[Protagoras - Euthydeme - Gorgias - Ménexène - Ménon - Cratyle | Platon]
Protagoras : 21/8/2006
Je me rends compte que j'en avais lu beaucoup d'extraits... C'est assez fascinant, même si ça ne se lit pas comme un roman. On assiste à un subtil passage à tabac intellectuel de Protagoras par le rusé Socrate, plus ironique que jamais. Au moment même où on le croit aussi dupe que son public (occasion de se croire naïvement au-dessus de ce beau monde) -crac !- ce cher et abominable Socrate souligne la défaillance du raisonnement du sophiste, sur ce qu'est la vertu, notamment... ce qui est d'autant plus déplorable que Protagoras se piquait d'enseigner les sciences politiques/la vertu ! Mais entre les pattes de Socrate, qui ne chipote pas sur les moyens (y compris d'emprunter aux sophistes leur méthode), il n'avait aucune chance !
Euthydème : 28/9/2006
Remarquable florilège de sottises qu'on peut proférer au cours d'une éristique où l'on joue sur le lexique et la grammaire, sans s'embarrasser de la rigueur du raisonnement. Euthydème et Dionysodore ne conceptualisent pas et ne se plaisent qu'à piéger leur auditoire dans des non-sens (leur faire dire que vouloir la sagesse pour leur ami, c'est vouloir sa mort, qu'ils sont les frères de leur chien, etc.) et évitent soigneusement les sujets qui leur sont proposés pour aller vers ceux auxquels ils ont attaché des ficelles. Socrate leur passe la brosse ironiquement, mais pour ma part, j'ai préféré le fougueux Ctésippe qui, après avoir compris "le truc", leur rend la monnaie de leur pièce, se moque d'eux et feint d'être confondu par leur sagesse.
Gorgias : 20/10/2006
Texte beaucoup plus long. En fait, Gorgias, orateur, vantant la rhétorique déclare forfait assez vite, et il est relayé par ses groupies, Polos et Calliclès. Le premier des deux est arrogant, agressif, mais mord la poussière rapidement, le second est tellement mortifié de se rendre compte qu'il est réfuté qu'il affecte de ne répondre que ce que Socrate veut, pour finir la discussion plus vite. Socrate finit donc par faire les questions et les réponses, faire de longues dissertations, ce qu'il déteste. La fin du dialogue est assez émouvante car elle évoque le procès auquel il ne manquera pas d'être traîné et condamné à mort ; Socrate dit qu'il vaut mieux être accusé injustement, ne pas savoir se défendre, que de commettre l'injustice.
Ménexène : 25/11/2006
Socrate démontre à Ménexène qu'on peut improviser un discours brillant. Ledit discours est destiné à flatter et contient donc des erreurs volontaires sur l'histoire athénienne. Très ennuyeux à lire, j'avoue.
Ménon : 05/12/2006
Encore une réflexion sur ce qu'est la vertu, et si elle peut s'enseigner, avec, en ligne de mire les sophistes, dont Gorgias, absent. Heureusement qu'il y a un peu de nouveau, dont la "démonstration" (peu probante à mes yeux) qu'on n'apprend pas, qu'on se rappelle la science. Mais c'est assez amusant de réviser un peu de géométrie aux côtés de l'esclave de Ménon.
Cratyle : 07/12/2006
De la linguistique diachronique et synchronique des langues anciennes, de l'étymologie : tout était réuni pour que j'adore. Et en fait, c'est vraiment du gros n'importe quoi. J'espérais de tout coeur, avec d'autres, qu'il pouvait s'agir d'un dialogue apocryphe, mais non, c'est bien Platon qui a proféré ces sottises (même si c'est intéressant de lire comment les Grecs pouvaient percevoir leur propre langue). Heureusement, la deuxième partie nous fait prendre conscience que Socrate feignait une fois de plus d'admirer la science de Cratyle pour mieux la remettre en question. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller lire l'apparat-critique : sur 120 termes étudiés, il n'y en a qu'une quinzaine correctement analysés... Je me disais, aussi...
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