Belle or Nobel ? Telle est la question comme on disait au temps de l'Inquisition ! La dynamite et la beauté d'Angela ont partie liée dans ce western trépidant dessiné par Olivier Vatine (après douze années d'absence aux pinceaux) et scénarisé par Daniel Pecqueur (accro aux manettes de bolides sur circuits fermés et maître d'oeuvre de Golden City). L'histoire fonce à cent à l'heure dans cette Amérique du XIXe siècle. Les larmes coulent, les colts aboient, la dynamite explose dès les premières pages. Flash back dans ce one-shot avec un plan raccord éclatant. Angela retourne dans son passé et retrouve son père instituteur qui lui explique que la dynamite est faite avec de la nitroglycérine. Il ajoute, pédagogue et humaniste : "C'est un savant suédois qui a mis au point ce puissant explosif. Il s'appelle Alfred Nobel. C'est une belle invention. Elle permet aux hommes de percer les montagnes qui les séparent. Dommage que des criminels l'utilisent pour tuer." On est au coeur du dilemme. "Qui fait l'ange fait la bête" aurait dit Pascal. Joyce, la mère d'Angela, renoue avec Jason, un amant d'il y a douze ans (l'âge d'Angela à ce moment du récit), aventurier, forçat, révolutionnaire et prospecteur minier malchanceux. Virgil, l'instit au piquet, surprend les retrouvailles et oublie les bonnes manières, tout en pétard qu'il est avec son fusil de chasse. Le pugilat dérape et tourne au drame. Virgil retourne définitivement au piquet. Joyce, Angela, Jason nouent ensuite leurs vies autour d'une mauvaise mine qui les épuise et ne crache rien de bon. Le salut va peut-être venir de Horace Pearson, ancien pote de piaule au pénitencier, qui propose un hold-up de train ? Tout vire au carnage. Les têtes brûlées font voler en éclat les cervelles. Maman meurt. Jason brûle. Horace dégage. Angela est prête à donner le point d'orgue à la tuerie mais le retour opportun des lunettes de son père lui permettent d'y voir clair et lui évite d'être de mèche... avec les tueurs. On ne peut guère reprendre son souffle tant le rythme est échevelé, l'histoire sans temps mort, les cadrages audacieux. On pourrait se croire dans un western spaghetti mais dopé aux amphétamines (Sergio aurait bouffé du Leone). Les visages à la limite de la caricature, les postures outrées rendent, par contraste, les impacts de balle encore plus douloureux. En dépit d'une histoire convenue, de personnages stéréotypés, on en redemande, en couleur et en cinémascope.

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