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Les notes de lectures recherchées

26 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 11 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (13 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : 2nde guerre mondiale, adolf hitler, allemagne, auschwitz, berlin, extermination, folie, front, genocide, guerre, himmler, holocauste, juif, nazi, nazisme, officier, roman historique, shoa, soldat, solution finale, ss, stalingrad

[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
andras



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 20 Sep 2005
Messages: 1800
Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France

Posté: Lun 09 Avr 2012 17:31
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 1 >>

Un grand, très grand livre sur la 2nde guerre mondiale, l'extermination des juifs, tziganes, malades mentaux... et aussi sur la condition humaine. On peut justement le rapprocher de la "Condition humaine" de Malraux, du "Voyage au bout de la nuit" de Céline mais on peut aussi penser à John Irving ou à Tolstoï pour le souffle épique et il y a également des accents proustiens (si, si ...). C'est diablement bien écrit et c'est une formidable leçon d'histoire et de mémoire.
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
Kundry



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 30 Juil 2008
Messages: 400
Localisation: Yvelines

Posté: Lun 21 Juin 2010 18:41
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 0 >>

Maximilian Aue est un jeune franco-allemand qui adhère au parti nazi par conviction. On le suit à travers la seconde guerre mondiale: d'abord dans les pays de l'est au sein des "einsatzgruppe" chargés de l'élimination des juifs, puis à Stalingrad dont il revient miuraculeusement, puis à Berlin où il s'occupe de la gestion de la "force de travail" des camps de concentration. Parallèlement à ses activités nazis, on découvre sa personalité torturée: il hait sa mère et son beau-père, adule son père, nourrit un sentiment incestueux pour sa soeur, et est homosexuel... Il y a de quoi créer de solides problèmes psychologiques...

Impossible de commencer ce livre sans a priori. De mon côté ils étaient bons: deux amis m'en avaient dit le plus grand bien.

Mais j'ai rapidement déchanté à la lecture. Le sentiment qui se dégage avant tout pour moi de ce livre, c'est un ennui mortel. Rien à faire, je n'ai pas réussi à m'intéresser à ce livre, que j'ai pourtant terminé (difficilement).

Peut-être que ce sentiment d'ennui provient en partie du fait que l'auteur n'a ni écrit un document historique, ni un vrai roman. Il n'y a pas beaucoup d'explications sur les évênements historiques, ce qui fait que l'on comprend mal les rouages de ce qui arrive au narrateur (et à mon avis c'est voulu: le narrateur ne comprend pas grand chose non plus à ce qui se passe). D'un autre côté, le roman se noit dans tant de détails historiques que l'on n'arrive pas à se concentrer sur ce qui arrive au héros et à sa personalité, pourtant complexe et intéressante.

Par ailleurs, le livre ne m'a pas du tout choqué, et je pense que les tollés à sa sortie (surtout aux US) sont surtout le fait de gens qui n'ont pas lu le livre. Pour moi, l'auteur ne défend en rien le personnage principal ou le nazisme. Maximilian Aue n'est pas seulement le héros cultivé et rationnel que j'imaginais au vu des commentaires des détracteurs du livre: le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est aussi une personne fortement perturbée.

En revanche, si la lecture de ce livre ne m'a inspiré que de l'ennui, il m'a fait poser de nombreuses questions et j'ai beaucoup aimé en discuter avec les gens autour de moi.
Quand le personnage cesse t-il d'être "humain"? (s'il cesse de l'être?)
Adhère t-il vraiment aux thèses des nazis tout du long, ou bien se voile t-il la face et refuse de prendre conscience de certaines choses de peur que toute sa vie ne s'écroule?
A t-il vraiment commis ce meurtre en France? Puis en Poméranie?? Puis dans le jardin zoologique de Berlin??? Ou cela est-il dû à des hallucinations d'un cerveau malade? (Il n'est tout simplement pas possible que les deux flics le poursuivent ainsi: il a forcément sombré dans la folie et la paranoïa, mais à partir de quand?)
Quelle est la signification de l'énigmatique dernière phrase?

Bref, j'ai un grand sentiment de frustration: l'histoire et le personnage avaient tout pour être intéressant. Mais quelque chose dans le style et la manière de raconter les choses m'a clairement rebuté. Dommage...
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
Aureliane



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 01 Jan 2010
Messages: 70
Localisation: Naples (Italie)

Posté: Mar 05 Jan 2010 18:20
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 0 >>

Le narrateur est un ancien officier nazi qui après la guerre a pris une nouvelle identité et ouvert une usine de dentellerie en France. Il raconte ses années de nazisme à Berlin (1941-1944) de manière froide et rationnelle, sans se justifier ni se lamenter. Près de 900 pages glaçantes, immorales, et fascinantes. Roman très impressionnant, pas très facile à lire tant par son sujet que par sa densité.

