C'est un très curieux roman que cet Océan Mer. Il est déroutant dans sa structure comme dans les personnages qu'il met en scène et comme dans les récits qu'il esquisse. S'agit-il d'ailleurs vraiment d'un roman ou plutôt d'un esquisse de roman ? On sent des influences multiples notamment celles de Calvino (une des scènes du livre est pratiquement la copie, sous un autre angle, d'une scène du livre de Calvino, Palomar) ou de Cervantès dans le côté picaresque de certaines scènes, notamment dans la troisième partie, avec les 2 jumelles. La seconde partie du livre nous gratifie, dans un style cette fois très classique, du récit détaillé du naufrage de la Méduse et de l'histoire de ses survivants, histoire qui, on le sait, a fournit le thème du céèbre tableau peint par Géricault.

J'avoue ne pas avoir été très emballé mais plutôt intrigué et tout de même un peu déçu après la lecture du très beau Novecento Pianiste.

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Je trouve que ce qui est le plus intéressant chez Baricco, c'est sa recherche de métamorphose continue de style, d'une oeuvre à l'autre: cfr. les extrêmes que sont sans doute Soie, Novecento et City. Ce n'est pas pour rien qu'il dirige une école d'écriture à Milan. Je vais être insupportablement snob en disant qu'en dépit du succès démesuré dont il jouit en Italie et dans le reste de l'Europe, quelque part il le mérite bien quand même...

Merci, apo, pour cette information concernant Baricco. Elle confirme mon impression : je trouve qu'on ressent trop "l'atelier d'écriture" dans ce livre, la recherche de style, les références littéraires (et j'imagine que plusieurs de ces références ont dû m'échapper). Je reconnais que cette recherche littéraire n'est pas dénuée d'intérêt et que certains passages m'ont bufflé (le récit du radeau de la Méduse notamment et aussi, comme Max, certains passages de la fin du livre). Pourtant, il y manque ce qui pour moi fait un grand roman : l'authenticité (chose que j'aurais du mal à définir d'ailleurs ).

Avez-vous lu Châteaux de la colère? Style et "esprit" du mythe du progrès XIXème-début XXème; rapports de couple à l'ombre de l'objet fétiche du monsieur: la locomotive (bien entendu!).
Sans doute pas très "authentique" non plus, mais à mon sens le meilleur aboutissement de sa démarche de recherche; en tout cas mon roman préféré de lui.

Non, je n'ai pas lu les Chateaux de la colère. Outre Océan Mer, je n'ai lu que Soie et Novecento Pianiste, ce dernier m'ayant particulièrement plu. Soie m'avait bien plu, mais j'avais déjà ressenti un peu de ... manièrisme. Je pense que ce terme s'applique aussi pour moi à Océan Mer.

J'imagine que tu as lu aussi Italo Calvino. Ses livres sont aussi très construits et on peut qualifier son écriture d'intellectuelle. Mais il y a une fraicheur, une légèreté dans l'écriture de Calvino qui fait que l'on ne ressent pas ses constructions intellectuelles comme de la "pose" mais comme une recherche (parfois très formelle, parfois plus spontanée) pour exprimer au mieux ses préoccupations philosophiques. Et je trouve qu'il y parvient plutôt très bien !

En ce qui concerne "Ocean Mer", je vois bien les recherches formelles, mais j'ai l'impression (très subjective, bien sûr) que l'auteur n'a pas grand chose à nous dire, à la grande différence de son compatriote Calvino.

Juste un avis !

Calvino, évidemment... Mais comparer Baricco à Calvino, c'est comme comparer du caviar de la Caspienne à des sardines en boîte Je pense que même l'ego de Baricco parviendrait à en convenir... Pourtant, pour un pique-nique, je préfère celles-ci...
C'est lequel des Calvino votre favori?

Difficile à dire ! (au fait, tu peux me dire "tu" !)
Lors d'une enquête réalisée un jour sur le forum du bookcrossing pour connaitre de top 20 des meilleurs livres de chacun, j'avais mis un Calvino parmi les 20 et j'avais choisi Palomar. Ce n'est pas le plus connus des livres de Calvino, mais j'ai un faible pour celui-là, ainsi que pour La Baron perché et le Chevalier Inexistant (le troisième de la trilogie est un peu moins bon à mon avis).

Ca commence comme cela :

Palomar sur la plage

Lecture d'une vague

La mer est à peine ridée ; quelques petites vagues battent le sable su rivage. Monsieur Palomar se tient debout et regarde une vague ...
(...)
Enfin, ce ne sont pas "les vagues" qu'il a l'intention de regarder, mais une seule vague, c'est tout : il veut éviter les sensations indéterminées et se propose pour chacun de ses actes un objet limité et précis.

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Et au chapitre 5 d'Océan Mer de Baricco :

Seul, au milieu de la plage, Bartleboom regardait. Pieds nus, le pantalon roulé pour ne pas le mouiller, un grand cahier sous le bras et un chapeau de laine sur la tête. (...) Il examinait l'endroit exact où la vague, brisée dix mètres plus tôt, s'étirait (...)

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Il est certain que Calvino a beaucoup influencé Baricco et cela se ressent dans d'autres passages du livre. Mais la comparaison s'arrête là, tu as raison !