Charlie Gordon est qualifié par son entourage de "retardé". A trente ans, il travaille dans une boulangerie pour rendre de menus services et est moqué en permanence par ceux qui se disent ses collègues, sans qu'il ne perçoive leurs railleries et leurs mesquineries à son endroit.
Volontairement, il participe à un programme mis en place par des scientifiques éminents visant à développer ses capacités mentales et son intelligence.
L'opération est une victoire, et, peu à peu, Charlie fait preuve d'un éveil et d'un appétit intellectuel qui lui faisait auparavant défaut. Mais à mesure que son intelligence croît, son rapport aux autres et son regard sur le monde se transforment eux aussi, et laissent Charlie dubitatif quant à cet état qu'il a atteint, et dont la stabilité n'est pas assurée. Car la souris qui a été le premier cobaye des médecins, dénommée Algernon, semble peu à peu montrer des signes d'affaiblissement, que Charlie guette avec inquiétude, car il sait qu'ils sont annonciateurs du sort qui l'attend à son tour.

Ce roman est très puissant, j'ai été bouleversée par l'histoire de Charlie et d'Algernon, et par les constats qu'elle propose.

Un jeune homme un peu bêta va accepter de devenir le cobaye humain pour augmenter son intelligence. Au début l’expérience excelle et il devient même surdoué mais cette nouvelle intelligence va lui poser divers problèmes, surtout relationnel. J’ai beaucoup aimé ce roman qui a été écrit il y a plusieurs années : 1956 et qui n’a pas pris une ride.

Je ne suis pas fan de science-fiction mais là, je me suis régalée à la lecture de ce livre tellement abouti. L'étude psychologique du héros semble criante de vérité et cela donne à réfléchir sur la condition humaine, notre rapport aux autres et les retombées de certaines découvertes visant à modifier la personnalité. Un livre attachant et bouleversant. L'édition augmentée est suivie d'un texte de l'auteur qui nous raconte comment est née cette histoire dans son esprit et c'est aussi très intéressant.

Plus dure sera la chute. Un débile léger qui veut à tout prix devenir intelligent accepte d'être le cobaye d'une expérience d'accroissement chimique du cerveau.
Il tient un journal : c'est le livre. L'intelligence se développe petit à petit et avec elle apparait la mémoire des brimades passées : les autres enfants ; la mère qui refuse d'admettre la particularité de son fils et veut à tout prix le 'soigner' puis, à la naissance d'une sœur 'normale', le rejette et finit par nier son existence ; les collègues du travail et jusqu'aux scientifiques qui pensent qu'il a accédé à la vraie vie en accédant à l'intelligence.
L'intelligence ne facilite pas vraiment la vie de Charly puisqu'il n'a pas plus d'amis qu'avant et, pour ne rien arranger, le phénomène s'inverse et il commence une lente dégénérescence pour revenir à son point de départ.

Moralité ? la même que pour Forest Gump ou la fable 'la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf'

Hyper classique de la SF qui n'est pas vraiment un roman de SF classique. Plutôt un roman d'introspection, une prise de conscience, un regard dur sur l'anormalité et la façon dont elle est accueillie par les 'normaux'.

Au-delà de ce joli message, un roman assez accrocheur mais qui m'a lassé vers les 2/3 car c'est assez prévisible et pas vraiment captivant. En outre, j'ai trouvé dès le départ (comme Gérard) que l'auteur confondait intelligence et savoir et que la construction du livre crescendo-decrescendo était un petit peu trop schématique.

Bref : je suis content de l'avoir lu et certains passages font réfléchir mais je n'ai pas adoré.

« Des fleurs pour Algernon » n'est pas un livre de science fiction quelconque. Il a pour décor notre époque et l'élément fantastique est minime : on suppose simplement l'existence d'une sorte d’intervention suite à laquelle les facultés de l’intellect humain peuvent être prodigieusement augmentées.
Il n'y a pas de détails truculents, il n'y a pas de virus meurtriers ou des organismes mutants. Il y a seulement l'étonnement d'un homme, Charlie Gordon, jusqu’alors diminué dans ses facultés mentales, qui découvrent avec joie que la vie peut être plus belle de tout ce qu'il aurait pu imaginer. Que l'amour est possible, que le futur est à portée de main et serait un futur de gloire. La réalité, cependant, est plus complexe que ce qu’il semble, même si on devient un génie. L'intelligence et la sagesse semblent ne plus être le bien absolu, car au lieu de rapprocher, ils éloignent.
En plus, l’intervention qui est encore au stade expérimental, commence à donner quelque effet collatéral. L’esprit de Charlie commence à le trahir et le lecteur assiste de nouveau au dramatique remélange des rôles entre qui est « super », qui est « normal » et qui ne l'est plus.
La lecture de ce livre est émouvante et entraînante. La forme d’un journal et l’écriture à la première personne, avec le langage du protagoniste qui change et suit ses événements humains, font participer pleinement le lecteur au drame d'une vie qui est bouleversée et se brûle au nom de la science. Vraiment superbe.

