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[Moana | Marco Giusti]
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Sexe: Sexe: Masculin
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Posté: Mar 03 Sep 2024 17:20
MessageSujet du message: [Moana | Marco Giusti]
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Quiconque connaît la culture populaire italienne des années 1980 ne peut ignorer le nom et sans doute le corps iconique de la reine de la porno de l'époque : Moana Pozzi (1961-1994). Cette jeune femme (disparue prématurément d'un cancer du foie) « de bonne famille », bourgeoise et très catholique, ayant emboîté le pas mais sûrement dépassé en célébrité (nationale) et en cachets sa consœur et éternelle rivale Ilona Staller (alias Cicciolina), se fraya un chemin resplendissant dans le X à l'heure de l'apogée des cassettes VHS, ni par besoin ni par féminisme, et s'essaya avec un succès fulgurant dans une multiplicité d'activités en parallèle avec la pornographie : de la comédie cinématographique à la politique, de la télévision (présentatrice d'émissions et invitée à tous les plateaux) à l'écriture, jusques et y compris à la pédagogie sexologique pour enfants! Elle se bâtit une robuste fortune et fut toujours appuyée par une kyrielle d'amants riches et puissants ou bien totalement anonymes – parmi lesquels des politiques très influents, des sportifs de haut niveau, des entrepreneurs et hommes d'affaires, plusieurs mafieux, une multitude de personnalités du show-biz, son entraîneur de plongée avec qui elle se maria en secret, et jusqu'au dernier toxicomane du coin. Mais surtout, elle parvint, ce qui me paraît tout à fait extraordinaire mais en même temps absolument révélateur de l'air du temps, irréel, doré, et déjà si pré-berlusconien de cette décennie et de la première moitié de la suivante en Italie, elle parvint dis-je à être prise au sérieux dans le milieu artistique, journalistique, bref auprès des créateurs de la culture populaire, faisant fi de sa carrière – normalement stigmatisante – de travailleuse du sexe. Sans doute, contrairement à Ilona Staller-Cicciolina, possédait-elle une certaine élégance acquise à un jeune âge, une propriété de langage et quelques intérêts pour la culture légitime qui la rendaient crédible dans des débats sérieux ; mais elle ne fit jamais étalage d'un intellectualisme qu'elle ne maîtrisait pas, sachant toujours garder une véritable « adéquation » avec les différents milieux dans lesquels elle évoluait sans de ce passage de l'un à l'autre ne sonne faux, inauthentique par rapport à sa propre identité : crédible en parlant de féminisme, crédible comme chrétienne ayant néanmoins son mot à dire contre le moralisme sexuel, crédible en campagne électorale (battue pourtant), sachant porter le tailleur un soir, s'exhiber nue ou sobrement habillée sur un plateau télé le lendemain, mais spontanément et naturellement « en tenue professionnelle » dans les spectacles les plus outranciers (sans reculer devant le contact physique avec les spectateurs, la masturbation réciproque sur scène, le langage le plus ordurier), sachant enfin répondre aux plus grands journalistes de l'époque comme Indro Montanelli, et se faire admirer de réalisateurs comme Fellini, de musicologues distingués qui l'emmènent à la biennale de Venise, d'historiens de l'art, de grands stylistes ; jusqu'à se faire parodier par une grande comédienne de gauche – Sabina Guzzanti –, signe que son « personnage » était suffisamment reconnaissable du grand public, au moins autant que ses formes plantureuses, son teint laiteux et sa chevelure blonde l'étaient de la part des aficionados du porno...
Le biographe pose qu'elle cultivait une « logique », une cohérence impeccable dans la construction dudit personnage, en vue de son « ascension mystique » vers les plus grands succès dans le show-biz. En d'autres termes, par la caisse de résonance incomparable constitué par la télévision, où elle avait été propulsée par son très puissant amant politicien, le patron des socialistes Bettino Craxi, sa « figure national-populaire » de diva fonctionnait aussi bien dans le hard-core que dans les salons petits-bourgeois que, osons le dire, dans un certain milieu intellectuel. Par ailleurs, elle s'échina à répéter qu'elle n'était pas actrice car elle ne mettait en scène qu'elle-même, ses convictions et notamment ses préférences et habitudes sexuelles. Un tel talent personnel aurait-il suffi dans un autre contexte socio-culturel – dans un autre pays et à une autre époque, avec d'autres moyens techniques de production de la culture de masse ? Il me semble que la question mérite d'être posée...
Dans une série de (trop nombreuses) thématiques abordées sous forme de courts chapitres (cf. Table), l'auteur privilégie de donner la parole très principalement à la protagoniste. Sa propre contribution explicative se résume à un texte en italiques en ouverture de chaque chapitre ; dans le corps du texte, la parole est laissée à Moana, avec d'occasionnelles interruptions par des paragraphes signés par d'autres personnes – la nature de citation aurait pu être mieux explicitée typographiquement. Puisque la rédaction de l'ouvrage est posthume, il ne s'agit naturellement pas de contenus d'entretiens, ni de thématiques qui auraient été traitées systématiquement par l'héroïne : le travail a consisté à regrouper des fragments venant sans doute d'une foison de sources et de contextes. Ce caractère fragmentaire et parfois répétitif ne rend à mon sens pas justice aux talents argumentatifs et oratoires de Moana. D'autre part, en dépit de la problématique sociologique posée et même du postulat sur l'existence de ces mêmes talents chez l'héroïne, un certain « voyeurisme » biographique prédomine – par ex. sur la question de sa sexualité en-dehors de la sphère professionnelle – qui est sans doute le fruit des sources d'époque ; il en va de même pour l'iconographie du milieu du livre, tirée des affiches des films et jaquettes de cassettes pornos, de quelques photos de tournage, de shootings publicitaires ainsi que de rares images de la campagne électorale : elle se compose donc presque uniquement de photos « de charme », où la protagoniste est plutôt dénudée et affiche des attitudes franchement aguicheuses. Enfin, il manque totalement l'historicisation et la contextualisation critique que permettraient pourtant les deux décennies (trois désormais) depuis la disparition de Moana Pozzi. Ne se rend-on pas compte en 2014 que des épithètes dithyrambiques tels « la musique de la chair » ou « Grande Mère méditerranéenne » étaient eux mêmes tellement connotés « années 80 » ? Qui s'en servirait encore depuis #MeToo et la Grande migration à travers la Méditerranée ?



