Un chapitre d'ouverture qui prend aux tripes: dans la Russie gelée des dernières campagnes de la deuxième guerre mondiale, les soldats souffrent, mais certains parviennent jusqu'aux bains construits avec talent et ingéniosité par quelques femmes, près de l'hôpital où des enfants viennent les distraire et, parmi eux, un jeune danseur: Rudik Noureïev.
Danseur est moins l'histoire de sa vie que celle de sa passion pour la danse, un besoin plus qu'une vocation. Ce sont les voix de ses proches qui racontent, qui tissent l'image floue et contrastée d'un génie égocentrique, flamboyant, toujours fuyant. Les voix russes, celle de l'enfance et de la jeunesse, avant le passage à l'ouest, sont les plus émouvantes, les plus parlantes. On n'entend d'ailleurs jamais la voix de Rudi: on ne lit que quelques collages, des mots notés à la va-vite qui font l'inventaire du quotidien, ramassent sur le même plan les détails infimes, les événements importants, les blessures affectives - mais parlent moins bien de lui que ceux qui l'aiment et l'admirent sans le comprendre tout-à-fait.
C'est très triste finalement, ce roman, cette vie d'insatisfaction: l'argent ne rachète pas l'exil, la "désertion"; la libération sexuelle ne compense pas la difficulté à assumer son homosexualité; et la reconnaissance et le succès ne sont pas la perfection recherchée toute une vie. C'est très beau aussi.
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