[Retour à la Terre. T. 1, La vraie vie | Manu Larcenet, Jean-Yves Ferri]
Si les tranches de vie de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri égalent des gags saucissonnés sur une demi-planche, obtient-on pour autant des identités remarquables ? Autobiographie parodique, Le Retour à la terre, à travers son premier tome intitulé La Vraie vie, raconte sur un mode aigre-doux l’installation de Mariette et Manu dans une location pour un an aux Ravenelles, village bien loin de Juvisy et des miasmes franciliens. Personnages et décors manquent d’épaisseur mais la lisibilité du dessin permet une compréhension instantanée des gags qui courent parfois sur plusieurs pages. Certains déclenchent l’hilarité à l’exemple du chat amorphe que Manu promène à bout de bras. Le chasseur à moustache du cru lui rétorque : « Bravo ! Joli coup ! ». Dit comme ça, ce n’est pas drôle mais le dessin sait ramasser l’incompréhension qui unit tous les protagonistes à l’exemple du maire hirsute et nanti d’un parapluie, ermite illuminé depuis son redressement fiscal et vision délirante, après un bon coup de gnôle, pour le guitariste du groupe Les Groggies. La confrontation du citadin avec la réalité, au-delà de son écran d’ordinateur, montre une certaine méconnaissance du monde rural par les auteurs eux-mêmes. On assiste, un peu ahuri, à une caricature d’un monde révolu. Les châtaigniers pourrissent sur pied, minés par l’encre et la graphiose, redoutables champignons ; les éleveurs sont high-tech et les troupeaux de vaches sont devenus des UGB (Unités gros bétail) ; la neige n’est plus aussi abondante et tenace qu’avant. La terre est remembrée, laminée aux nitrates et aux pesticides... Il convient donc de déguster de façon raisonnable la chronique de Manu et Mariette sinon il faudra faire attention aux ballonnements. Les sucreries acidulées comme lard ce n’est qu’à consommer avec modération.
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