Un splendide petit roman, délicat, poétique, émouvant. Le protagoniste est un personnage simple, comme beaucoup parmi ceux qui habitaient les pauvres montagnes vénitiennes il y a 100, 150 ans. Mais il avait une dignité, une fermeté morale, une force d'esprit tel qu’il en devient admirable. Il est impossible de ne pas éprouver de la sympathie et du respect pour lui, de ne pas sourire tendrement de son obstination, même de son ingénuité, de ne pas être fasciné par sa capacité de lutter, de s'adapter au destin qui peut le plier, toujours, mais le casser seulement si ça vient de lui, âgé et faible, qui se rend à des évènements trop grands pour pouvoir être affronté dans ces conditions.

Un petit roman par l'auteur d'En attendant l'aube, où l'on retrouve le thème des nouvelles de ce dernier. La guerre, la solitude, un pays retiré magnifique. L'écriture est tantôt narrative, tantôt poétique sans rechercher un lyrisme béat, dans les descriptions du pays, de la nature ou des personnages rencontrés au fil de l'histoire. Encore un texte d'ailleurs qui s'attache aux relations entre les personnes, des relations qui peuvent être humaines, paisibles, fraternelles, quand les peuples se haïssent, ou du moins sont amenés à se combattre de manière absurde.
Tönle c'est un solitaire, anarchisant (sans être militant) pour qui les frontières sont l'apanage des sociétés bourgeoises. C'est un grand voyageur, fréquentant toute l'Europe, pratiquant ses différentes langues, travaillant à tous les offices, mais il est de coeur un habitant du plateau d'Asiago, à la frontière autrichienne.