Merci pour ta question Jem47. Je viens pour ma part d'interrompre la lecture du roman d'Arundhati Roy : "
Le Dieu des Petits Riens". Il y a quelques mois j'ai aussi arrêté (à peu près au milieu du livre) la lecture d'un livre qui est très souvent encensé (sur l'Agora ou ailleurs) : "
Le Maître et Marguerite" de Boulgakov.
C'est notamment la lecture du livre de Daniel Pennac "
Comme un roman" avec ses "droits du lecteur" (celui de sauter des paragraphes, de lire la dernière page d'abord, ...et de ne pas terminer un livre) qui m'a autrefois décomplexé à ce sujet. La récente lecture du livre de Pierre Bayard "
Comment parler des livres qu'on n'a pas lus" fut aussi un mode d'emploi festif et créatif de la littérature, lui ôtant le côté réverrencieux avec lequel on en parle trop souvent.
J'essaie de sentir si un livre me "tombe des mains", s'il devient trop lourd à porter,
s'il me prend plus qu'il ne me donne. C'est très rare que cela advienne pour moi dans les premières pages (ce n'est pas exclu toutefois) car pour moi les premières pages sont le corridor d'un livre et j'accepte qu'il soit un peu long, étrange, déconcertant, dérangeant même, s'il finit par m'amener dans une pièce ou une maison où je vais me sentir bien. Toutefois, si, après une centaine de pages, je n'ai pas trouvé cette pièce ou cette maison, alors là, je peux laisser tomber le livre.
Cela ne se fait pas sans quelques hésitations toutefois, surtout si c'est un livre qu'ont beaucoup aimé des personnes avec qui je me sens en affinité de lecture.
Toutefois, je pense que nous sommes tous uniques et que même si nous partageons plein de coups de coeur avec quelqu'un, ce n'est pas vraiment surprenant que pour un livre donné, nos avis divergeront et peut-être même radicalement !
De même, je suis assez réticent à la notion de "Chef d'oeuvre de la littérature". Pour ma part, j'ai beaucoup aimé le
Dr Jivago. Mais qu'il te soit tombé des mains, Jem, ne me choque pas (t'aurais quand même pu aller jusqu'à la page 50 !
) . Pour ma part, j'ai lu 2 fois avec ardeur
L'Idiot de Dostoïevski mais je n'ai pas pu venir à bout des
Frères Karamazov.
C'est pour moi une des raisons d'être de ce site. Si l'Agora n'était qu'un top 50 des meilleures ventes, ou la Bibliothèque idéale du magazine Lire, cela n'aurait guère d'intérêt. Ici, il s'agit non seulement des livres mais des rencontres entre les lecteurs et les livres, rencontres parfois réussies, parfois totalement ratées, et par delà les livres, il s'agit d'établir des ponts entre les imaginaires des lecteurs. Enfin, de temps en temps