Dans cet
exemplum philosophique, un observateur faussement naïf rapporte le désespoir d'un brahmane que toute sa sagesse ne parvient à instruire sur les concepts essentiels à la philosophie et qui en souffre doublement puisqu'il ne parvient pas à faire ce qu'on attend de lui, à savoir instruire ceux qui ont besoin d'éclaircissement. Il vivait dans le voisinage d'une femme très heureuse de pouvoir se mettre en règle avec la divinité ou le monde en buvant de l'eau du Gange et n'y regardant pas plus loin.
Le paradoxe est que tout le monde convient qu'il vaille mieux être heureux qu'instruit et malheureux ; mais qu'aucun de tous ces malheureux doctes ne voudraient se passer de la raison pour autant !
Un très bref conte que Voltaire n'a pas été tenté de trop délayer. Il est donc excellent.
Citations :
Frappé du bonheur de cette pauvre créature, je revins à mon philosophe, et je lui dis : « N’êtes-vous pas honteux d’être malheureux, dans le temps qu’à votre porte il y a un vieil automate qui ne pense à rien, et qui vit content ? - Vous avez raison, me répondit-il ; je me suis dit cent fois que je serais heureux si j’étais aussi sot que ma voisine, et cependant je ne voudrais pas d’un tel bonheur. »
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