L'histoire que raconte ce livre m'a d'emblée séduit et je le suis resté jusqu'à la dernière page : un homme qui a été autre fois un grand pianiste de jazz et a dû arrêter du jour au lendemain car le style de vie qu'il menait (et notamment l'excès d'alcool) l'avait mené au bord du gouffre, cet homme qui est devenu ingénieur, se retrouve en déplacement professionnel dans une petite ville au bord la mer, et un collègue l'invite alors à passer un moment dans le club de jazz de la ville, en attendant l'heure du train qui va le ramener vers Paris où l'attend sa femme. La trame est simple, d'une simplicité quasi biblique, et tout est dans le style de Christian Gailly, un auteur que je suis heureux d'avoir découvert avec ce roman.

Magnifique livre, à lire absolument!

Un ingénieur est appelé en province pour un dépannage. Son travail n'est pas terminé à l'heure prévue, il doit prendre le dernier train. En attendant, son client l'invite à terminer la soirée dans un club de jazz. Et là, c'est la rechute : Simon est happé par ses anciens démons, la musique, l'alcool, la vie nocturne. Il rencontre Debbie, une femme passionnée de musique, comme lui, une femme qu'il va aimer tout de suite, sans réserve.
Voilà un petit roman plutôt bien ficelé, sans prétention, écrit avec un double parti pris : un style musical, bref, déconstruit, que pour ma part je n'aime pas trop, et la volonté de rester à la surface des choses : la réalité est effleurée, Gailly s'est interdit tout lyrisme.

Un pianiste de jazz renommé, l'un de ceux qui a un style et qui laisse des traces... il a tout quitté de ce monde-là dix ans auparavant. La musique, l'alcool, les femmes... tout le tirait au fond et l'emmenait à la mort. Sa femme est allé le chercher, il a changé de vie, s'est désintoxiqué .... Dix ans de sobriété, d'une vie conforme. Mari et père, métier "normal".

Un soir dans un club, un jeune pianiste qui joue avec les traces de son style à lui... Poser les mains au-dessus du piano pendant l'entracte...
Juste effleurer...
Retomber...

Un roman fulgurant, la fulgurance d'une passion retrouvée... superbe !!

C'est l'histoire de Simon, pianiste de jazz autrefois renommé. Il ne joue plus de musique depuis dix ans. Devenu ingénieur, marié et père d'un grand fils, Simon traîne son semblant de vie, son semblant d'être, son âme morte.
Jusqu'au jour où il est appelé pour une panne dans une usine de bord de mer. La panne est complexe. Pour la résoudre, Simon est amené à manquer son train de retour. Il prévient Suzanne, sa femme. Du coup, pour le remercier, son collègue l'invite à prendre un verre dans un club de jazz. Juste un verre. Un verre, en attendant le prochain train. Dix ans que cela ne lui était plus arrivé, à Simon. Tout est là, à nouveau. Coltrane. Vodka. Ambiance rouge.
C'est alors que se produit la bascule. C'est instantanné, c'est triste et joyeux à la fois. Simon est mis à l'épreuve de l'inattendu, l'improbable, le miraculeux. On n'est jamais tout à fait prêt, à ce moment-là. On est saisit, glacé, pétrifié, comme sur le pas d'une porte - se demandant si l'on va l'ouvrir ou la fermer.
Au sous sol du Club, de jeunes musiciens montent sur scène et entament un trio. Le style du jeune pianiste est très inspiré par celui de Simon, la parfaite imitation du sien. Simon, partagé entre joie et effroi, brûle alors de toucher à ce piano : "juste histoire voir si...". A la pause, le voici qui pirate en tremblant l'instrument. Debbie, la propriétaire des lieux, reconnaît alors ce doigté, ce touché, ce pianoté. Elle décide de l'accompagner de son chant.
Plus rien ne peut faire obstacle à la révélation amoureuse. Pour la deuxième fois, Simon manque son train, prévient Suzanne.
Ce ne sera pas la dernière fois que Simon manquera son train, mais je ne vais pas vous raconter tout le récit. Juste une citation : "Etait-ce le commencement de quelque chose ? N'était-ce pas plutôt la fin de quelque chose ? Ni l'un ni l'autre. C'était l'un et l'autre. Quelque chose d'autre. D'entre les deux."
Simon accepte de vivre la bascule. Et, forcément, cela fait tout bouger autour de lui. Cela met en mouvement sa femme. Cela met en mouvement Debbie. Et d'autres encore.
Un livre simple, intense, musical. Un livre que j'aime.