[Le français va très bien, merci | Les Linguistes atterré·e·s]
par les Linguistes Atterré·e·s : Anne Abeillé, Julie Auger, Christophe Benzitoun, Heather Burnett, Maria Candea, Françoise Gadet, Médéric Gasquet-Cyrus, Antoine Gautier, Arnaud Hoedt, Jean-Marie Klinkenberg, Michel Launey, Julie Neveux, Rachel Panckhurst, Jérôme Piron, RF Monté, Corinne Rossari, Gilles Siouffi et Laélia Véron.
Depuis très longtemps sur ma pàl,
ce petit livre, publié par Gallimard dans sa collection Tracts, m'a soudain fait envie.
Il est construit
sous forme de rubriques assez brèves, toutes dénonçant une idée reçue sur le déclin, la décadence, la paupérisation, la mise en pièce de la langue française. Énonciation de l'idée reçue ; illustration par une citation précise, tirée de la presse, des réseaux sociaux, d'autres publications... Débat ; suite proposée ; bibliographie sur ce point-là.
C'est une approche rigoureuse, efficace : j'aime !
Je ne partage toutefois pas leur décontraction devant l'usage des abréviations SMS des plus jeunes à cause de l'antéposition de la connaissance de l'abréviation parfois avant la version longue, mais leur préoccupation n'est pas la norme : un linguiste sait que les normes sont sans arrêt redéfinies, que c'est l'usage qui finit par battre en brèche les fameuses règles. Ma préoccupation d'enseignante serait plutôt qu'ils accèdent à la maîtrise ou tout au moins à la connaissance de la norme, par exemple, avant de choisir de s'en affranchir.
En revanche, si l'enseignante que je suis serait tout à fait disposée à employer quelquefois l'écriture inclusive dans la fenêtre de tir proposée par Claude Hagège (autres linguiste), à savoir quand il y a danger d'exclure un des sexes, cela m'est interdit depuis le ministère Blanquer. Cette même enseignante a été horrifiée de voir qu'elle continuait à enseigner les règles d'orthographe de ses débuts alors que la réforme de 1990 devrait s'appliquer officiellement depuis 2008... Le tract applique les nouvelles règles.
Le fait d'enseigner les langues anciennes, d'avoir bénéficié de quelques cours de linguistique des langues anciennes et de linguistique diachronique me rend très réceptive à l'approche de ces linguistes : j'ai observé à quel point le "bon usage", invétéré ou non, s'effondre devant les choix des locuteurs.
Une lecture pour ceux que ces questions intéressent, agacent, effraient...
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]