14 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 9 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : 2nde guerre mondiale, allemagne, auschwitz, camps de concentration, deportation, famille, filiation, ghetto, guerre, holocauste, juif, memoire, nazi, nazisme, pologne, relation pere-fils, rescape, shoah, souvenir
 |
|
|
 |
Auteur |
|
Message |
Franz
Sexe:  Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
|
|
Posté: Dim 09 Oct 2022 18:03
Sujet du message:
|
Commentaires : 0 >> |
|
Maousse.
Maus [souris] est un monument du 9e art alors qu’à première vue, il peut dérouter et rebuter par ses partis pris (multiplicité des cases, noir & blanc, zoomorphisme), son sujet et son manque de lisibilité. Roman graphique à large spectre nouant plusieurs thématiques insécables, ouvrant sur des interrogations abyssales qu’elles soient exposées ou suggérées ainsi du frère d’Art Spiegelman, Richieu (1937-1943), disparu dans le ghetto polonais de Zawiercie qui hante les esprits et à qui Maus est dédicacé en partie ou encore du suicide silencieux d’Anja Spiegelman (1912-1968), mère de Richieu et d’Art, survivante des camps de la mort, le grand œuvre dessiné d’Art Spiegelman a une dimension littéraire que le prix Pulitzer attribué en 1992 soulignera. L’auteur va tenter d’extraire de la mémoire de son père Vladek, rescapé d’Auschwitz, un récit des camps d’extermination. Les entretiens enregistrés sont ensuite traduits en bande dessinée nourrie d’une documentation substantielle même si elle demeure discrète. L’histoire entrelace le présent de l’auteur, en 1978, à New York et le passé de son père, au mitan des années 1930, à Czestochowa, en Pologne jusqu’en 1945, à la Libération. Le ghetto, la traque des Juifs de Pologne et la Shoah constituent l’ossature historique sur laquelle les destins individuels se fracassent. Vladek est un survivant. Il a su saisir les moindres interstices pour s’accrocher à la vie malgré la violence, le sadisme et la mort omniprésents. Maus est aussi la transcription d’une filiation conflictuelle, le fils ne comprenant qu’après-coup son père, en décalage, presque à regret. Le parti pris de l’auteur à transposer ses personnages dans un univers animalier est pertinent pour les chats (les Allemands) et les souris (les Juifs) parce que le zoomorphisme crée une distanciation qui amène le lecteur à ne pas s’identifier aux personnages afin de conserver une attitude critique comme au théâtre. Le procédé est moins convaincant quand l’auteur transforme les Polonais en porcs ou les Français en grenouilles. L’édition polonaise sera d’ailleurs houleuse. Quoi qu’il en soit, la lecture de Maus est immersive et ne laisse pas indifférent. En faisant un travail de mémoire, Art Spiegelman marque celle du lecteur pour longtemps.
|
|
|
 |
|
 |
 |
[Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
[Maus, un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
[L'Intégrale, Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
|
 |
 |
[L'Intégrale, Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
[Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
[L'Intégrale, Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
Auteur |
|
Message |
BMR
Sexe:  Inscrit le: 30 Avr 2007 Messages: 155 Localisation: Paris
|
|
Posté: Sam 27 Sep 2008 10:29
Sujet du message: [L'Intégrale, Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman]
|
Commentaires : 0 >> |
|
On avait bien lu de nombreux éloges sur cette BD mais le dessin nous avait jusqu'ici rebuté.
Il aura fallu que Frédéric nous prête son Maus pour qu'on regrette nos hésitations et qu'on achète sans plus tarder cette incontournable BD.
Non seulement on s'habitue très vite au dessin, pourtant bien loin de la ligne claire à laquelle on est habitué, mais on tient là un excellent album.
C'est autobiographique et Art Spiegelman nous raconte son histoire, ou plus exactement celle de son père, juif en Pologne au pire moment et rescapé d'Auschwitz.
Enfin, Art Spiegelman nous raconte aussi son histoire à lui aussi : et c'est même là tout l'intérêt du bouquin, pardon de la BD (ça se lit comme un roman).
Art, le fils, part à la recherche de la mémoire de Vladek, le père.
Le plus vieux et le plus jeune se chamaillent sans cesse et les deux histoires s'entremêlent habilement : les dialogues entre père et fils où le jeune essaie de soutirer la mémoire du vieux et bien sûr les terribles souvenirs du père, broyé par la Grande Histoire.
Un peu comme dans le récent dessin animé de Ari Folman, le dessin semble être là pour à la fois mettre un peu de distance entre nous et d'effroyables événements mais aussi pour nous y attirer avec encore plus de force et conviction.
Tout le monde connait ces terribles événements dont on nous a rebattu les oreilles, les yeux et la conscience.
Mais il n'est jamais inutile de rouvrir les yeux de temps à autre et de renouveler la conscience justement.
La vie du père Spiegelman, marchand juif plus vrai qu'une caricature, est décrite sans complaisance. Ses petits trafics pour échapper aux rafles, puis pour survivre dans les camps, ... il n'en est que plus humain dans ce monde qui ne l'était plus. Et au passage, Spiegelman épingle l'anti-sémitisme polonais.
Comme dans Le Pianiste, on approche encore une foisle mystère incompréhensible de ces gens qui n'ont pas fui et attendu presque patiemment la solution finale, encadrés par leur propre milice.
Bien sûr l'allégorie est évidente lorsque les chats nazis traquent les souris juives (reprise dans Fievel).
Mais si Spiegelman a choisi une souris (Maus en allemand) c'est aussi en hommage à une célèbre Mouse américaine puisque le petit Mickey avait été mis à l'index des nazis.
Et Spiegelman de citer un journal des années 30 : «[...] le plus grand porteur de bactéries du règne animal ne peut être le type animal idéal. Finissons-en avec la tyrannie que les Juifs exercent sur le peuple ! À bas Mickey Mouse ! Portez la croix gammée !».
Maus sera récompensée plusieurs fois à Angoulême et Spiegelman recevra le prix Pulitzer en 1992.
Il est grand temps de (re)découvrir cette BD (idéale pour les ados).
Pour celles et ceux qui aiment savoir.
Flammarion édite ces 296 pages (l'intégrale des 2 volumes) traduites de l'anglais par Judith Ertel.
|
|
|
 |
|
 |
 |
[L'Intégrale, Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
[Maus : un survivant raconte | Art Spiegelman] |
|
 |
 |
|
 |
 |
|
 |
|