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[Les Amazones | Adrienne Mayor]
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Posté: Dim 11 Déc 2022 23:20
MessageSujet du message: [Les Amazones | Adrienne Mayor]
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Plus souvent que la bienséance ne le permet, j'ai cassé les oreilles de j'ai doctement exposé à mes amis ma théorie selon laquelle le mythe des Amazones constitue l'archétype psychanalytique sur lequel se fonde, depuis la plus haute antiquité et jusqu'à aujourd'hui-même, fortement réactualisé, l'ensemble du sexisme en Occident. Quel a été mon enthousiasme à découvrir cet ouvrage qui, sous un angle parfaitement féministe, s'attelle à analyser la réalité historique des Amazones, et ce qui, dans leur mode de vie égalitaire entre hommes et femmes, était tellement inaudible pour les Grecs (et pour les autres peuples sédentaires de l'Antiquité), qu'ils ont transmis leur histoire sous forme de mythe ! Indirectement, et par un argumentaire complètement différent du mien, ma propre théorie est ainsi démontrée par ce travail d'une envergure quasi encyclopédique qui reprend un à un tous les éléments mythologiques sur les Amazones et les croise avec les réalités historiques connues désormais en se valant des dernières découvertes archéologiques, ethnologiques, linguistiques, et ce depuis le néolithique et sur une étendue recouvrant l'ensemble du continent euro-asiatique.
Il s'agit donc de distinguer entre d'une part ce que l'on peut connaître aujourd'hui du mode de vie des peuples nomades des steppes d'Eurasie, y compris des événements historiques qui les ont mis en contact (souvent belliqueux) avec les sédentaires qui ont laissé de documents écrits les concernant et relatifs à ces rencontres, et d'autre part les représentations artistiques afférentes (plus de 1300 vases grecs représentant des Amazones, des scènes d'amazonomachies comme bas-reliefs et décorations de sarcophages gréco-romains, des mosaïques, etc.) ainsi que les éléments mythologiques grecs issus des tragédies et des poèmes épiques qui nous sont les plus connus jusqu'à nos jours : les Amazones formant des sociétés de guerrières uniquement féminines, ne rencontrant des hommes que pour procréer, puis tuant ou estropiant leurs enfants mâles, se mutilant un sein, représentées par une héroïne-reine qui rencontre le héros face auquel elle s'oppose et finit par périr... Se profilent donc plusieurs distinguos entre sources littéraires et historiques même antiques, entre l'hypothèse d'une antériorité des mythes sur l'Histoire et celle de certains invariants dans le temps et dans les différents espaces géographiques, mais aussi entre les représentations picturales et littéraires (nues ou habillées ? un ou deux seins ? érotisées ou rabaissées ? quels habits, quelles armes et quels tatouages ?, etc.), et naturellement les différences qui apparaissent dès lors que l'on sort du corpus grec, qui lui-même s'étend depuis l'épos homérique jusqu'aux historiens de l'Antiquité tardive tels Orose et Jordanès (cf. cit. 1), pour y intégrer notamment les sources perses antiques, les sagas caucasiennes (qui ne sont pas encore entièrement transcrites, étudiées et traduites dans les langues occidentales), les chroniques chinoises et jusqu'aux écrivains-voyageurs occidentaux modernes... Mais ce traité ne se limite pas à répertorier et analyser de telles distinctions : il s'attelle, dans un plan qui sépare l'Histoire des récits, l'ici de l'ailleurs, à expliquer les possibles raisons de ces différences. Dans le croisement entre les diverses sources, en d'autres termes, il n'est pas question d'établir des hiérarchies de valeur ni de vraisemblance, mais de dégager des hypothèses sur la création de tel ou tel autre élément mythologique à partir des éléments de connaissance dont nous disposons : une méthodologie interdisciplinaire que j'ai moi-même défendue et utilisée jadis...
Et d'abord, qu'entendons-nous par Amazones ?
« […] Les femmes que nous appelons Amazones appartiennent aux groupes suivants :
1. Des archères nomades des steppes à cheval. La réalité historique de femmes de type Amazones contemporaines des anciens Grecs est désormais bien documentée par les découvertes archéologiques. La vie de ces femmes bien vivantes, contreparties des Amazones légendaires, nous est connue grâce aux fouilles des tombes, à l'analyse scientifique des restes humains et des objets retrouvés et aux études ethnologiques, linguistiques ainsi qu'aux sources historiques anciennes et modernes.
2. Les reines Amazones Hippolytè, Antiope, Penthésilée et d'autres Amazones de la mythologie classique. Les aventures et les biographies de guerrières qui combattaient les Grecs ont pris forme dans un imaginaire propre aux narrations entremêlé avec des morceaux de réalité venus de la vie des nomades des steppes. […]
3. Les guerrières des traditions non grecques de la mer Noire à la Chine. Des héroïnes de type Amazones apparaissent dans les histoires d'amour égyptiennes, les légendes perses, les traditions épiques du Caucase et d'Asie centrale et dans les chroniques chinoises. Ces histoires non grecques sont très différentes du lugubre scénario mythique grec qui condamne les Amazones à la défaite et à la mort. […] Quand les sociétés non grecques avaient comme ennemis des combattantes, de nombreux récits rapportent combien les guerriers auraient souhaité avoir ces Amazones comme amoureuses, compagnes et alliées plutôt que de devoir les tuer. » (pp. 56-58)

