C'est un sujet qui m'intéresse. Je voudrais connaître de votre part ce qui motive un arrêt de lecture d'un livre. Cela m'arrive vraiment rarement. Le seul dont je me souvienne est le Dr Jivago de Pasternak, où je n'ai pas pu aller au-delà de la 4ème page. En fait j'ai été rebuté par le ton triste de la prose ainsi que par l'accumulation de ces noms russes à rallonge et si je m'en souviens bien de ce "généalogisme" outrancier. J'ai un peu honte de critiquer ainsi un auteur de tel renom, mais c'est effectivement ce que j'ai ressenti. Sinon, et tel que je l'exprimais dans ma présentation, je ne lis pas systématiquement tous ces "tubes" largement évoqués à leur sortie dans la presse. Ça n'empêche pas les découvertes, mais je prends toujours le temps de découvrir un peu plus le profil de l'auteur avant de lire son premier livre. Et ainsi depuis au moins vingt ans et à part quelques intentions d'abandon sur certains livres de Stephen King dont je suis un lecteur assidu (Insomnie par exemple) je suis toujours allé jusqu'au bout. A vous de me parler de ça...

Merci pour ta question Jem47. Je viens pour ma part d'interrompre la lecture du roman d'Arundhati Roy : "Le Dieu des Petits Riens". Il y a quelques mois j'ai aussi arrêté (à peu près au milieu du livre) la lecture d'un livre qui est très souvent encensé (sur l'Agora ou ailleurs) : "Le Maître et Marguerite" de Boulgakov.

C'est notamment la lecture du livre de Daniel Pennac "Comme un roman" avec ses "droits du lecteur" (celui de sauter des paragraphes, de lire la dernière page d'abord, ...et de ne pas terminer un livre) qui m'a autrefois décomplexé à ce sujet. La récente lecture du livre de Pierre Bayard "Comment parler des livres qu'on n'a pas lus" fut aussi un mode d'emploi festif et créatif de la littérature, lui ôtant le côté réverrencieux avec lequel on en parle trop souvent.

J'essaie de sentir si un livre me "tombe des mains", s'il devient trop lourd à porter, s'il me prend plus qu'il ne me donne. C'est très rare que cela advienne pour moi dans les premières pages (ce n'est pas exclu toutefois) car pour moi les premières pages sont le corridor d'un livre et j'accepte qu'il soit un peu long, étrange, déconcertant, dérangeant même, s'il finit par m'amener dans une pièce ou une maison où je vais me sentir bien. Toutefois, si, après une centaine de pages, je n'ai pas trouvé cette pièce ou cette maison, alors là, je peux laisser tomber le livre.

Cela ne se fait pas sans quelques hésitations toutefois, surtout si c'est un livre qu'ont beaucoup aimé des personnes avec qui je me sens en affinité de lecture.

Toutefois, je pense que nous sommes tous uniques et que même si nous partageons plein de coups de coeur avec quelqu'un, ce n'est pas vraiment surprenant que pour un livre donné, nos avis divergeront et peut-être même radicalement !

De même, je suis assez réticent à la notion de "Chef d'oeuvre de la littérature". Pour ma part, j'ai beaucoup aimé le Dr Jivago. Mais qu'il te soit tombé des mains, Jem, ne me choque pas (t'aurais quand même pu aller jusqu'à la page 50 ! ) . Pour ma part, j'ai lu 2 fois avec ardeur L'Idiot de Dostoïevski mais je n'ai pas pu venir à bout des Frères Karamazov.

C'est pour moi une des raisons d'être de ce site. Si l'Agora n'était qu'un top 50 des meilleures ventes, ou la Bibliothèque idéale du magazine Lire, cela n'aurait guère d'intérêt. Ici, il s'agit non seulement des livres mais des rencontres entre les lecteurs et les livres, rencontres parfois réussies, parfois totalement ratées, et par delà les livres, il s'agit d'établir des ponts entre les imaginaires des lecteurs. Enfin, de temps en temps

C'est une question très intéressante et je suis d'accord avec beaucoup de choses dites par Andras ci-dessus...

Il y a quelques années, je n'aurais jamais abandonné la lecture d'un livre, si ennuyeux soit-il. Mais Pennac m'a aussi déculpabilisée! Et puis j'ai découvert le bookcrossing et mes lectures sont devenues plus nombreuses et plus hétéroclites. Du coup, si je n'accroche pas au livre, à ses personnages, si lire devient un poids et une contrainte, si je n'ai pas de plaisir à cette lecture, je laisse tomber sans complexes! Je sais que j'ai beaucoup d'autres titres qui m'attendent sur les rayons de ma bibliothèque personnelle et donc, je zappe! (c'est assez terrible, ce que je dis : j'ai horreur de la pratique du zapping, en général...! )

Récemment, je me suis forcée à la lecture du dernier John Irving et si je l'ai terminé, c'est avec un goût amer dans la bouche... J'aurais mieux fait de m'abstenir !