J'ai été très impressionnée aussi d'apprendre qu'il s'agissait du premier roman de l'écrivain. Certes il est fils d'écrivain mais le talent n'est pas héréditaire ! C'est un américain ayant passé son enfance en France et qui a écrit directement en français, et a passé plusieurs années au sein d'une organisation humanitaire. Respect.
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[Les bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Sam 28 Nov 2009 20:06
MessageSujet du message: [Les bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 0 >>

« Les bienveillantes » imposaient leur masse conséquente dans ma bibliothèque depuis un certain temps, sans que je trouve le courage de m’y atteler, et je dois bien avouer que j’ai presque hésité à remettre une fois de plus ma lecture à plus tard, car après quelques 200 pages, j’avais l’impression de me noyer dans les sigles et les grades SS, sans jamais comprendre qui était le supérieur de qui, ni me souvenir du nom des divers Gauleiter, Obergruppenfürher, Hautptsturmfürher…, cités quelques pages plus tôt. Heureusement, initier le lecteur aux différents degrés de la hiérarchie militaire allemande et/ou nazie n’est pas le but de ce roman, qui a suscité mon intérêt sur d’autres questions autrement plus essentielles.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, « Les bienveillantes » sont le récit des années de guerre d’un officier SS, Maximilien Aue, dont la mission, au sein d’un einsatzgrupe, était de veiller à la sécurité des groupes d’armées. L’une des tâches principales de ces einsatzgrupe était d’éliminer, au fur et à mesure de la progression des troupes sur le front, les "ennemis" du Reich.

Nous suivons Maximilien dans ses déplacements (notamment en Russie, au début du récit), qui nous décrit les méthodes utilisées pour exterminer les juifs, tziganes, bolchéviques… assassinés à la chaîne, par balle, et empilés dans des fosses communes fraîchement creusées à cette occasion. Il le fait avec une distance choquante, sans regret ni remord, et en assumant totalement ses actes. Il a pleinement conscience de ce qu’il a fait, il a essayé de le faire avec le maximum d’efficacité possible, on pourrait même dire avec « conscience professionnelle », mais sans plaisir non plus, comme une corvée inévitable et nécessaire, dont il faut bien se charger. Et pourtant… Maximilien est par ailleurs un homme cultivé, intelligent, qui n’aime pas tuer, ainsi qu’il le dit lui-même, qui rêvait d’être pianiste. Comment peut-il se persuader de la nécessité d’éliminer des milliers de personnes ? Comment peut-il se résoudre à laisser cette soi-disant nécessité prendre le pas sur l’horreur que suscite le spectacle de ces meurtres en masse ? A vrai dire, lui-même semble se poser ces questions : il éprouve un douloureux besoin de « comprendre » pour justifier son action vis-à-vis de lui-même, et cela me paraît encore plus cynique et effrayant, de penser qu’il imagine pouvoir fonder sa « mission » sur des arguments logiques et raisonnés. Et pire encore : bien qu’il ne trouve pas cette justification, finalement, cela ne l’empêche pas d’accomplir tout de même sa tâche… Alors… ne serait-ce, comme il le dit lui-même, qu’une question de circonstances ? Pour lui, l’homme ne serait foncièrement ni bon ni mauvais, et se retrouverait du bon ou du mauvais côté selon ces circonstances, amené à perpétrer des actes qui ne sont pas forcément en adéquation avec ce qu’il est ou ce qu’il ressent : « Le bien et le mal sont des catégories qui peuvent servir à qualifier l’effet des actions d’un homme sur un autre. Mais elles sont inadaptées, voire inutilisables, pour juger ce qui se passe dans le cœur des hommes ». Car victimes et bourreaux sont tous des hommes, justement. Et c’est bien cela le plus difficile à admettre : ces assassins n’en restent pas moins des êtres humains, ils n’ont pas besoin d’être des monstres pour se montrer capables de la plus abjecte cruauté. Et tant qu’un homme est capable du pire, cela signifie que chaque homme l’est, y compris, ainsi que le précise Maximilien en nous interpellant, nous-mêmes : « vous devriez pouvoir vous dire que ce que j’ai fait, vous l’auriez fait : il est permis de conclure comme un fait établi par l’histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances donné, fait ce qu’on lui dit ; et excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l’exception ». Voilà qui semble remettre en cause la force du libre arbitre : en effet, l’homme seul ne pourrait décider du bien ou du mal, mais les mesurerait à l’aune des références préétablies, qu’il s’agisse de Dieu ou d’un fou comme Hitler ?
Ce qui est également troublant, c’est de voir la docilité avec laquelle les populations se laissaient mener aux exécutions, se révoltant finalement très peu lorsqu’elles se rendaient compte du sort qui leur était réservé, comme si effectivement les circonstances font que chacun se tient à son rôle : victime ou bourreau.

