[Ce livre est à associer à Les Aventures de l'inconscient - Histoire et géographie des maladies de l'âme, que je dois à la bibliothèque d'Andras, car, "aventures" ou "révolutions" (l'auteure retient "Révolutions" dans son site), il s'agit de toute évidence du même ouvrage, paru au même moment chez le même éditeur bien qu'avec une couverture différente. Mystère.]

Je ne saurais présenter l'essai avec plus de précision et de pertinence que l'a fait Andras ; donc je m'empresse de renvoyer à sa note.
Je m'interroge néanmoins sur la structure de l'ouvrage, que son auteure répertorie dans son site sous la catégorie des livres sur Freud, qu'elle garde distincte de celle dénommée "psychanalyse". Et non à tort.

Or la prémisse fondatrice du livre est de nature philosophique : le concept d'inconscient est une invention, due à Freud et particulièrement liée à un contexte historique et géographique précis, même si elle a une aspiration ou une ambition à l'universalité. Par une démarche rebondissante dans le temps, et anthropologique (ou ethnologique, peu importe) dans l'espace, Catherine Clément montre portant l'inconscient non nommé, avec ses différentes formes de dysfonctionnements et de thérapies, en oeuvre partout dans le monde.

Il s'agit d'un livre qui retrace avec brio l'histoire des manifestations de l'inconscient et des personnages qui s'y sont intéressé de près, et cela dans un vocabulaire accessible au plus grand nombre, banissant le jargon théorique dont usent et abusent la plupart des ouvrages traitant de ce sujet.

Catherine Clément ne se cantonne pas au monde occidental où l'inconscient a trouvé son "créateur" en la personne de Sigmund Freud. Elle nous parle aussi du chamanisme et des cérémonies de transes en Afrique, des yogi et des guru de l'Inde et aussi des indiens d'Amérique. Nous revisitons des faits historiques étranges comme l'histoire du Maleus maleficarum ou "Maillet des sorcières", une sorte de guide pour la chasse aux sorcières publié à Strasbourg en 1487, ou celle des possédées de Loudun, vers 1630, ou encore l'histoire du baquet à magnétiser de Messmer. Après encore quelques aller-retours entre l'Occident et l'Inde ou l'Afrique, l'auteur finit par aborder la naissance de la psychanalyse avec les travaux de Charcot sur l'hystérie, Charcot que Freud rencontre lors de son séjour à Paris à l'hôpital de la Salpétrière.

Catherine Clément se livre alors à une série de portraits de Freud et des gens qui furent ou qui demeurèrent ses "disciples" (Anna Freud, Melanie Klein, Ferenczi, Jung, Winnicott, Bettleheim, Françoise Dolto, Reich ...). Avec une place parrticulière pour Jacques Lacan au sujet duquel Catherine Clément nous livre cet aveu : "Je l'aimais". Elle évite l'accumulation théorique tout en nous donnant des indications importantes sur les travaux de chacun, dans la perspective générale de cette histoire de l'inconscient qu'elle esquisse dans ce livre. Tout cela reste accessible, vivant, passionnant même. Bien-sûr le livre ne rentre pas dans les détails des théories psychanalytiques. Par contre il n'est pas tendre avec certains, notamment envers Jung et, personnellement, j'ai découvert à travers quelques citations les accointances de Jung avec le parti nazi et le fort relent d'antisémitisme qui émane de ses écrits juste avant la seconde guerre mondiale. Edifiant.

Il faut aussi signaler la riche iconographie qui orne ce livre. Belle réussite que cet ouvrage !