C’est le récit d'un traumatisme subit par l'auteur du livre pendant un congé d'enfance. C’est l'histoire de comment un fait survenu soit devenu un traumatisme malgré les années passées et de tout ce qu’il soit nécessaire pour le résoudre, pour lui tourner le dos, pour pouvoir continuer de vivre en toute liberté.
Je dois dire que le livre réussit à nous faire sentir proche d’un événement auquel il est difficile de rester insensible. Le thème dont on parle est la pédophilie et le récit se développe autour de chapitres dédiés aux différents âges du protagoniste.
Des parents hippies aux grands-parents religieux, du prêtre ami de la famille aux amis libertins des parents, la vie du protagoniste se développe pas à pas avec l'ingénuité d'un enfant qui ne réussit pas à comprendre tout ce qui se passe autour lui.
C’est quand il rejoint la maturité qu’il comprend les aspects les plus graves de sa vie d'enfant et l’amène à devoir « tuer » Pierre.
Le récit toujours au présent, pour chaque année racontée, transforme chaque évènement en une expérience vivante, en la faisant sortir de la dimension du souvenir. Peut-être que c’est pour ça que le traumatisme du protagoniste réussit à se faire sentir aussi efficacement.
Personnellement, j'ai eu l'impression que les dessins étaient mal entrelacés avec la partie écrite. La sensation que certaines images soient des illustrations libres, avec des légendes pour accueillir les mots. Je n'ai pas eu toujours la sensation de lire une histoire narrée « à travers les images », comme ça se passe d'habitude avec la bande dessinée, mais plutôt une histoire à paroles avec la collaboration d'illustrations. Pas toujours. Par moments, l'impression a été celle de lire un roman qui aurait été bien même sans images, même si celles-ci, par ailleurs, sont très dynamiques, colorées et effectivement caractérisantes.

Autant le dire tout de suite, il s'agit d'une véritable histoire dramatique. On aborde la pédophilie, dans une histoire vraie. Le discours est narratif, très simple. Presque léger, et en même temps impitoyable. L'histoire est là, certainement comme un éxutoire pour son auteur. A nous de juger, ou de comprendre mais pas forcément. Par contre, à nous certainement d'être attentif.
Le dessin appuie très bien l'histoire. Il n'a pas à en faire plus. Quelques photos numériques à la fin de l'album ajoute au caractère dramatique général. Mais au point où on en est, de toute façon c'est logique et tout à fait mesuré.