Les lectures que j'abandonne ne sont d'ailleurs pas forcément laissées définitivement de côté : je reprends certains livres plus tard et ce moment me convient mieux... La lecture, c'est aussi lié à un état d'esprit et certains livres "tombent mal"...

J'abandonne rarement un livre en plein milieu, mais ça m'est déjà arrivé quelques fois...

Par exemple, Cien años de soledad, que j'ai laissé tomber au bout d'une trentaine de pages.
Ou Vernon God Little (en vo.... argh.)
ou bien Foxfire (en vo aussi)
Et le premier épisode de Fortune de France (du coup je n'en ai lu aucun!)

En général, je laisse tomber un livre soit quand il ne me "parle" pas du tout, qu'il ne m'intéresse absolument pas (mais en général avec le résumé, les premières et dernières pages, je sais si le livre va me "parler" ou pas...); soit quand le style de l'auteur m'insupporte.

Je fais de bien plus gros efforts quand le livre en question m'a été conseillé par un proche, ou bien quand il s'agit d'un ring ou d'un ray. Mais je dois reconnaitre que je lis ces lectures "auto-imposées" en pestant, en soufflant bruyamment, et en maudissant l'auteur! (ça c'est quand je n'aime pas le style....)

Il m'est arrivé d'abandonner le cours d'une lecture je l'avoue !!
Mais cela s'est produit plus d'une fois et dans une période où je me disais que je n'arrivais plus à lire sans savoir le pourquoi du comment (nous avons tous il me semble ce genre de période) donc je prenais un livre le commençait mais il m'agaçait très vite et donc je l'abandonnais de fort mauvaise humeur en plus.... et cela avec plusieurs livres à la suite (je ne pourrais pas vous les citer) cela devenait vraiment pénible voir inquiétant et puis un beau jour l'envie et le plaisir de lire sont revenus avec "La passion Lippi" de Sophie Chauveau.
Cela m'est arrivé en début d'année.....et c'était bien la première fois que je m'étais retrouvée dans cette situation, je me disais aussi que j'étais peut-être devenue plus exigeante dans mon genre de lecture, plus difficile....c'était vraiment bizarre.

Sinon il m'arrive de temps à autre de lire "un peu vite" certains passages ou carrément de les "sauter"......mais ça c'est une autre histoire

Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit ci-dessus, sauf que je n'ai pas attendu Pennac pour ne pas culpabiliser : nous n'avons rien à prouver quand nous lisons pour notre plaisir et non pas pour des études.

Andras a écrit :

Mes critères sont :
* le livre (son thème, son style, son traitement) tombe mal : je le remets donc à plus tard.
* il a des défauts littéraires qui ne sont pas assez compensés par d'autres qualités (cas de Séléné, de Barbara Wood, mon "abandonné" le plus récent).
* il m'est vraiment trop difficile à comprendre
* il me choque gratuitement, sans me construire ni m'enrichir - il est bon d'être choqué dans ces cas-là (gore, violence pour la violence...)
* je m'ennuie et me surprends à penser à autre chose en le lisant, je compte trop souvent les pages lues et les pages à lire...

En général j'essaie de bien me renseigner avant de choisir un livre mais lorsque je m'aperçois en cours de lecture qu'il ne me plait pas, je le finis quand même. Je ne me rappelle pas avoir arrêté en cours en tous cas.

Je crois que c'est surtout mon naturel optimiste qui me fait dire " Allez peut être que ça va devenir captivant d'un coup ". Je pense aussi que c'est pour pouvoir dire ma déception en toute liberté ensuite et comprendre complètement pourquoi ce livre ne m'a pas botté.

Dans l'extrême si je m'ennuie à mourir ou ne comprends rien,peut-être serais-je capable d'abandonner en cours un auteur que je ne connais pas du tout. Mais s'il s'agit d'un auteur dont j'ai aimé un ou plusieurs autres romans, j'irai malgré tout au bout ne serait-ce que par respect pour lui ( vous me direz peut être qu'il s'en fout de mon respect du moment que j'ai acheté le livre mais c'est mon fonctionnement , on ne se refait pas^^)