C’est très difficile d’exprimer la complexité des paradoxes décrits dans ce roman : on a du mal à comprendre cet homme qui pleure, semble devenir fou lorsqu’il est amené à achever les condamnés que la première balle n’a pas tués, qui se révèle de plus en perturbé (il rêve de femmes gazées avec leurs enfants ou enceintes, de ces personnes squelettiques, couvertes d’excréments, qu’ils a croisées dans les camps), et qui pourtant continue à vouloir mener à bien la tâche qui lui est confiée… quitte à en avoir des nausées récurrentes, et à sombrer peu à peu dans la folie. Et c’est d’ailleurs aussi une sensation de nausée qui s’empare de nous à la lecture de ces « Bienveillantes », face à tant d’horreurs, et surtout à la facilité avec laquelle les hommes se mettent à les perpétrer. Tout simplement a-t-on sans doute du mal à admettre combien Maximilien Aue est finalement terriblement humain...

Dire qu'il s'agit d'un coup de coeur ne me semble pas adéquat, je le qualifierais plutôt de "coup au coeur"...
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
nadouch



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Inscrit le: 19 Nov 2006
Messages: 450
Localisation: Allier

Posté: Mar 01 Sep 2009 13:24
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
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Evidemment, un livre très dur, mais ce n'est pas que pour ça que je n'ai pas réussi à le terminer...
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
rivax



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Inscrit le: 08 Avr 2009
Messages: 781
Localisation: Au pays des grenades

Posté: Ven 10 Avr 2009 22:05
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
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Note moyenne pour ce livre qui est définitivement trop long. Je me suis vraiment forcé à en venir à bout. Sur ce thème, je lui ai préféré 'La mort est mon métier' de Robert Merle ou 'le roi des aulnes' de Michel Tournier.

C'est l'histoire d'un officier nazi (c'est à dire pas un militaire mais un membre de la police politique du parti). Il traverse la deuxième guerre mondiale à partir de la campagne de Russie jusqu'à la chute, à Berlin. C'est un récit historique d'une grande force qui raconte la guerre vu du côté d'un nazi. Ce qui peut choquer c'est la totale indifférence du héros et de ses pairs, chargés d'orchestrer la solution finale, de trouver des solutions économique pour tuer plus vite et moins cher, l'industrialisation de la mort, le fanatisme des dirigeants nazis.

On comprend mal certains choix de l'auteur : l'homosexualité du héros, l'analyse de ses rêves, le meurtre de sa sœur...

Ensuite la construction du livre est assez rebutante : le texte est livré brut de fonderie, sans paragraphe ni alinéa lors des dialogues. Enfin, c'est long, trop long.
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
elisala



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Inscrit le: 09 Mar 2006
Messages: 786
Localisation: Paris, idf

Posté: Mer 07 Mar 2007 14:49
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
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Un pavé passionnant.
On aurait pu croire qu'un nième livre sur ce thème (deuxième guerre mondiale, "solution finale", nazisme) serait de trop, mais je trouve celui-là particulier, vu par un personnage en chair et en os, remarquablement lucide, plein de ses multiples démons intérieurs. Au travers de ce personnage, c'est presque une fresque historique qui nous est proposée (parfois presque trop détaillée pour être crédible, tellement on sent qu'il y a un monceau de documentation derrière l'écriture), entrecoupée de bouts de la vie du narrateur, des bouts tout aussi glauques que la réalité historique. Ces épisodes biographiques semblent un peu inutiles parfois, mais c'est peut-être un contrepoids à l'histoire qu'a voulu donner l'auteur. Seule la toute fin est vraiment trop dans le délire.
Mais surtout, c'est le rythme du livre que j'ai trouvé fabuleux: un rythme très bien soutenu, parfois lent, parfois emballé.
Des longueurs, parfois, voire même des moments qui paraissent assez digressifs, mais réflexion faite, je trouve que ces longueurs soutiennent le rythme, y participent, participent à la "musique" générale du livre. (ce terme de musique est particulièrement adaptée, l'auteur a donné à ses grands chapitres des noms comme "sarabande", "menuet (en rondeaux)", donnant une consonance doucement ironique à l'avancée de l'histoire.)
en fait la rédaction est tout simplement époustouflante, quand j'y pense. Juste. C'est vraiment le ressenti que j'en ai, un texte, une narration absolument maîtrisée. Contenant et contenu parfaitement accordés. ça paraît excessif, mais c'est vraiment ce qui en ressort quand je cherche à savoir pourquoi ce livre me marque tant.

