[Le dernier qui restera se tapera toutes les veuves | François Cavanna]
Nécro spiritual.
Quelle bonne idée de ressusciter Cavanna en compilant ses nécrologies écrites entre 1969 et 2013 ! La plume facile, la verve intacte, le temps n'a guère de prise sur un tel homme épris de vie. Ses hommages sont pudiques et vibrants. Ils dessinent un parcours intellectuel, géographique et sentimental par personnes interposées. Il ne s'agit pas d'usurper la place du mort mais François Cavanna ne triche pas et se révèle toujours à travers ses admirations et ses lancers de piques. Aucune lassitude à lire cette succession de vies en abrégé. On sourit, on s'émeut, on ricane, on éprouve le besoin d'en savoir plus. Cela réveille des souvenirs comme lorsque l'auteur raconte Mouna, éternel indigné, harangueur des badauds parisiens qui les faisait parler dans une épingle à nourrice : "Où que mes pieds me traînassent, je tombais sur Mouna et son vélo. Deux inséparables. Il reste le vélo. Qui pleure." Cavanna juxtapose Charles de Gaulle, Pompidou, Mesrine, Neuneuil le doux clodo de la Maube, Dayou, l'orang-outan du Jardin des plantes, ses proches et ses intimes, Luigi Cavanna, le père, Roger Pavarini, le poteau des origines, Gébé, Fred, Reiser, les amis admirables et tant d'autres qui forment une constellation aimantée, une fratrie éclairante. À exhumer ces petites pépites pétulantes, cela donne envie de reprendre langue avec la vie mouvementée et truculente de Cavanna, dans l'ordre et jusqu'au bout.
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