Une oeuvre originale, poussée dans ses derniers retranchements par son auteur, récompensée par deux grands prix de la SF et défiant le passage du temps. Une oeuvre qui pourra réconcilier les frileux de la SF avec le genre en l'abordant via la porte du jardin plutôt que la porte d'entrée des voyages galactiques et autres space opéras. Une oeuvre troublante, émouvante, qui ne pourra que tirer des larmes au plus insensible de ses lecteurs. Inoubliable.

Des Fleurs pour Algernon

Le choix du journal intime était la meilleure forme littéraire possible pour ce roman. On peut noter l'évolution de "Charlie", de sa manière d'écrire, d'interpréter et de voir les choses au fur et à mesure que son QI augmente. C'est un livre qui m'a beaucoup émue.

C'est une lecture bouleversante. Impossible de ne pas faire un lien avec quelques jeunes que j'ai connu/suivi en tant qu'éducatrice. Et cette question par rapport au handicap mental qui revient forcément : ces personnes là sont-elles consciente de leur état ou pas? en souffrent elles? où est la limite de la non intelligence?
« L'intelligence sans la capacité de donner et de recevoir une affection mène à l'écroulement mental et moral, à la névrose, et peut-être même à la psychose. »

Rien que le titre me fait vibrer encore aujourd'hui
Je l'ai lu, relu, prêté, offert, conseillé...enfin bref, il figure dans mes lectures préférées
j'ai apprécié la gradation tant au niveau du style que de l'orthographe, la progression des découvertes et des réflexions...Accompagner Daniel et Algernon a été pour moi plein d'enseignement

Ça part d'une idée assez intéressante: rendre intelligent un handicapé mental, et voir ce que ça donne.
C'est un sujet qui pourrait amener une réflexion sur l'expérimentation humaine, les dangers qui y sont liés, ou alors une réflexion sur l'intelligence humaine, ou sur la psychologie et la psychiatrie, voire sur plein d'autres sujets.
Mais bizarrement ce livre ne m'a pas inspiré grand chose. C'était intéressant, oui, de suivre les évolutions du héros, mais j'étais principalement occupée à essayer de repérer les indices de ces évolutions, plutôt que de me poser des questions de fond sur le sujet. Je suis donc peut-être passée à côté de quelque chose, tant pis.
D'un autre côté, ça manquait aussi parfois d'originalité, dans le sens où les évolutions me paraissaient assez souvent prévisibles.
Un bon moment, sans plus

Un magnifique roman d'anticipation où des chercheurs tentent de rendre intelligent une personne attardée.
On retrouve le thème de la créature qui échappe à son "géniteur" et, comme le dit très bien Gérard, ce livre amène à se poser un certain nombre de questions, en même temps que Charlie, qui vont avec l'accroissement de l'intelligence : y gagne à mieux comprendre les motivations réelles des gens qui nous entourent ? Perd-on nos émotions en raisonnant de manière plus scientifique et rationnelle ? Est-on plus aimé quand on est plus intelligent ?
Bref, le savoir ou l'intelligence, tellement importants dans notre société, ne sont pas forcément liés à notre bonheur...

Une sacrée réflexion sur le bonheur, l'intelligence, la dignité et ce qui les lie.
La démonstration est vraiment terrible dans le roman.
Il pose même la question : L'illusion du bonheur est-ce le bonheur ? Vaut-elle mieux que la claivoyance ? Charlie répond : non. Il préfère la cruelle réalité à l'ignorance et à la perte de la dignité.

Un roman plein d'émotion, captivant et qui ne manque pas de sujets de réflexion.
Une immense réussite

Voici un voyage intérieur, sous la forme d'un journal personnel, qui sortait du lot dans la SF des années 60.
Le lecteur est forcément emporté par le récit de Charlie, dont on suit une progression encourageante, un héros innocent, mais manipulé. Il nous amène ainsi à nous poser quelques questions sur l'éthique d'une recherche scientifique appliquée qui se voile la face sous l'alibi technique, sur le regard et le traitement par la société envers les handicapés...
Il me semble effectivement que dans le contexte des années 60, cette fable psychologique détonnait et qu'elle a pu accéder au rang de classique de la SF. Elle ne pouvait que se cantonner à ce genre et finalement n'a pas vraiment de portée universelle. Le texte a vraiment vieilli à cause d'un travail littéraire certes maîtrisé (orthographe, grammaire, construction du scénario) mais trop visible.
Ma lecture a été plutôt laborieuse car le déroulement de l'histoire est prévisible, il n'y a pas vraiment de surprise sur l'écriture et j'ai comme un arrière-goût de tromperie, ou du moins j'ai l'impression que l'auteur ne s'implique pas dans la réflexion qu'il cherche à susciter. Peut-être une volonté de ne pas paraître moraliste, ou de permettre au lecteur de se poser ses propres questions.

