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    Répondre au sujet L'agora des livres Index du Forum » Littérature générale    
[Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
Auteur    Message
Latulu




Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 19 Avr 2006
Messages: 315


Posté: Lun 09 Oct 2006 22:26
MessageSujet du message: [Les Bienveillantes | Jonathan Littell]
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Maximilien Aue, ancien membre des Einsatzgruppen SS, qui dirige aujourd'hui une fabrique de dentelle dans le nord de la France, se penche sur sa jeunesse, et surtout sur son passé au cœur du troisième Reich. En préambule, il déclare : « Encore une fois, soyons clairs : je ne cherche pas à dire que je ne suis pas coupable de tel ou tel fait. Je suis coupable, vous ne l'êtes pas, c'est bien. Mais vous devriez quand même pouvoir vous dire que ce que j'ai fait, vous l'auriez fait aussi. Avec peut-être moins de zèle, mais peut-être moins de désespoir, en tout cas d'une façon ou d'une autre. Je pense qu'il m'est permis de conclure comme un fait établi par l'histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances donné, fait ce qu'on lui dit ; et, excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l'exception, pas plus que moi. »
S'ensuit alors une gigantesque fresque, de l’attaque de l'Allemagne nazie contre la Russie stalinienne en 1941 à la déroute berlinoise de 1945. Au delà des atrocités commises, l'auteur décrit méticuleusement l'implacable efficacité des rouages de l'entreprise de destruction allemande : « Auschwitz, les chambres à gaz, je savais cela – je suis né dans une famille d’origine juive, et même si elle a émigré de Pologne aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et n’a pas vécu de façon directe ces événements, j’ai néanmoins grandi avec cette histoire. Mais le fait que le génocide ait été l’œuvre d’un appareil bureaucratique organisé, rationalisé, budgété, je ne le mesurais pas. »
Au fil des pages, le héros, cet être intelligent et cultivé, nous dévoile petit à petit sa jeunesse tourmentée et nous raconte froidement sa chute de plus en plus précipitée dans la spirale infernale du Mal.
Un petit rayon de soleil dans cette noirceur absolue : le duo d'enquêteurs Clemens et Weser aux méthodes à la Columbo, véritables relais humains des Bienveillantes

Etrange sentiment en définitive : on ne peut pas aimer ce livre mais on ne peut pas non plus ne pas l'aimer. A lire donc !

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Auteur    Message
andras




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Messages: 1800
Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
Âge: 67 Verseau


Posté: Lun 09 Oct 2006 22:51
MessageSujet du message:
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merci pour ta note, latulu, la première ici sur ce livre qui fait la une des pages littéraires de cette rentrée. Pourquoi dis-tu que l'"on ne peut pas aimer ce livre" ? Parce qu'il fait la part trop belle à l'idéologie fasciste comme quelque chose à quoi l'on ne pouvait échapper quand on "se trouvait là à ce moment là" ?
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Auteur    Message
Latulu




Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 19 Avr 2006
Messages: 315


Posté: Mar 10 Oct 2006 8:59
MessageSujet du message:
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« andras » a écrit:
Pourquoi dis-tu que l'"on ne peut pas aimer ce livre" ? Parce qu'il fait la part trop belle à l'idéologie fasciste comme quelque chose à quoi l'on ne pouvait échapper quand on "se trouvait là à ce moment là" ?

Ce qu'il y a de détestable, c'est que le héros est un adepte convaincu des thèses national-socialistes et qu'au delà de justifier l'extermination des Juifs (mais aussi des Polonais, des Tziganes, des malades, des handicapés mentaux, ...), il s'implique dans la rationalisation et l'amélioration du processus. De plus, il décrit cela avec calme, distance et froideur ce qui accentue le malaise.
Malgré cela, on est rapidement pris au piège. Comme il nous a prévenu au premier chapitre qu'à sa place nous nous serions comportés comme lui, on cherche dans l'exposé de sa vie à trouver les raisons de son comportement. Lorsque le troisième Reich bascule définitivement dans la défaite, on s'intéresse également à la façon dont il va pouvoir en réchapper.
C'est cette dualité que je veux exprimer lorsque je dis qu'on ne peut pas aimer ce livre mais qu'on ne peut pas non plus ne pas l'aimer.
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Auteur    Message
Swann




Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 19 Juin 2006
Messages: 2642


Posté: Mar 10 Oct 2006 9:39
MessageSujet du message:
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C'est le "piège" littéraire de l'identification au narrateur, non ? Wink
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