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Mots-clés associés à cette oeuvre : mexique, religion

[Le Serpent à plumes | David-Herbert Lawrence]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Lun 06 Fév 2012 9:11
MessageSujet du message: [Le Serpent à plumes | David-Herbert Lawrence]
Commentaires : 0 >>

Il est des auteurs qui traînent avec eux des réputations infondées, nées d'une méconnaissance de leur œuvre, et/ou d'une incompréhension vis-à-vis de leurs écrits, souvent due à une inadéquation entre l'esprit de leur époque et la clairvoyance, la modernité de leurs analyses.

C'est le cas de David Herbert Lawrence, souvent connu, même de nos jours, pour être l'auteur du célébrissime "Amant de Lady Chatterley", ouvrage qualifié en son temps d'obscène, et qui fut censuré trente ans durant en Angleterre et aux États-Unis.
Il est dommage de réduire l'homme d'une part à cet unique ouvrage et d'autre part à son image d'écrivain luxurieux, au vu de sa bibliographie, remarquable par son homogénéité dans l'excellence.

Certes, dans nombre de ses romans, David Herbert Lawrence évoque la sexualité, mais lorsqu'il le fait, ce n'est ni dans le but de choquer, ni dans celui de s'adresser aux amateurs de littérature érotique...
C'est parce qu'elle est pour lui un possible remède à la déshumanisation que l'industrialisation a entraîné chez les individus, thème qui lui lui tenait fortement à coeur, et c'est surtout parce qu'il porte sur la sexualité un regard sain, dénué de tabou, la considérant comme un attribut naturel de notre condition d'hommes et de femmes. Conception effectivement choquante au regard du puritanisme hypocrite de son époque, mais dont on ne peut aujourd'hui que saluer la sagesse, voire l'évidence.

Revenons-en à cette notion de déshumanisation comme conséquence, d'après David Herbert Lawrence, de la mécanisation croissante de l'industrie, et portant atteinte à l'intégrité de la nature humaine. Lors de ses séjours au Mexique, où il passa plusieurs années, il fut impressionné par l'harmonie existant entre les hommes et la nature, par le caractère à la fois sacré et primitif de leurs traditions ancestrales.
N'y avait-il pas là un modèle à étudier, susceptible de guider les peuples européens vers un retour à des valeurs plus pérennes, plus en accord avec leur nature profonde ?

Dans "Le serpent à plumes", écrit en 1926, son héroïne, Kate Leslie, est elle-même, lors d'un séjour au Mexique, peu à peu séduite par la personnalité mêlant sensualité, puissance et goût du mysticisme de ces hommes pour lesquels elle éprouve tour à tour attirance et répulsion.
Ces sentiments contradictoires s'exerce plus particulièrement à l'encontre de deux individus avec lesquels elle a fait connaissance : le grand et charismatique Don Ramon Carrasco, homme intelligent et cultivé, qui prône un retour aux croyances religieuses ancestrales (par l'intermédiaire du culte du dieu Quetzalcoatl, "serpent à plumes de quetzal") et le général Cipriano, un proche du premier.

Kate quant à elle, est une veuve irlandaise, qui atteindra bientôt quarante ans. Ses deux enfants sont adultes et n'ont plus besoin d'elle. C'est une femme indépendante, au caractère entier, qui assume ses désirs et ses opinions. Elle est venue au Mexique en compagnie d'un cousin et d'un ami américains, mais a choisi de prolonger son séjour lorsqu'ils derniers sont rentrés au pays.
Elle a l'intuition d'aborder une nouvelle étape de son existence. Libre de toute attache familiale, mais dorénavant seule, elle pense avoir déjà vécu la plus belle partie de sa vie, et imagine son avenir comme une page sombre et vide qu'elle ignore comment combler.
Elle ressent de façon plus ou moins consciente un besoin de renouer avec elle-même en profondeur, de s'attacher à un nouveau système de valeurs qui l'atteindrait et la satisferait intimement, lui permettant de laisser définitivement derrière elle le monde frivole et stérile que lui évoque désormais l'Europe.

Saura-t-elle trouver cette plénitude au Mexique, avec lequel ses premiers contacts sont quelque peu abrupts ?

En ce début des années 20, le Mexique est le pays de la révolution. Il y flotte une atmosphère tragique et bouillonnante, la haine et la mort semblent omniprésentes. Dans un premier temps, Kate peine à comprendre ce peuple qui aime les atrocités et la démesure, mais elle ressent aussi une fascination singulière pour l'impression de puissance à la fois brute et sensuelle qu'il dégage.
Elle se laisse peu à peu pénétrer par le mysticisme et la sagesse qui émanent de leurs croyances séculaires, basées en partie sur l'unisson de l'homme avec son environnement naturel. Non pas que ces traditions répondent chez elle à la quête d'une foi à laquelle se raccrocher, mais parce qu'elles semblent être une réponse à son aspiration de trouver la paix avec elle-même, de réaliser une sorte de sereine osmose liant son intellect et son intégrité physique.

Malgré, par moments, quelques longueurs, j'ai trouvé ce roman passionnant, à la fois "atmosphérique" et propice à la réflexion, et son héroïne étonnante de modernité.


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[Le Serpent à plumes | David-Herbert Lawrence]
Auteur    Message
rivax



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 08 Avr 2009
Messages: 781
Localisation: Au pays des grenades

Posté: Lun 13 Juin 2011 17:39
MessageSujet du message: [Le Serpent à plumes | David-Herbert Lawrence]
Commentaires : 0 >>

C'est le Mexique post révolutionnaire de 1925. Une brochette de nationalistes décident de substituer aux symboles chrétiens imposés par la vieille Europe des représentations divines qui parlent aux indiens mexicains : ils ressuscitent le panthéon de Quetzacoatl, le serpent à plumes du titre et se prétendent en être les prophètes.
Une occasion de découvrir une autre facette des indiens d'Amérique, ceux du Centre, qui n'ont pas tous été décimés par les espagnols au XVI°siècle.

C'est à travers les yeux de Kate, une quadra irlandaise émancipée qui cherche à donner un sens à sa vie et qui va devenir l'égérie de ce duo de prophètes qui décident qu'elle sera la déesse de leur panthéon, c'est à dire le substitut à la vierge Marie, qu'on découvre un Mexique qu'il n'est pas facile d'aimer.
C'est une leçon d'humanité que nous propose Lawrence : ne pas chercher à analyser les autres races à travers le filtre de nos propres critères de bonheur, de réussite, de félicité.
Il y a quelques scènes magistrales : une corrida à Mexico, une transe collective sur une plazza, l'autodafé des statues chrétiennes d'une petite église, la description des lieux sauvages, arides et beaux...mais il y a aussi des passages mystiques un peu pesants dans lesquels un genre de gourou de secte harangue la foule, écrit des chants, met en scène l'avènement de son nouveau panthéon...

Bref, même si j'ai passé quelques bons moments, je me suis globalement ennuyé.
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