2 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : nihilisme, philosophie
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[Philosophie sentimentale | Frédéric Schiffter] |
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Auteur |
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1954 Localisation: Ile-de-France
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Posté: Lun 05 Aoû 2013 16:52
Sujet du message: [Philosophie sentimentale | Frédéric Schiffter]
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Commentaires : 2 >> |
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[Grand merci à l'ami Franz, dont on a la certitude que ses préférences sont une garantie, a minima, de textes merveilleusement bien écrits.]
A l'origine il y a une prise de position contre la philosophie (universitaire) et ses auteurs qui prétendent s'/lui arroger la mission de perfectionner l'âme, de discipliner l'esprit, de conduire à la sagesse ; s'y joint la méthode d'extraire une citation d'un auteur (philosophe ou non) que le nôtre chérit, afin d'en faire le pré-texte à des divagations de diverse nature, dont certaines sont foncièrement autobiographiques et d'autres plus classiquement exégétiques.
1. Nietzsche : "Celui qui ne dispose pas de deux tiers de sa journée pour soi est un esclave" -> critique de la société du travail-loisir contemporaine. Cette problématique a été très proche de moi, et le chapitre m'a procuré une jouissance particulière.
2. Pessoa : "Vivre une vie cultivée et sans passion, suffisamment lente pour être toujours au bord de l'ennui, suffisamment méditée pour n'y tomber jamais" -> très autobiographique, sur la manière dont la philosophie a affecté l'histoire de vie de l'auteur. J'ai retenu la cit. en exergue, attiré par l'idée d'une "vie méditée", mais là ma gratitude va surtout à l'écrivain portugais.
3. Proust : "Les idées sont des succédanés des chagrins" -> sur les rapports entre la biographie d'un auteur et son écriture, dans une perspective qui rapproche Proust de Schopenhauer.
4. Schopenhauer : "L'histoire d'une vie est toujours l'histoire d'une souffrance" -> (suite) approfondissement sur le philosophe allemand.
5. L'Ecclésiaste : "Ne sois pas trop juste, ne pratique pas trop la sagesse : pourquoi te rendre ridicule ?" -> mis en opposition avec L'Ethique de Spinoza afin de dégager de celui-là une approche précoce d'un certain nihilisme.
6. Montaigne : "Le but de notre carrière, c'est la mort." -> une lecture assez poussée cet auteur, dans sa filiation vis-à-vis de certains poètes et philosophes antiques, et par rapport à l'écriture du soi.
7. Chamfort : "La meilleure philosophie, relativement au monde, est d'allier, à son égard, le sarcasme de la gaité avec l'indulgence du mépris." -> sur les personnages de Philinte et d'Alceste dans le Misanthrope de Molière, ou comment Schiffter se voit (ou se représente) en société...
8. Freud : "Homo homini lupus : qui aurait l'audace, devant les enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ?" -> sur le concept de pulsion de mort que Freud développe dans son oeuvre de la maturité Malaise dans la culture, et insistant sur la réception très problématique de ce concept y compris chez des penseurs français récents (Lacan, Ricoeur, Levinas...)
9. Rosset : "L'état 'bordélique' est l'état fondamental de toute chose" -> autre pierre apportée à l'édifice nihiliste, contre la prétendue organisation du kosmos, et ses implications politiques.
10. Ortega y Gasset : "L'amour est la tentative d'échanger deux solitudes" -> sur l'amour : opposition entre la conception stendhalienne et celle du philosophe madrilène. Ce dernier chapitre est particulièrement réussi - je partage l'avis de Franz.
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[Philosophie sentimentale | Frédéric Schiffter] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Mer 22 Sep 2010 11:52
Sujet du message: [Philosophie sentimentale | Frédéric Schiffter]
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Commentaires : 8 >> |
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Dès la préface bien ourdie, la patte du philosophe moraliste Frédéric Schiffter agrippe tant par l’idée, ramassée, que par la forme, brève et percutante. Démystificateur, l’auteur met d’emblée les choses au net. Il n’existe pas de recette du bonheur et nul n’est en mesure de l’enseigner. Notre psychisme ne saurait être modifié par le biais de la raison, de l’éducation ou de la méditation : « Tels qu’en nous-mêmes la vie nous fige et l’âge nous ossifie. » Partant de cette mise à plat des ego, le lecteur peut verser toute son attention inquiète dans les aphorismes amoureusement couvés par l’auteur, de Nietzsche à José Ortega y Gasset en passant par l’Ecclésiaste, Pessoa, Schopenhauer, Proust, etc. Frédéric Schiffter commente et digresse sur la mélancolie, la mort, l’amour, etc. Les sept pages consacrées à Nietzsche décapent l’homme moderne, esclave de son travail et de ses loisirs. « Mieux vaut être oisif que de s’agiter à ne rien faire ! » A l’inverse, l’homme du loisir préfère le silence favorable à la rêverie. Chacun de nous en prend pour son grade mais il s’agit d’une leçon de survie. Si certaines digressions sont trop didactiques, voir Proust, d’autres commentaires portent une charge de vécu qui les rendent particulièrement émouvants tels ceux consacrés à Fernando Pessoa ou à Michel de Montaigne : « Montaigne meurt dans son manoir à cinquante-neuf ans, le 13 septembre 1592. Il était temps. Depuis des années, la santé désertait ses reins et la joie, son cœur. » Frédéric Schiffter possède l’art de la phrase impeccable, savamment construite, lisible et limpide, immédiatement compréhensible et chargée de sens. C’est un régal de chaque instant, un divertissement goûteux pris au palais croulant de nos vies qui se défont continûment. Le dernier commentaire concernant José Ortega y Gasset est éblouissant. A l’auteur cité en exergue : « L’amour est la tentative d’échanger deux solitudes », Frédéric Schiffter conclue son livre par une phrase travaillée comme celle d’un moraliste du XVIIIe siècle, à l’instar du grand Chamfort (1741-1794) : « L’amour est la forme la plus exquise de l’inconfort de vivre. »
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