je viens de finir une petite note sur un livre que j'ai plutôt bien aimé (lelivre).
et je m'aperçois que je n'ai pas dit grand chose et que plus généralement j'ai du mal à faire ressortir l'enthousiasme que j'ai ressenti.

alors que quand je tombe sur un livre qui m'a déçu...
alors là, je dois me retenir car tout le fiel et la méchanceté qui m'habitent (c'est bien connu) me rendent à ce point prolixe que je dois réfréner mes mauvaises ardeurs.

est ce le cas aussi pour vous ou suis-je définitivement passé du coté obscure de la force.

eh bien je trouve que ta note de lecture fait très bien ressentir ton enthousiasme, tu me donnerais presque envie de me mettre au roman noir !

pour ma part, c'est critiquer (positivement ou négativement) tout simplement qui me pose problème :
soit j'écris la note dès la fin du livre, à chaud, et quelques jours après quand je la relis, elle ne reflète pas forcément ce que je "ressens" encore du livre après reflexion (cf Une Adoration de Nancy Huston, mon avis évolue sur ce livre),
soit j'écris la note longtemps après, quand le livre a décanté, mais dans ce cas j'ai oublié l'histoire et n'ai retenu que l'"essence", ce qui donne une note de lecture très floue pour celui qui ne connait pas le livre...
et je ne parle pas du style, de la forme de la note, lamentablement banale (n'est pas écrivain ou journaliste qui veut)...

bref, l'Agora est pour moi un exercice épuisant et très ingrat !

on est bien d'accord ! mais quand on est légèrement perfectionniste, on a du mal à accepter la médiocrité de ses propres propos...

mais c'est bien pour ça que je reviens régulièrement : ici pas de jugements péremptoires et de commentaires déplacés, c'est cool, et ça fait du bien d'échanger et de réfléchir.

pas de fausse modestie...
à ceux qui essaient de faire des notes un peu construites ou humoristiques: c'est bien dans le but d'être lu, de donner envie, de faire sourire ou de provoquer des commentaires..
bref de faire réagir ces lecteurs en parlant de sa passion.

c'est simplement plus facile pour certains ou pour certains livres.
(à tel point qu'on recherche plus volontiers un critique que le sujet qu'il traite)

ma question reste, est il plus facile d'être drôle et méchant en critiquant (au hasard)... le dernier Weber
qu'encenser sans devenir pontifiant (toujours au hasard) n'importe quel jack vance.

Je suis d'accord avec toi : Il est plus facile de ne pas s'impliquer, de ne pas se laisser emporter... la distance apportée par la critique, et éventuellement les sarcasmes, ça vous donne tout de suite une posture plus intelligente... en apparence.
Dans mon cas, l'enthousiasme devient vite grandiloquent, voire niaiseux

ma première réflexion était de me dire que, élogieuse ou pas, l'art de la note peut être difficile, quand on veut faire une note honnête, qui reflète parfaitement ce qu'on en a pensé...

Mais après avoir un peu cherché dans ma tête les livres que j'ai aimés, et surtout ceux que je n'ai pas aimés, je réalise que souvent, les livres que j'ai pas aimés sont justement ceux pour lesquels il est très facile d'être honnête, l'exemple de werber est assez bien trouvé dans le genre: on sait pourquoi on a pas aimé, on le sait très vite, la note vient un peu de soi.
la difficulté pourrait être alors de quand même lui trouver un aspect positif, qui explique qu'on a accepté de le lire jusqu'au bout.

à l'opposé, un livre aimé, en tirer l'explication la plus pertinente du pourquoi on a aimé, sans trop en dire sur le livre ("alors j'ai bien aimé le livre parce qu'à la fin le héros il meurt"), alors là c'est autre chose, mais je ne crains pas trop de tomber dans le lyrisme le plus mirobolant, en fait ça m'est égal.

Là où je rejoins Teresa, c'est sur le fait que l'avis qu'on peut avoir d'un livre évolue avec le temps; du coup j'ai un peu deux types de notes de lecture: celles écrites pas longtemps après lecture, toutes fraîches dans la tête, et celles qui finalement ne font que décrire les impressions qui me restent d'un livre - c'est un autre travail, mais que je trouve assez intéressant aussi: pourquoi tel ou tel livre nous a marqué, un certain temps, voire un temps certain, après lecture?

(je dévie complètement du sujet, là, non? désolée)

ceci étant dit, je pense que oui, tony, tu es définitivement passé du côté obscur de la force

C'est ce que disait Cavanna, en tout cas : il estimait que les critiques littéraires les plus sincères étaient amenés malgré eux, par simple réflexe narcissique (il ne le dit pas comme ça, j'interprète), à être plus volontiers fielleux qu'apologiques.
En effet, selon lui, le registre polémique, l'invective, la satire, l'ironie, sont des techniques plus riches, valorisant davantage votre style, et proposant des prolongements et des progressions thématiques, là où l'enthousiasme n'a guère que le lyrisme, qui vous fait passer pour le ravi de la crèche, et vous en avez tôt fini avec votre sujet.
Il terminait en disant (de mémoire) : "Les lecteurs aiment les peaux de vache pleines d'esprit".

Très intéressante et très pertinente, cette question ! Je vais y répondre de deux façons.

La première chose qui me vient à l'esprit est que oui, il est beaucoup plus facile d'expliquer pourquoi on n'a pas aimé un bouquin que pourquoi on l'a aimé. Les raisons que vous donnez sont très vraies : on peut facilement avoir l'impression de passer pour un érudit lorsqu'on dénigre un écrit. J'ajouterais aussi que ces commentaires "négatifs" sont dans la même veine que celle que chacun d'entre nous emploie quotidiennement dans la vie : les discussions tournent beaucoup plus autour de ce qui ne va pas qu'autour de ce qui va. Pour prendre un exemple, on peut réfléchir à ce qui se passe lorsqu'une décision politique est prise : si cette décision contente tout le monde, on n'en entend plus parler très rapidement ; tout le monde est content et le débat est clos. En revanche, si cette décision dérange, alors...

Pour en revenir à la littérature, même si je ne fais pas de commentaires sur ce site concernant mes lectures, j'en fais sur un autre. Etant "spécialisé" dans la lecture de petits auteurs inconnus (premiers romans ou petits éditeurs), j'ai pris le parti de ne mettre en avant que les lectures qui m'ont plu. Autrement dit si j'aime, je commente ; si je n'aime pas, je ne dis rien. Cette façon de procéder peut aller à l'encontre des convictions de quelques uns mais étant donné l'importance que peuvent parfois refléter ces commentaires "publics" pour ces petits auteurs (ce sont parfois les seules critiques qu'ils auront), je ne m'estime pas assez connaisseur ou impliqué pour pouvoir me permettre de dénigrer un livre publiquement. En revanche, quand je n'aime pas, je le dis en privé à l'auteur et je lui explique pourquoi.
C'est une façon bien particulière de fonctionner mais je dois reconnaître que dire ce qu'on a aimé dans un livre est souvent plus abstrait que d'expliquer ce qu'on n'a pas aimé. On aime une ambiance, une atmosphère, une trame ; on n'aime pas une façon d'écrire, une histoire, un style...

Qu'apprends-je ? Tu reserves tes notes de lectures à un autre site ? Hum ... pas bien ça !

Zut ! Je suis fait !

Je fais des commentaires pour le site E-litterature, mais je ne pense pas qu'il y ait la moindre concurrence entre sites littéraires. Je pourrai ramener ici mes critiques ; il faudrait que je prenne le temps... Je tâcherai d'y penser la prochaine fois