Parcours infernal
Dans l’antre et les griffes du diable, les rangers faussent compagnie aux nervis malais mais la forteresse du Tigre Noir est lardée de pièges mortels. Tex & Kit suivent un parcours à haut risque pour finir par retomber sur les deux colosses encadrant le prince déchu.
Le lecteur assiste à une superbe conclusion d’une histoire courant sur plus de trois cents pages. L’humour est bien présent dans la chute du tyran sanguinaire. Kit Carson hurle et le lecteur s’esclaffe. Le Tigre Noir a plus d’une griffe dans sa manche et les deux rangers devront se satisfaire d’une demi-victoire. Claudio Villa tient le rythme sans jamais se départir d’une qualité graphique remarquable. Les dernières quarante pages débutent une nouvelle histoire, « Orgueil navajo » scénarisée par Nizzi et dessinée par Giovanni Ticci.

La forteresse malaise
Jean Morel et Johnny Rickers considérés comme traîtres par le Tigre Noir sont menacés de mort. Les rangers finissent par remonter la piste jusqu’à la mine abandonnée de Preston mais le comité d’accueil est à la hauteur des cauchemars de Kit Carson. Tex Willer va s’avérer dépassé par les Malais dévoués à leur prince mégalomane et assoiffé de vengeance. Face aux deux atlantes encadrant leur maître, les rangers voltigent sous les coups assénés avec violence et précision. Pourtant, avant leur mise à mort, le prince déchu de Bornéo, Sumankan, alias le Tigre Noir veut leur conter son histoire autour d’une bonne table. Autant mourir le ventre plein !
Claudio Nizzi sait développer son histoire où les personnages masqués et paranoïaques finissent par montrer leur identité et leurs faces convulsives. Claudio Villa met en image avec une rare maestria les cogitations des uns et les coups fourrés des autres. Son trait est précis, sans faille ni hésitation. Les cadrages sont variés et dynamiques à l’exemple de la chevauchée nocturne des rangers où les chevaux et leurs cavaliers sont vus de profil, de face, de dos, en plan panoramique, en gros plan, etc. en l’espace de quatre planches. Outre l’action et la tenue de l’intrigue, le plaisir de lecture tient à la multiplicité des détails, au temps pris pour montrer une galopade ou un repas dégusté dans une auberge, rendant ainsi le lecteur complice. Claudio Villa demeure un dessinateur exceptionnel.

Le tigre noir
Mac Parland de l’agence Pinkerton, les rangers Tex Willer et Kit Carson sont attablés au restaurant, cherchant à élucider l’assassinat du maire de Leadville lors de la représentation d’Hamlet mais un témoin qui permettrait de remonter à la source est éliminé avant même d’être interrogé. Le Tigre Noir dans son camp retranché semble intouchable et règne par la terreur sur les notables qu’il rançonne. Prompts à faire du zèle pour complaire à leur maître mafieux et pour sauver leurs peaux, les riches entrepreneurs assujettis tendent un traquenard aux rangers jugés dangereux.
Les héros sont malmenés par un Fantômas mâtiné de Fu Manchu, un Tigre Noir à l’œil globuleux. Encadré de redoutables nervis ninjas maîtres en arts martiaux, le félin fêlé peut mettre la pâtée à n’importe qui par sumo interposé en soupirant seulement ses désirs. Les rangers semblent toujours à la traîne et à la ramasse même s’ils usent des points et des colts en virtuose. Ils n’abattent que des cartes faisant écran au roi bouffonnant dans l’ombre. Claudio Villa est un dessinateur qui laisse pantois tout lecteur se penchant sur son œuvre impeccable, classique et indémodable.

Une griffe dans la nuit
Appelés à Leadville, dans le Colorado, par le détective privé Mac Parland, de l’agence Pinkerton, les rangers Tex Willer et Kit Carson débarquent dans une ville désertée. Tous les habitants sont au théâtre et assistent à une représentation d’Hamlet. La loge du maire est étroitement surveillée par le shérif et ses adjoints car des menaces de mort ont été proférées à son encontre par un mystérieux bandit nommé le Tigre Noir.
Si le 74 premières pages du Tex mensuel proposent la fin d’une aventure dessinée par Fernando Fusco et débutée dans les numéros précédents, la quarantaine de pages suivantes entame une nouvelle aventure scénarisée de même par Claudio Nizzi mais mise en image par le talentueux Claudio Villa. Il est peut-être cruel de mettre en regard d’une page de Villa celle de Fusco tant la différence de qualité est éclatante. On ne peut pas dire que Fusco soit un mauvais dessinateur mais son graphisme n’entraîne pas l’adhésion. Avec de tels dessinateurs, Tex Willer ne serait qu’un fumetti lambda. Heureusement, la venue d’orfèvre comme Claudio Villa redore la série, la rehausse pour la poser au pinacle. Chaque image est superbe. Les cadrages, les expressions des visages, les attitudes corporelles, les jeux d’ombre et de lumière sont sans cesse enthousiasmants.