Le pitch: un terrien est en mission sur une autre planète. Pour lui, ça ne va pas être facile.

Que dire à part que c'est une superbe histoire? je mets "conquête spatiale" dans les mots clés, je parle de terrien, d'autre planète, on s'imagine encore une histoire de science-fiction... Sauf que non, sauf que pas vraiment, sauf que c'est tellement plus que ça...
C'est un incroyable univers, imaginé de main de maître par l'auteur, formant un tout cohérent et même mieux, réaliste : une vision de l'avenir de l'espèce humaine, de l'univers, d'un monde nouveau et de ses habitants, avec leur culture particulière - on s'y croirait et c'est magique.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre - la langue anglaise n'aide pas, la manière de narrer non plus : on est dans les pas du terrien, on le suit dans ses pérégrinations, ses découvertes successives, sa compréhension progressive du nouveau monde, et ça aussi c'est assez magique.
J'ai aussi apprécié en filigrane un questionnement latent et une approche profondément sensible de sujets tels que les différences homme/femme, la sexualité, le patriotisme, ou encore, sur un autre plan, comment se confronter à un monde autre peut interroger notre propre identité...

Bref, c'est du bon, c'est du très bon, mangez-en...

L’auteur californien Ursula le Guin est une voix influente dans le domaine de la Science-Fiction : elle est née en 1929 et a publié, dans sa longue carrière, des dizaines de récits, d’essais, de poésies et de romans.
En 1969, paraît « La main gauche de la nuit ", un roman victorieux du prix Hugo et du prix Nebula, les plus grandes reconnaissances dans le domaine de la S-F.
Dans ce livre, l'auteur cherche à répondre à la question : comment pourrait être organisé un monde dépourvu de la dichotomie des sexes ? Bienvenue sur Gethen, donc, une planète peuplée d'hermaphrodites; ici, uniquement au moment de l'accouplement (ou de l’état d'excitation), l'individu choisit d'être un mâle ou une femelle.
Et si un être humain « normal » - dénommé Genly Ai - était envoyé sur Gethen, pour chercher à allier la planète dans la ligue des mondes, et qu’il y découvrait une étrange créature, Estraven, suffisamment fascinante pour le transporter au bord d'une crise d'identité sexuelle ?
Estraven, mon personnage préféré est le seul à avoir eu confiance sur Ai dès le début, c’est lui qui souffrira la peine de l'exil pour permettre à Genly de réussir sa mission.
Un personnage difficile à affronter et à comprendre, mais l’habilité de l'auteur se manifeste vraiment lorsqu’elle approfondit la psychologie extraterrestre. « La main gauche de la nuit » est tout ceci et plus encore.

D'Ursula Le Guin, j'avais surtout abordé ses romans "fantasy" tels Tehanu et le cycle de Terremer, très agréables au passage. Ici, nous avons affaire à un vrai roman de science fiction.
L'histoire se déroule à l'autre bout de la galaxie, l'humanité s'est disséminée, adaptée et développée de différentes manières suivant les environnements qu'elle a rencontrés. L'Ekumen, sorte d'organisation inter-galactique à visée humaniste rappelant un peu l'ONU, envoie un représentant sur une planète à l'écologie particulièrement hostile (période glaciaire) et aux sociétés assez arriérées (monarchistes). Le but est de faire adhérer cette planète aux valeurs de l'Ekumen. On n'en sait pas plus sur les motivations de cette dernière, si ce n'est de faire progresser la vie des sociétés humaines éclatées, et donc on a un peu de mal à comprendre la mission de l'Envoyé.
Toute la première partie du roman est consacrée à un récit de diplomatie qui peut sembler ennuyeux (ronds de jambes, machiavélisme...), la seconde est radicalement différente : on passe à un road-movie, expédition polaire qui place les deux personnages principaux, aux caractères antagonistes, dans un huis-clos psychologique passionnant.
La rédaction de cette petite chronique, quelques semaines après la lecture du roman, me permet d'avoir un regard plus détaché de l'histoire et des sensations que j'éprouvais à sa lecture. Globalement, je me rends compte que les thèmes abordés sont très riches (l'étranger et la différence, le regard de l'autre, les a priori) Les moyens employés pour les présenter, le style d'écriture, la forme de la narration (conte, monologue, discussion, poésie...) sont divers et colorés.
J'ai du mal à mettre une note de 5 à cet excellent roman, car je ne lui trouve pas le caractère fulgurant de chefs d'oeuvre comme les "Chroniques martiennes" ou "Le monde inverti".

Pfiou, encore un livre qui me tombe des mains avant la 100e page... Je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire, malgré de beaux efforts mais mes soucis professionnels ont eu raison de ma patience. J'essaierai de le relire à un moment plus favorable...

S'il n'y en avait qu'un à retenir d'Ursula Le Guin, ce serait celui-là...

ma JE du BX:
Je connaissais Ursula Le Guin de longue date. Depuis « terremer », dont je ne garde que peu de souvenirs malgré la vision récente du D A . Sinon que c’était bien !

Avec ce roman, on est loin du space opéra plein de bruit et de fureur dont j’ai l’habitude.

Moins captivant mais tout aussi intéressant . j’ai finalement plutôt aimé même si j’ai un peu de mal à d’écrire les raisons de mon engouement. Ce n’est pas un de ces romans que l’on dévore mais on finit quand même par être pris par l’intrigue. Les tenants psychologiques des habitants de nivôse sont aussi finement abordés.
J’ai aussi bien aimé la fuite des héros à travers un long désert glacé qui m’a rappelé les grands moments de Jack London.
Au final un roman de SF, intelligent, atypique qui pose la question des relations homme femme d’une manière très intéressante même si il manque quand même un petit quelque chose qui déclencherait l’enthousiasme.

P.S.
ça fait + d'une semaine que j'ai fini ce livre et je n'arrive pas à exprimer mon ressenti.
j'ai trouvé ce livre plein de qualités mais pourtant je n'arrive pas à en dire du bien (parce que c'est plutôt longuet par moment) et d'un autre coté je ne me vois pas non plus le démolir: à cause de ses prix et la réputation de l'auteur et de ce titre. et surtout par le fond qui reste passionnant.

et puis zut, soyez curieux lisez le (c'est assez court: environ 300 pages) et faites vous une opinion.