Montée en un paradis infernal et redescente en un doux enfer, cette histoire est d'une finesse et d'une sensibilité à fleur de peau. Le livre nous entraîne dans un tourbillon de sentiments finissant par nous saisir à la gorge jusqu'à sa dernière ligne, si bien que l'on met longtemps à réaliser que ce qu'on vient de lire n'est qu'une fiction.

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Ce livre est lâché par l'équipe de bibliothécaires du Val d'Orge dans le cadre des Chemins de lecture du 13 au 21 octobre 2007.

Ville du lâcher : Ste-Geneviève-des Bois - Date du lâcher : 16/10/2007

Bravo, vous venez de découvrir cet ouvrage qui vous plaira comme nous l'espérons... Bonne lecture et merci de participer à cette aventure !

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Ce livre est lâché par l'équipe de bibliothécaires du Val d'Orge dans le cadre des Chemins de lecture du 13 au 21 octobre 2007.

Ville du lâcher : Villemoisson-sur-Orge - Date du lâcher : 13/10/2007

Un livre plein d'émotion (j'ai souvent été au bord des larmes) et qui fait réfléchir sur notre attitude vis-à-vis de ceux qui sont différents.
Une lecture dont on sort enrichi, ce qui est pour moi le propre d'un bon livre, d'autant plus qu'on ne s'ennuie jamais.

Commentaires de Gérard :
Plus psycho-fiction que science-fiction, cet émouvant roman pose diverses questions fondamentales centrées sur l’intelligence (bien qu’il fasse parfois un amalgame discutable entre intelligence et connaissances et soit quelque peu moralisateur). La plus immédiate concerne ses relations avec le bonheur, bien sûr, mais cela va beaucoup plus loin avec une réflexion sur les rapports humains et la communication. Il amène à se demander si l'accroissement des facultés intellectuelles n’entraîne pas une certaine diminution des qualités de cœur et souligne que la valeur la plus importante reste la dignité humaine, avec son fondamental besoin d’amitié.
Il nous rappelle aussi l’importance de l’éthique et de l’humanisme dans la science, ainsi que l’erreur commune de notre société consistant à rejeter ce qui n'est pas conforme à la norme majoritaire.
Belle performance aussi que ces variations d’orthographe et de syntaxe, qui se modifient selon le niveau intellectuel du héros.

Charlie Gordon est un "idiot". Il n'a pas un QI élevé, mais il sait que si il est gentil les gens l'aimeront, et puis il a très envie d'apprendre.
Alors Charlie devient cobaye d'une expérience scientifique. Le but : faire de Charlie Gordon un être intelligent, voire surdoué.
il devient doué Charlie, il devient intelligent, mais est ce que ça durera ? est ce que ça le rendra vraiment heureux ?

J'ai pris cette histoire comme le témoignage d'une évolution intellectuelle et de l'acquisition d'une maturité (Charlie l'enfant innnocent devient intelligent, puis homme). Mais pour moi la question est aussi celle-ci : l'intelligence rend-elle heureux ?

Et du coup ça m'a rappelé, Comment je suis devenu stupide, de Martin Page, qui évoque l'hypothèse inverse (être intelligent rend malheureux donc il faut devenir bête) mais qui est bien moins convaincant.

et pour finir,
l'ouvrage est un classique dont on a déjà beaucoup parlé ici mais plutôt dans les forums "adultes". J'ai trouvé mon exemplaire dans un rayon jeunesse, et, après tout, c'est accessible aux adolescent, dès la fin du collège, je pense. Donc voilà, je fais une note en jeunesse.

Etre un telligent ne rend pas heureux, on dirait.

Charlie Gordon a connu la douloureuse béatitude de celui qui sait tout, mais était t il vraiment épanoui ? Réponse , Non.

On est presque heureux de le voir retourner à l'Asile à la fin du livre, et comme disait l'autre "heureux les simples d'esprits" n'est ce pas ?

Très belle découverte en tout cas.

Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit employé dans une boulangerie.
Je n’en dis pas plus, même si « des fleurs pour Algernon » n’est pas un livre qu’on lit pour le suspense. On sait pertinemment ce qui va se passer, mais on le lit quand même… Jusqu’au bout… et c’est atroce. Peut-on vivre une expérience plus terrifiante ??
Ce livre évoque tellement de choses : la distance entre capacités intellectuelles et maturité émotionnelle, les dangers de la science lorsqu’elle se croit omnipotente, la difficulté d’accepter les autres lorsqu’ils sont différents… Qui est le Charlie le plus heureux, l’attardé ou le génie ?
Cette lecture m’a mise dans un état de mal-être sans commune mesure avec les livres généralement traumatisants (sur la guerre etc.). Je le savais avant même de l’ouvrir, mais parfois il est important de ressentir de tels sentiments.

Ce livre est d'une rare force. Quand la SF abadonne ses télétransporteurs et autres sabres laser pour explorer un futur plausible et parfois terrifiant tout en offrant par ce biais un éclairage sur les hommes que nous sommes, j'adore et comme ici, je suis ému aux larmes. "Des fleurs pour Algernon" est un livre bouleversant.