comme prévu : la rencontre entre les 2 garçons sera psychiquement violente, Val n'ira pas au bout de sa démarche et sa sœur va mourir... Le roman reste très ouvert quant à l'avenir des 2 autres personnages, il laisse espérer une issue favorable pour eux : Heinrich embarque sur le paquebot, Joseph pourra peut-être renouer avec sa fille.
Un roman à 3 voix intéressant, qui touche à un sujet peu traité en littérature jeunesse (un album illustré paru récemment chez Albin Michel), le parti pris de ne pas nommer la maladie est curieux, peut-être risqué car que je ne suis pas sûre que les ados à qui s'adressent le livre la connaissent. L'auteur dénonce le traitement réservé aux albinos en Afrique mais le côté pédagogique est bien « noyé » dans une intrigue qui tient la route. Joseph m'a particulièrement touchée. La fin du récit est vraiment réussie.
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