[La trilogie de Bartiméus. T. 2, L'Oeil du golem | Jonathan Stroud]
Voici l'irrésistible ascension de Nathaniel alias John Mandrake au sein de l'empire de Grande-Bretagne. Jeune magicien nommé sous-chef des Affaires internes au gouvernement, il est sommé de faire ses preuves car la Résistance attaque et demeure invisible. 663 pages ! C'est étrange de constater à quel point les descriptions de villes, de tenues vestimentaires ou de paysages découragent la lecture et amollissent le fil de l'intrigue : "Une pleine lune énorme, éclatante, dont les nuances allaient du blé à l'abricot, dominait majestueusement le ciel au-dessus du désert. D'impalpables écharpes nuageuses striaient passagèrement sa face imposante avant de rendre le firmament à sa nudité bleu nuit, luisante comme un ventre de baleine cosmique." Ca continue avec "le clair de lune qui lèche les dunes", "le ravin dérobé", "la brume dorée"... Le poids de l'ennui leste dangereusement les paupières du lecteur le mieux disposé. Pourtant, sous ce verbiage accablant, sous ces poncifs poussifs, l'histoire est beaucoup plus prenante que dans le premier tome. L'intrigue est à échelle humaine. On comprend pourquoi et comment Kathleen Jones, dénommée Kitty, rejoint la Résistance dirigée par Monsieur Pennyfeather, marchand de couleurs. Bartiméus n'arrive qu'à la page 139 et remet agréablement les pendules à l'heure face à Nathaniel, arriviste et prétentieux : "Bien sûr, je pensais bien que tôt ou tard je me ferais à nouveau invoquer par un crétin à chapeau pointu mais le même imbécile que la dernière fois, ça, j'étais loin de m'en douter !" Le golem qui dévaste Londres et le démon qui surveille la tombe de l'illustre magicien Gladstone vont se rejoindre. Qui est cet employé de la British Library, Monsieur Hopkins, "si banal qu'on l'oubliait instantanément, même en sa présence ?" A partir de ses renseignements inexacts, il va précipiter les Résistants dans le cauchemar grand-guignolesque. On assiste, incrédule et subjugué, à la scène du caveau. Le récit monte en puissance pour atteindre une intensité inégalée. L'afrit (démon supérieur) qui anime les os de Gladstone est une trouvaille du meilleur tonneau issue du meilleur caveau. L'incursion de Mandrake et Bartiméus à Prague, rue d'Or, auprès du magicien Kavka afin de dénicher l'origine des golems est un grand voyage en Absurdie. On ne s'ennuie plus jamais jusqu'au dénouement quand les monstres s'affrontent. Kitty reste probablement le personnage le plus attachant. A la fin, on se dit qu'on en prendrait bien encore pour 600 pages, histoire de connaître l'identité du grand méchant qui tire les ficelles depuis le début et de clore ainsi en beauté la trilogie de Bartiméus.
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