Damien est un adolescent intelligent et émotif, doué pour le dessin.
Mais ce que les autres voient de lui, c'est son aspect malingre, sa timidité.
Ses parents ont coutume, lors des réunions de famille, d'évoquer ses crises de larmes, toujours pour des broutilles, ou de le comparer, à son désavantage, à sa sœur Céline, si talentueuse, si sociable, si gaie...
Au collège, au mieux on l'ignore et on l'exclue, au pire on le tabasse...
Damien a, comme tout jeune de seize ans, des aspirations simples mais légitimes : être accepté par les autres, connaître la camaraderie, la reconnaissance, être aimé, enfin. Mais le rejet dont il fait l'objet l'a rendu mutique, introverti, complexé. Dans le secret de la salle de bains familiale, il s'inflige de profondes mutilations, la souffrance physique étant la seule échappatoire qu'il ait trouvée pour oublier, ne serait-ce que quelques secondes, sa détresse morale.
Et puis, un jour, d'autres jeunes posent sur lui un regard qui va tout changer. Un regard sincère et ouvert. Il est enfin intégré dans un groupe de personnes qui le comprennent et l'apprécient. Il va aussi découvrir l'amour, sous la forme de la relation trouble qu'il noue peu à peu avec Samy, dont il admire la maturité et la tolérance. Cet amour l'effraie et lui donne le vertige, le désempare...
Avec "Le faire ou mourir", Claire-Lise Marguier signe un roman intelligent et sensible. Elle dépeint avec beaucoup de justesse le désespoir et les angoisses de Damien, ses tâtonnements douloureux en quête de lui-même, son incapacité pathologique à exprimer ses émotions.
Son intrigue lui permet de dénoncer les dégâts provoqués par l'intolérance envers les individus, par le reniement de toute différence, d'autant plus dramatiques lorsqu'ils surviennent au moment critique de l'adolescence, période de construction de soi, pendant laquelle l'estime des autres revêt tellement d'importance...
Avec habileté, et sans pathos, elle dote son récit d'une tension presque suffocante, qui le rend à la fois difficile et passionnant. Seule la fin -mais ce sera mon seul seul bémol- m'a laissée quelque peu dubitative...
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