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[Le Bal masque de Théodore Reinach | Sophie Rabau]
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Swann




Sexe: Sexe: Féminin
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Posté: Ven 18 Oct 2024 22:56
MessageSujet du message: [Le Bal masque de Théodore Reinach | Sophie Rabau]
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Le défi C-Maupin (forum 17 du Bookcrossing) m'imposait un livre de la rentrée littéraire 2024 - et je ne suis pas contre un peu plus de lectures contemporaines ! Babelio cherchait conjointement à ce que ses lecteurs tâchent de bloguer toute la rentrée littéraire et ce livre-là n'avait pas encore trouvé preneur·euse.

La quatrième de couverture me replace sur la côte d'Azur du temps de ma prépa, et me rappelle l'anecdote qui m'avait été rapportée d'un original qui invitait à ses Feriae Latinae quiconque était capable de lui donner la réplique fluidement en latin à l'entrée de sa villa... à une époque où se prévaloir de cette compétence en trichant était impossible !... Cela a guidé mon choix.

Nous sommes à Beaulieu-sur-Mer, dans les années vingt où un universitaire, Théodore Reinach organise un bal costumé dans sa ville Kérylos. Une des invitées est la grand-mère de l'autrice, Marika Anninos ; en réalité, elle est l'instigatrice de ce bal masqué. Elle vient d'une Grèce contemporaine, certes profondément marquée par son patrimoine matériel et culturel antique (cf. La Langue maternelle, d'Alexakis) mais, que tous ces Français fanatiques d'Antiquité le veuillent ou non, la Grèce, c'est aussi la sienne.

Incroyable claque : c'est Ulysse qui s'adresse à nous et révèle qu'il n'a pas navigué seul en partant de chez les Phéaciens, il a fini par quitter le navire en faisant la planche. Et soudain, l'évidence me frappe : Ulysse est le roi d'une petite île grecque, il était censé surtout savoir se battre ; comment diable aurait-il pu naviguer seul ? Le texte est fantaisiste, on le voit aux bristols d'invitation au bal masqué qui s'adresse à des personnages mythiques, quel que soit le sens que l'on donne à ce mot. Ce sera ensuite Sappho, la Traviata... Il est question d'un certain André, chaque fois, comme c'est étrange...

Mais entre ces bristols, une étrange histoire se tisse, faite d'éléments qui ont fait se rencontrer Marika Anninos et Théodore Reinach. J'ai eu une étrange impression, comme si l'autrice inventait les détails, était entre le plausible, le probable et la vérité reçue. Cela ne fait que pimenter l'histoire. Entre ce fil directeur qui fait augmenter le suspense, car on est loin de savoir comment l'une va organiser le bal de l'autre, l'histoire malheureuse d'une femme déracinée et dont la belle-sœur vole la maternité me touche.

Le livre fait ressentir cette problématique que de l'appropriation de la Grèce antique et de ses mythes, de ses personnages si anciens qu'ils sont des mythes dont les héritiers sont comme des pastiches : par exemple, autant j'ai été amusée de cet Ulysse improbable, autant j'ai eu une petite moue à cette Sappho de Mytilène qui parle comme une sorte de punk, qui nous réitère la voix intérieure des personnages de Virginie Despentes. Ne nous méprenons pas, Despentes est ma chouchoute, mais ma Sappho est plus hiératique que ça : elle erre entre les éditions des Mille et Une Nuits et les Budé, chez moi ! Elle est reprise par Véronique Ionatos et Nena Venetsanou dans ma discothèque, que diable ! Je veux bien qu'elle ne soit pas prof de Conservatoire, comme le lui fait dire Sophie Rabau, mais pour moi, ce n'est pas loin d'approcher son aura ; je ne l'imagine pas non plus si subjuguée par Bob Dylan...

Après les cartons d'invitation, les différentes chroniques du bal elles-mêmes... le problème, c'est que malgré la virtuosité de leurs différents récits, à la fin, le maniérisme des name-dropping entre Histoire et légende, jet-set et anonymes, ont fini par causer mon ennui alors même que je salue toutes les idées incroyables de l'autrice et la survenue inattendue de la question des migrants de la Méditerranée...

Citations :

* Marika prend l'air compatissant qu'on lui a appris à prendre devant le désespoir masculin.
* Aussi vrai que je m'appelle Sappho et que j'ai cassé ma première gratte à cinq ans, si j'étais tombée de cette falaise, je serais pas sur un bateau, siège inclinable, superior desk, comfort class, , kit boules quies et couverture gracieusement fournis ainsi qu'une bouteille d'eau, qu'ils disent, mais il n'y en a jamais, et Phaon ne serait pas en train de ronfler béatement à côté de moi, sur son siège inclinable, et mes trois frangins au complet ne seraient pas en train de tanguer au bar, chacun un verre de raki à la main. Je sens venir de loin un très mauvais plan.

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