Un philosophe peut m'instruire ou m'éclairer, mais son oeuvre n'exerce sur moi aucun charme si en filigrane de ses concepts, de ses thèses, de ses arguments. je ne perçois pas le récit d'un chagrin personnel. Sous le masque du cérébral, j'aime deviner l'orphelin, l'amoureux. l'abandonné, le déclassé, le décalé - l'" animal malade ". Les auteurs que je cite dans ces pages, en exergue de chaque chapitre, n'appartiennent pas à une même sensibilité intellectuelle ou littéraire. Si, cependant, leurs pensées m'accompagnent depuis longtemps et me reviennent a l'esprit comme des refrains, sans cloute est-ce parce que j'y entends une semblable tonalité mélancolique. Que j'aie à m'en féliciter ou à m'en blâmer, c'est à Schopenhauer. mais aussi à Nietzsche, Pessoa. Proust, l'Ecclésiaste, Chamfort. Montaigne, Freud. Rosset, Ortega y Gasset. que je dois ma vocation de philosophe sentimental. |