J'attends maintenant de voir dans le long terme ce que ce livre va laisser comme trace dans mes souvenirs...
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
Brigitte Finiels



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Inscrit le: 22 Nov 2006
Messages: 28
Localisation: Saint-Pierre de La Réunion

Posté: Sam 09 Déc 2006 13:50
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 2 >>

C'est un livre étrange. Difficile à lire. Très long avec parfois des passages assez ennuyeux. Des scènes assez horribles (élimination des Juifs en Ukraine)racontées de manière neutre, presque sans émotion. Des scènes de "cul" aussi. C'est le cas de le dire. Le narrateur est plutôt homosexuel (depuis qu'on lui a interdit les relations sexuelles avec sa soeur) et assez scatologique. La fin est complètement bizarre. A peu près 100 pages avant la fin (il y en a 800) la tonalité du roman change complètement, comme si on entrait dans un univers totalement déjanté. Ce livre me pose problème. J'aimerais vos avis.
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
Momo



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Inscrit le: 04 Oct 2005
Messages: 443

Posté: Mar 24 Oct 2006 11:20
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 0 >>

Roman un peu difficile à lire et à suivre, mais incitant à la réflexion et à se poser la question : Qu’est ce qui fait pencher la balance ?.
C’est un ouvrage qui semble extrêmement bien documenté (j’écris « semble » car évidemment je n’ai pas vérifié et de plus je ne connais pas l’allemand), mais c’est un roman : donc une lecture à compléter par des ouvrages d’historiens et de témoins directs.
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
C-Maupin



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 06 Mai 2006
Messages: 1917

Posté: Mar 17 Oct 2006 16:27
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 4 >>

C'est un livre qui m'a paru clair, rigoureux et intelligent.

Malgré quelques fautes de français, j'ai beaucoup apprécié son style varié et agréable. Il y a en général des phrases courtes, claires, nettes pour décrire des faits, souvent insupportables.
Parfois des phrases extrêmement longues, pleines d'incises, de nuances pour tenter de faire comprendre le mécanisme de ce qui est incompréhensible.

J'émettrai quelques réserves : un maquis de sigles (malgré quelques explications en fin de volume) rend la lecture parfois un peu difficile, en particulier pendant le siège de Stalingrad, le récit des manoeuvres de corps d'armée que je ne connais pas (avec toujours autant de sigles impossibles à retenir) dans une géographie que j'ignore (honte à moi mais ça ne m'intéresse pas) m'a paru particulièrement aride.
Par ailleurs les passages érotiques m'ont paru superflus et hors de propos, si ce n'est pour mettre en évidence le déséquilibre du héros, ce qui me paraît affaiblir la force du livre.

En effet celle-ci me paraît être la démonstration du fait que tout homme est capable de faire un mal absolu et en se trouvant des justifications : c'est pour moi l'intérêt principal de ce livre que de montrer jusqu'où peut arriver progressivement, dans un concours de circonstances peut-être exceptionnel (?), un homme normal, intelligent et cultivé et de nous inciter ainsi à une vigilance constante, vis-à-vis des autres mais surtout de nous-mêmes.

Commentaires de Gérard
:
Je trouve ce livre difficile à juger car, de mon point de vue, il comporte à la fois pas mal de points positifs ET de points négatifs.
Tout d’abord, en ce qui concerne la forme, si cette façon de nous faire vivre les événements décrits par l’intermédiaire des pensées du « héros » est assez prenante et, sur le sujet abordé, assez originale, l’excès de détails superflus, la multitude de personnages et les digressions fréquemment pesantes et indigestes en font parfois perdre un peu de l’intérêt. L’atmosphère de l'hiver russe et la débâcle des armées du Reich sont bien décrites, de même que la mentalité des intellectuels de la SS, mais ses rêves racontés là aussi avec un luxe excessif de détails déplaisants m’ont semblé bien inutiles.
Outre quelques fautes de français (en allemand aussi paraît-il, mais là, je ne peux juger…), j’ai éprouvé beaucoup de difficultés avec les sigles, tous les grades des diverses armées et les expressions allemandes non traduites. Sans toutes ces longueurs, ce roman aurait sans doute été beaucoup plus fort avec moitié moins de pages.

