C'est un livre de journaliste. Je ne mets absolument pas en doute l'honnêteté et la sincérité de Florence Aubenas mais la question qui me vient à l'esprit une fois le livre fini est : " A quoi sert ce genre de bouquin" ?
Car ce que relate Florence dans ce livre (son expérience de six mois en tant que travailleuse précaire à Caen) tout le monde le sait. Dans la France des 4 millions de chomeurs et des 10 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté tout le monde sait que le salarié, qualifié ou non, est la variable d'ajustement des profits des entreprises ; qu'elles soient du CAC 40 ou de la banlieue de Caen . Il reste un livre-témoin d'une expérience courageuse, bien écrit (justement pas en un style journalistique !). On a certes envie de lui crier : "Florence ça n'a servi à rien ton sacrifice de six mois de ta vie à Caen, toi qui revient d'une beaucoup plus longue abscence...." mais je crois qu'on ne se refait pas et Florence Aubenas est de cette trempe là.
Tout le reportage (car c'en est un...) baigne dans une atmosphère mélancholique et désabusée. La ville qu'a choisie Florence pour ses exploits est emblématique de la désindustrialisation de notre pays. A Caen officiaient Valéo,Bauknecht,Moulinex, la SNM (Société métallurgique de Normandie)...tout ça c'est fini. FINI ! reste une multitude de boites d'intérim et de nettoyage; les pourvoyeuses attitrées de l'ANPE. Un bouquin à lire sous prozac ou témesta.

Déçue par ce roman qui semblait prometteur par le sujet et qui ne se révèle pas aussi péchu que je le pensais.

c'est plat et lent.

Le sujet aurait mérité d'être davantage couillu, poussé et révélateur d'une situation qui se gangrène celui du marché du travail précaire.

L'enquête menée dans la galère du chômage est écrite avec simplicité et un certain humour. On sent la vitalité et le courage de ces femmes de ménage, qu'on ne regarde pas mais qui survivent tant bien que mal, dont le rêve est d'accéder à l'emploi et une sécurité matérielle. On voit aussi le désespoir d'une politique de l'emploi aux perspectives les plus sombres, l'impuissance des acteurs de Pôle emploi. C'est un témoignage intéressant.

Florence Aubenas, journaliste a décidé de changer de vie pour une période de six mois. Elle est partie dans une ville française, de taille moyenne à Caen. Elle a gardé son nom, changé de couleur de cheveux, porté des lunettes. Elle est devenue "demandeur d'emploi", avec pour tout bagage un baccalauréat littéraire, sans aucune qualification.
Elle s'est inscrite au Pôle Emploi de Caen, a loué une chambre dans un quartier populaire de la ville. Première déconvenue , il n'y a rien pour elle. Elle va prendre des "petits boulots", comme de travailler sur le ferry, faire le ménage vite et bien Elle découvre le milieu de la pauvreté, un couple qui «travaille» et survit avec 8 € à deux pour la semaine… Les suicides qui ne laissent pas de traces. Florence Aubenas nous décrit le travail dévalorisant de ces hommes et femmes qui font tout pour s'en sortir, malgré leur travail pénible.
Elle nous trace des beaux portraits de femmes et d'hommes, un monde de précarité, de souffrance morale et physique.

"Parmi les règles qu 'elle s’était fixées, il y avait celle d’arrêter cette expérience dès qu’on lui proposerait un contrat de travail définitif. Elle ne voulait pas bloquer un emploi réel." Ce temps fut de six mois.

Mais ce témoignage changera -t-il le cours des choses ?

Au début de ma lecture, je m'attendais à ce que ce soit la journaliste qui raconte et surtout qui commente ce qu'elle était en train de vivre, puisqu'elle avait choisi délibérément de faire cette expérience. Or Florence Aubenas ne le fait pas. Elle se contente de raconter, de témoigner et de faire parler les personnes qu'elle rencontre. Des commentaires auraient été forcement des jugements : C'est là toute la pudeur dont fait preuve l'auteur de ne pas donner son sentiment.
Peut être le fera t elle à l'occasion des "retombées" de la sortie de ce livre et je suivrai ces discussions. Ce récit est sobre, les personnages attachants et vrais !