Nivières, un jeune et bel avocat, se rend, non sans émotion anticipée, au château d'Ionis mandaté par son père : il s'agit de convaincre la séduisante Mme d'Ionis de ne pas perdre exprès un procès par charité et contre ses propres intérêts. En son absence, il est hébergé au château sur la proposition de la belle-mère, la douairière d'Ionis, qui parle de trois pains à placer dans sa chambre... Zéphyrine, sa suivante, vient lui expliquer cette étrange idée : la douairière est persuadée que le château est hanté par trois jeunes femmes des siècles précédents, empoisonnées, qui ont besoin qu'on leur serve des mets sains. Zéphyrine abjure Nivières de feindre avoir reçu une visite, afin que sa maîtresse ne se tourmente pas.
Quand Nivières, par complaisance, accepte, il est l'objet, à sa grande stupéfaction, d'une visite ressemblant à s'y méprendre à celle que la douairière appelait de ses vœux. Il joue alors un double jeu : il entre dans les vues de la douairière mais prétend à Madame d'Ionis, la belle belle-fille, dont il n'est pas loin de s'éprendre, et qui est un esprit fort, qu'il n'a absolument rien vu... car elle ne croit pas elle-même aux esprits.
Tout va basculer quand le pauvre avocat va essayer de passer une deuxième nuit dans la chambre...
Un régal, tous ces mots recherchés que j'ignorais : on sert à M. Nivières un "ambigu" (repas du soir dont tous les éléments étaient posés sur la table), Zéphyrine souffre d'un "blaisement" (mon logiciel souligne le mot, même dans son autre orthographe "blésement")... C'est remplacer un phonème difficile à prononcer par un autre...
Bref, sur le récit lui-même, alors que je me croyais dans un récit de type romantique gothique (Sand ne fut-elle pas jusqu'à la fin de sa vie une représentante de ce mouvement ?), passablement échevelé et frôlant le ridicule, il bascule soudain... peut-être trop. Et frise, paradoxalement, l'invraisemblance dans son dénouement rapide : on croirait celui d'une comédie.
Je reste contente d'avoir découvert ce bref récit très contrasté.
Citations :
Je me fis plus enfant que je n'étais pour la mettre à son aise ; car je remarquai vite qu'elle était de ces femmes du grand monde qui ont su se passer de la plus médiocre intelligence, et qui n'ont aucun besoin d'en rencontrer davantage chez les autres.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]