Table [ma trad. avec appel des cit.]

Introduction [cit. 1]

- Être Moana
- Moana et le sexe
- Éducation sexuelle [cit. 2]
- Moana et la vulgarité [cit. 3]
- Moana et le corps, le sien
- Être une femme [cit. 4]
- Les hommes et les gays
- Moana et Ilona
- Pornographie, obscénité et perversion
- Moana et l'amour
- Ma vie, mon travail
- Les rêves de Moana
- L'appartement de Moana
- Moana et Dieu
- La bibliothèque de Moana
- Moana et le cinéma
- Moana et la télévision
- Moana et ses spectacles
- Moana, la mode et la musique
- Lettres adressées à Moana
- Moana fait son entrée en politique [cit. 5]
- L'enfance et la jeunesse de Moana
- Moana et ses amants
- _La philosophie de Moana_ [cit. 6]
- Le mari secret
- Le calvaire de Moana
- Moana vit !
- Amies et amis le jour de son décès

Biographie de Moana
Filmographie
Bibliographie
Télévision



Cit. :

1. « […] Moana attraversa l'alto e il basso, la verità e la parodia anche in pubblicità, ragazza della Saiwa e "donna più bella del mondo" dei folli spot dei mobili di "nonno" Ugo Rossetti, nella politica, candidandosi nel Partito dell'Amore e incontrando sul serio le star del nostro giornalismo come Indro Montanelli. E, ovviamente, in televisione, dove passa da icona nuda dello scandaloso "Matrjoska" di Antonio Ricci su Italia 1 a star erotica delle private, a opinionista delle grandi trasmissioni di Rai e Mediaset, intervistata de Pippo Baudo, Giuliano Ferrara, Maurizio Costanzo, da "Mixer" e da "Samarcanda". Porta nelle reti nazionali la flagranza del corpo dell'hard senza turbarci con le esibizioni maniacali e reali del porno. Riporta nell'hard la figura nazionalpopolare della diva del salotto televisivo che solo il suo pubblico affezionato vede in azione con Rocco Siffredi e Ron Jeremy. Al suo meglio, Moana attraversa i due mondi del salotto borghese e della latrina del porno riuscendo a usarli entrambi per la sua ascesa mistica e, contemporaneamente, a starne fuori come se fosse sempre l'ospite più gradita che potete avere al massimo per una sera.
Solo Sabina Guzzanti ne frena la forza parodiandola da un corpo esterno, quello del comico appunto, che ne mette in discussione la "verità", catturandone l'aspetto più normalizzante della star, quello sessual-pedagogico dell'esperta televisiva. Logico che Moana la rifiutasse, svelando Sabina Guzzanti l'ossessività dell'operazione che Moana conduceva su se stessa nella sua marcia verso "l'essere Moana", cioè la costruzione di un "corpo-mito", che poteva essere autoparodiato, ma non parodiato da altri, perché con la risata ne veniva minata la logicità. Moana, per tutta la vita, e persino con la propria morte, ha sempre cercato maniacalmente di costruire oltre che il proprio corpo, base del mito, la propria funzionalità logica. » (p. 11)

2. « [Moana Pozzi au sujet des parodies d'elle par Sabina Guzzanti] :
Non mi riconosco, non sono così, per imitare una persona bisogna dire delle sciocchezze per forza, sennò chi ride, e io non dico mai delle sciocchezze, non ne ho mai dette in vita mia.

