[La honte et l’oubli. 1, Le désastre | Gregorio Muro Harriet ; Alex Macho]

Rebattre les cartes à Manille.
Auteurs basques sensibles à l’engagement politique et aux interactions sociales, le scénariste Gregorio Muro Harriet et le dessinateur Alex Macho réalisent un diptyque romancé sur fonds historique avec la mise en lumière de la guerre hispano-américaine de 1898. Le « désastre de 98 » relate les batailles aux Philippines, possessions espagnoles convoitées par les Américains expansionnistes, ainsi que celles de Cuba et de Porto Rico.
Félix ne ménage pas sa peine dans la mine de Biscaye, province du Pays Basque espagnol. Alors que son frère José fait son service militaire aux Philippines depuis un an, leur père Avelino, mineur aussi, est victime d’un grave accident. Afin de permettre à sa famille de subsister, Félix accepte d’effectuer son service aux Philippines à la place d’une tierce personne contre l’assurance que sa famille sera dédommagée financièrement. Simple soldat, Félix va découvrir la réalité d’un pays violenté sous un climat tropical humide. Entre les appétits affichés ou masqués des grandes puissances, les Philippines apparaissent comme une pièce maîtresse dans la géopolitique qui se met en place. Dans un conflit qui les dépassent, Félix à Manille, José à Baler, au nord de l’archipel, pétris de valeurs humanistes, luttent pour survivre mais les ennemis sont autant parmi les autochtones indépendantistes qu’au sein de la soldatesque, les Américains n’apparaissant que dans les lointains, sur la mer, indécis, cachés derrière les canons de leurs cuirassés.
Conçue en deux tomes, la saga philippine est une bonne dessinée remarquable du fait d’une narration dense, jouant sur plusieurs lieux et mettant en scène une multitude de personnages et par une mise en image riche et soignée. Le trait ferme et vigoureux, précis et sensuel d’Alex Macho est superbement mis en couleur par Garluk Aguirre.

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