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[Bye Bye Blondie | Virginie Despentes]
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apo



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 23 Aoû 2007
Messages: 1954
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Posté: Ven 10 Jan 2014 19:32
MessageSujet du message: [Bye Bye Blondie | Virginie Despentes]
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Gloria est caractérisée par une pulsion destructrice (d'autrui et de soi-même) incontrôlable. D'origines modestes, elle passe son adolescence dans le milieu punk des années 80, et est internée en psychiatrie pendant quelques mois.
Eric est aussi interné, mais sa turbulence d'adolescent transgressif saura être canalisée par une famille bourgeoise et plutôt versée dans le chantage affectif. Ils vivent un amour d'adolescents et une cavale de rebelles. Vingt ans plus tard, après une rencontre fortuite, leur histoire d'amour semble se renouer avec la force d'une destinée prophétique. Mais c'est sans compter la destinée contraire, de nature socialement déterministe, qui fait de lui un nanti, homme de spectacle de succès, et d'elle une RMiste semi-alcoolique, peu adaptée à s'intégrer sans se faire dévorer dans le monde auquel l'homme la convie.
La structure du roman est dynamisée par le flash-back ; les dialogues abondants dans les registres argotique et undergroud donnent du réalisme aux personnages ; les descriptions des différents milieux - punk années 80, prolétaire provincial, bobo parisien années 2000 - vus à travers le prisme de l'indomptable et insoumise héroïne, constituent sans doute l'aspect le plus attachant et intéressant d'un roman qui, sans être d'une richesse ni d'une originalité éblouissantes (moins ambitieux sans doute que le premier roman ? et moins épatant que l'essai), remplissent néanmoins honnêtement le contrat passé avec un lectorat curieux et bienveillant.

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Auteur    Message
Swann




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Posté: Sam 11 Jan 2014 11:33
MessageSujet du message:
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Intéressant ! est-ce finalement une lecture propice à une sorte de nostalgie punk ou est-ce un apologue, y a-t-il une "morale" cachée ou explicite ?
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Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
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Âge: 52 Poissons


Posté: Dim 12 Jan 2014 14:44
MessageSujet du message:
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Bonjour l'amie,
je ne parlerais pas vraiment de nostalgie (ni a fortiori d'apologue), dans la mesure où ce que retiens le plus dans le récit, c'est la description de la souffrance psychologique inouïe, effarante, littéralement insaisissable de la protagoniste, laquelle reste le fil conducteur entre les deux périodes. Il faut considérer que la narratrice s'identifie grandement à l'héroïne - et l'on est aussi fondé à croire qu'il s'agit là d'éléments autobiographiques de l'auteure... Le seul trait nostalgique, c'est une petite observation fugace sur la condition des indigents à Paris, beaucoup plus implacable dans les années 2000 que vingt ans auparavant ; et encore, sous réserve de préciser qu'il n'est plus question nécessairement du même profil sociologique - comme on le sait...
Une morale ? Eh bien, je reviens sur la lecture "déterminisme social" qui vainc même l'amour... Ou le vainc-t-il ? Répondre serait révéler la chute, et cela me semble dommage. Mais enfin, si l'on procède à une lecture "à gros sabots", il n'est pas incorrect d'affirmer que l'auteure soutien : qu'il n'est pas pareil d'être punkette ou skin à 15 ans si on est issu du milieu ouvrier ou de la haute bourgeoisie, que les raisons, conditions et sortie d'un internement psychiatrique ne sont pas les mêmes non plus, tout comme il n'est pas identique d'évoluer ou d'accéder dans le showbiz en tant qu'héritier, ou "parvenue" conviée. En fait, le côté critique sociale (exprimé par l'héroïne) est absolument et invariablement assumé par le texte.
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Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
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Posté: Dim 12 Jan 2014 14:57
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Entre-temps, j'ai appris que l'auteure a également réalisé un film tiré de son roman, quelques années plus tard, dans lequel l'histoire d'amour devient lesbienne. Cela aussi paraît confirmer la piste de la projection autobiographique...
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Auteur    Message
Swann




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Posté: Dim 12 Jan 2014 14:58
MessageSujet du message:
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Very Happy J'ai définitivement envie de lire ce récit ! Merci, apo !
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Auteur    Message
Swann




Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 19 Juin 2006
Messages: 2640


Posté: Ven 08 Mar 2024 13:39
MessageSujet du message:
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« apo » a écrit:
Une morale ? Eh bien, je reviens sur la lecture "déterminisme social" qui vainc même l'amour... Ou le vainc-t-il ? Répondre serait révéler la chute, et cela me semble dommage. Mais enfin, si l'on procède à une lecture "à gros sabots", il n'est pas incorrect d'affirmer que l'auteure soutien : qu'il n'est pas pareil d'être punkette ou skin à 15 ans si on est issu du milieu ouvrier ou de la haute bourgeoisie, que les raisons, conditions et sortie d'un internement psychiatrique ne sont pas les mêmes non plus, tout comme il n'est pas identique d'évoluer ou d'accéder dans le showbiz en tant qu'héritier, ou "parvenue" conviée. En fait, le côté critique sociale (exprimé par l'héroïne) est absolument et invariablement assumé par le texte.

Dix ans après, je lis le roman et je relis ta critique... et je suis visiblement passée à côté du double-fond, de la profondeur sociale du roman. J'ai eu l'impression que Blondie se coulait avec gêne mais soulagement dans la nouvelle vie offerte par Eric et j'ai complètement zappé ce qui crevait les yeux : évidemment que la société n'offre de rédemption qu'à un jeune bourgeois égaré, à condition qu'il se débarrasse de son fil à la patte, fût-ce momentanément... Je dois relire la fin, et vite.
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