[Sabina Guzzanti au sujet de sa démarche] :
Abbiamo fatto una trasmissione insieme su Italia 1 nel 1988, "L'araba fenice" di Antonio Ricci. Lei commentava in modo sarcastico filmati buffi su uomini politici. Mi aveva colpito il suo atteggiamento superprofessionale, stava sempre per conto suo e scambiava poche chiacchiere. Girava nuda per lo studio con grande tranquillità e serenità. Ed è proprio questa sua immagine pignola, di rigore eccessivo, che ho preso in giro : il voler presentarsi come una ragazzina perbene, borghese, che fa la pornostar come se fosse un mestiere qualunque. La sua severità nell'imporsi come liberatrice del sesso. » (p. 38)

3. « [M.P.] : Non è volgarità con la V maiuscola quella che dilaga oggi, ma volgarezza, anzi briciole di volgarezza, cioè cattivo gusto. La volgarità, alla quale mi inchino, sta un attimo prima dell'oscenità. Non la tocca perché l'oscentità è cerebrale, mentre la volgarità rimane un'energia selvatica, libera. La volgarità vera è un pugno, è un brivido profondo, un turbamento, è il sapore di un cibo forte... La volgarità di certe donne della televisione e del cinema è l'ultima spiaggia. È l'estremo baluardo della femminilità. La verità è che lo spettatore maschio intossicato dai corpi femminili non reagisce più, non si sorprende di nulla e allora le povere donne dello spettacolo spingono sull'acceleratore, buttando i seni fuori dai vestiti, allargano le gambe sperando nel miracolo. Ma il loro è solo un gioco al massacro. » (pp. 40-41)

4. « [M.P.] : Le femministe (quelle stupide) mi accusano di essere una donna oggetto perché nel mio lavoro di pornostar mi presto a tutte le fantasie sessuali degli uomini (che poi sono anche quelle delle donne). Io invece non mi sento usata e mi piace rappresentare il sesso in tutte le sue forme. Per me la donna oggetto è la casalinga che lava, cuce, stira e cucina per la famiglia, molto spesso con poche gratificazioni.
Che cosa vuol dire essere femminista ? Che le donne valgono quanto gli uomini, non c'è dubbio. Io facevo un discorso strettamente legato al sesso. Io ho provato ad andare con le donne fuori dal set, ma non ci sono mai riuscita, perché non ci credo, mi sento ridicola, però ho provato a fare l'amore con donne più d'una volta, tante volte, però devo dirti che quando è finito, mah, è troppo morbida la donna, non sento la forza, capisci ? A me il sesso piace con dei contrasti fortissimi. Ti ripeto : a me piace l'osceno ; il volgare è cattivo gusto e basta.
Credo di essere femminista in senso vero e penso tutto il bene possibile delle donne che si battono per i loro diritti. Le donne intelligenti al giorno d'oggi danno un po' di fastidio, perché creano dei problemi. Tutte le persone che fanno pensare creano dei problemi.
Io penso che le donne da sempre abbiano utilizzato prodotti pornografici, forse non lo ammettevano, non agivano apertamente. Ho trovato spesso donne che assistevano ai miei spettacoli, soprattutto al Nord, dove ho sempre avuto il mio pubblico femminile. Vengono accompagnate : è rarissimo vederle da sole, salvo forse quando le mie serate si svolgono in discoteca. » (p. 51)

5. « [M.P.] Non farò come Cicciolina [Ilona Staller]. Io in Parlamento ci andrò, anche quattro o cinque volte alla settimana. La mia voce la sentiranno, eccome. Vorrei occuparmi della sessualità, innanzitutto. E poi ancora della salute fisica, dello sport, dell'ecologia, della natura. Non dimenticherò gli omosessuali e i bambini a cui il sesso va insegnato nelle scuole. Io sarei bravissima a svolgere questo compito. Ricordiamoci che più si vive tranquillamente la sessualità, più ci si comporta bene nel quotidiano.
Leggo molto da un paio di mesi. I giornali non li sfogliavo più. Ora li divoro dalla prima all'ultima pagina. » (pp. 124-125)

6. « Moana progetta a lungo il suo primo e unico libro, la sua "filosofia". Prova a venderlo agli editori più grandi che vogliono il libro. Ma nessuno intende lasciarle il controllo completo della stesura definitiva. Ci sono troppi nomi di amanti potenti che andrebbero coperti. Poi ci sono quei voti così bassi vicino a ogni amante vip. C'è chi si potrebbe offendere. Moana li cambia un po', dando la sufficienza a tutti. Forse qualcuno, molto potente, non può e non vuole comparire nell'elenco dei suoi amanti. 

[M.P.] : Il mio libro, che si intitola _La filosofia di Moana_, non è un'autobiografia. Quella l'ho già scritta, ma per ora rimane chiusa nel cassetto. È invece una sorta di dizionario personale, che raccoglie impressioni, appunti, pensieri scritti in modo semplice, buttati giù senza nessuna ricerca stilistica.
Il successo ? È una fortuna, non so... Per esempio, quando due anni fa ho scritto il mio libro, mi faceva piacere scrivere, avere la possibilità di pubblicarlo, di farmi leggere. È così magico il fatto di comunicare, che uno possa essere ascoltato. È un privilegio, una cosa importante. Mi ha fatto sentire di essere una persona fortunata.
Mi sto divertendo un mondo. Ho riflettuto prima di scrivere questo libro. Ho deciso di realizzarlo perché mi piace. Nessuno riuscirà a impedirmene la pubblicazione. » (p. 146)

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