Venons au fond, quand même plus important !
Il n’y a pas là d’intérêt historique à propos de ces événements rebattus depuis plus de soixante ans, même si sa façon de décortiquer les manœuvres au plus haut niveau de l’état reste intéressante. La raison essentielle de ce roman me paraît être de nous mettre face à nous-mêmes et de nous pousser à nous demander si, dans des circonstances analogues, nous nous serions conduits, nous aussi, comme son « héros » qui reste un être humain, intelligent, cultivé, avec ses peurs, ses faiblesses, ses maladies…
D’abord on éprouve une certaine terreur de se dire eh oui, j’aurais pu être ce monstre cynique, pervers et indifférent, essentiellement dirigé par l’idéologie du régime, idée confortée par le fait que nous réagissons finalement peu face à tous les drames de notre monde actuel, parfois tout aussi odieux !
Et, donc, un côté extrêmement positif de ce livre est de nous rappeler et de souligner qu’il ne faut pas devenir insensible.
Mais, en cherchant à justifier ce comportement inadmissible, à nous en rendre presque complices, il me semble qu’il affaiblit aussi son argumentation. Certes, nous sommes tous plus sensibles à ce qui nous concerne ou à ce qui est proche qu’au reste, mais le décalage entre la pitié qu’éprouve le héros face au Berlin dévasté et (malgré ses quelques nausées) sa froideur devant les massacres, ses amalgames irritants entre juifs, tziganes et animaux néfastes, son absence de pitié, (quand il veut sauver des gens, c’est juste parce que cela pourrait être utile au régime) m’ont fait douter que les circonstances nous dictent nos choix à ce point-là.
J’aimerais donc continuer à croire que notre besoin de confort et nos faiblesses ne font pas de nous des monstres potentiels et que nous conservons un certain libre arbitre et, j’ose espérer qu’il restera toujours des hommes pour dire « non » quelles qu’en soient les conséquences quand cela est essentiel.

Finalement, je ne sais pas noter ce roman. Un livre à lire, très certainement ; mais qui présente diverses imperfections et aurait pu être encore plus fort. Je trouve qu’on en a trop fait à son sujet, et c’est peut-être simplement cela qui le dessert un peu…
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[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
Latulu



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 19 Avr 2006
Messages: 315

Posté: Lun 09 Oct 2006 22:26
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Commentaires : 3 >>

Maximilien Aue, ancien membre des Einsatzgruppen SS, qui dirige aujourd'hui une fabrique de dentelle dans le nord de la France, se penche sur sa jeunesse, et surtout sur son passé au cœur du troisième Reich. En préambule, il déclare : « Encore une fois, soyons clairs : je ne cherche pas à dire que je ne suis pas coupable de tel ou tel fait. Je suis coupable, vous ne l'êtes pas, c'est bien. Mais vous devriez quand même pouvoir vous dire que ce que j'ai fait, vous l'auriez fait aussi. Avec peut-être moins de zèle, mais peut-être moins de désespoir, en tout cas d'une façon ou d'une autre. Je pense qu'il m'est permis de conclure comme un fait établi par l'histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances donné, fait ce qu'on lui dit ; et, excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l'exception, pas plus que moi. »
S'ensuit alors une gigantesque fresque, de l’attaque de l'Allemagne nazie contre la Russie stalinienne en 1941 à la déroute berlinoise de 1945. Au delà des atrocités commises, l'auteur décrit méticuleusement l'implacable efficacité des rouages de l'entreprise de destruction allemande : « Auschwitz, les chambres à gaz, je savais cela – je suis né dans une famille d’origine juive, et même si elle a émigré de Pologne aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et n’a pas vécu de façon directe ces événements, j’ai néanmoins grandi avec cette histoire. Mais le fait que le génocide ait été l’œuvre d’un appareil bureaucratique organisé, rationalisé, budgété, je ne le mesurais pas. »
Au fil des pages, le héros, cet être intelligent et cultivé, nous dévoile petit à petit sa jeunesse tourmentée et nous raconte froidement sa chute de plus en plus précipitée dans la spirale infernale du Mal.
Un petit rayon de soleil dans cette noirceur absolue : le duo d'enquêteurs Clemens et Weser aux méthodes à la Columbo, véritables relais humains des Bienveillantes

Etrange sentiment en définitive : on ne peut pas aimer ce livre mais on ne peut pas non plus ne pas l'aimer. A lire donc !
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