Orphelin, Pip est élevé à la main (leste) par sa soeur, et grandit dans les marais, près de Londres. On fait de bizarres rencontres, dans ces marais: il y passe parfois des forçats en cavale, prêts à terroriser un enfant pour un morceau de pain. Mais les vieilles dames qui vivent en ville, tout près, sont-elle vraiment plus recommendables? L'effroi qu'elles inspirent et les pièges qu'elles tendent ne sont-ils pas autrement dangereux?
On ne se remet pas de son enfance, et Pip ne se remettra pas de ses rencontres: le forçat affamé, Miss Havisham moisissant debout dans ses vêtement de future jeune mariée, la trop belle Estella, Joe le forgeron aussi simple que bon... Adulte, promis à des espérances aussi grandes que mystérieuses, devenu un "monsieur", Pip aura bien du mal à concilier ses origines marécageuses et ses amours inaccessibles, et à retrouver le coeur pur de l'enfant qui sans savoir ce qu'il faisait sauva un homme, dans le marais.
Intriguée par les baskets de Miss Havisham dans Délivrez-moi!, de Jasper Fforde, je décidai de revenir à mes classiques. Bien m'en prit! De grandes espérances est un vrai régal, sublimement écrit (tiens, c'est marrant, je viens de lire une nouvelle mettant en scène un "faux" Dickens dans Je chante le corps électrique, de Bradbury), sublimement construit (un roman qui, pour une fois, ne ressemble pas aux puzzles que j'aime tellement, mais plutôt à une broderie, un tableau tissé de fils entremêlés), et si le rythme est un peu long, comment se plaindre de ce regard qui sait si bien s'attarder sur les âmes et les paysages, qui néglige avec tant de sagesse formes et couleurs pour ne rendre que les plus brumeuses des ambiances, les plus tourmentés des sentiments?
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