Les thèses démontrées par Mayor sont les suivantes. Les Amazones ne sont pas le fruit d'une légende grecque, mais elles représentent une dynamique narrative entre la description des populations nomades scythes avec lesquelles les peuples sédentaires limitrophes sont entrés en contact et la transformation mythologique de ces rencontres. Les points de contact géographique ont été principalement le pourtour oriental de la mer Noire du Nord et du Sud : entre le Danube, la mer d'Azov, le versant septentrional de la mer Caspienne jusqu'à la mer d'Aral, côté nord, et le Pont-Euxin à l'est de Sinope, la Colchide–Transcaucasie, le versant méridional de la mer Caspienne jusqu'à la Parthie, la Bactriane, la Sogdiane et le Khorezm, côté sud, avec des incursions en Thrace et en Troade, et à travers l'Empire perse, jusqu'en Égypte, et enfin en Asie centrale jusqu'à la Mongolie et au nord de l'Afghanistan. Le mode de vie des Scythes des steppes d'Eurasie a été déterminé par la domestication du cheval, qui remonte environ au cinquième millénaire av. J.-C., et est demeuré sensiblement inchangé jusqu'au seuil de la modernité. Cette domestication, ainsi que des conditions climatiques rudes, a provoqué une économie guerrière fondée sur le raid et la razzia. Dans ces conditions :
« Le cheval est le grand égalisateur entre hommes et femmes des steppes. Il est certainement à l'origine de a remarquable égalité entre les genres chez les nomades. Une cavalière sachant tirer à l'arc pouvait être l'égale de l'homme dans une bataille. Monter à cheval a libéré les femmes en leur garantissant une liberté de déplacement et une vie extérieure exaltante, stimulante. Chez les Grecs, seuls les hommes bénéficiaient d'une telle indépendance physique en plein air ; l'idéal grec voulait que les femmes soient confinées à l'intérieur de leur maison. […] Comme les filles pouvaient apprendre à monter, à dompter et à contrôler les chevaux, mais aussi à tirer à l'arc aussi bien que les garçons, la culture des steppes était un environnement idéal pour que les femmes se réalisent en tant que chasseuses et combattantes à cheval. » (p. 226).
Reste la démonstration psychanalytique la plus compliquée, que je me permets de compléter avec mes propres mots, mais très certainement sans trahir l'esprit ni les formidables recherches d'Adrienne Mayor. Une telle égalité entre les genres, qui prévoit la possibilité d'une prise de pouvoir grâce à des capacités particulièrement prononcées de la part d'une femme autant que d'un homme, qui a aussi pour conséquence la plus grande liberté possible dans les mœurs sexuelles, n'impose pas l'élément mythique d'une société composée uniquement de femmes. Elle n'impose pas non plus nécessairement la symétrie entre l'héroïne amazone et le héros grec ni leur opposition. Et certainement pas l'issue fatale pour l'Amazone d'une rencontre-affrontement-amour impossible avec ledit héros. Pourtant dès lors que l'égalité est impensable, la solution de facilité me semble logiquement être celle de l'image inversée, aussi bien individuelle : l'héroïne identique au héros mais « au féminin », que collective : la société invisibilisant ou minorant les hommes par la violence. La mutilation du sein droit semble elle aussi relever de cette inversion de la séduction et de l'érotisation, et il est probable que cela explique également que les représentations picturales, par contre, étaient généralement beaucoup plus érotisées que les récits littéraires. De là à théoriser l'angoisse archétypale de l'hypothèse d'une société puissante, même en termes militaires et organisationnels, dans laquelle les hommes seraient superflus, redondants ou obsolètes, et le surcroît de violence sexiste qu'une telle angoisse provoque(rait), un pas est franchi par moi, réfléchissant sur le présent, qui ne l'est pas par l'autrice qui étudie le passé.



Table des matières [abrégée] avec appel des cit.

Préface [Par Violaine Sebillotte Cuchet]

Prologue : Atalante, l'Amazone grecque

Première partie : Qui étaient les Amazones ?

1. Anciennes énigmes et mythes modernes
2. Scythie, patrie des Amazones [cit. 1]
3. Les Sarmates, une histoire d'amour

Deuxième partie : Guerrières historiques et traditions classiques

4. Ossements : archéologie des Amazones [cit. 2]
5. Un ou deux seins ?
6. La peau
7. Des Amazones dénudées
8. Sexe et amour
9. Drogues, danse et musique [cit. 3]
10. La manière Amazone [cit. 4]
11. Chevaux, chiens et aigles
12. Qui a inventé le pantalon ?
13. Armées et dangereuses
14. Quels noms portaient les Amazones ? Quelles langues parlaient-elles ? [cit. 5]

Troisième partie : Les Amazones dans le mythe, la légende, l'Histoire grecque et romaine

15. Hippolytè et Héraclès
16. Antiope et Thésée
17. La bataille d'Athènes
18. Penthésilée et Achille à Troie
19. Les Amazones et la mer
20. Thalestris et Alexandre le Grand [cit. 6]
21. Hypsicratia, le roi Mithridate et les Amazones de Pompée

Quatrième partie : Au-delà du monde grec

22. Le Caucase à la croisée des chemins de l'Eurasie [cit. 7, 8]
23. La Perse, l'Égypte, l'Afrique du Nord, l'Arabie
24. L'Amazonistan d'Asie centrale [cit. 9]
25. En Chine [cit. 10]


Cit. :


1. « Un millénaire de descriptions détaillées des Amazones, présentées comme de l'Histoire, commence avec Hérodote (Ve s. av. J.-C.) et se poursuit avec des auteurs de l'Antiquité tardive comme Orose et Jordanès (Ve-VIe s. apr. J.-C.). Durant les siècles qui séparent ces auteurs, de nombreux autres historiens grecs et romains ont à leur tour fait la chronique des origines, de l'essor et de la chute du légendaire "empire" amazone. Chacun de ces auteurs a eu accès à des textes et des traditions orales aujourd'hui disparus. Leurs récits mélangent les faits et l'imaginaire, les légendes et l'Histoire, mais tous considèrent que les femmes appelées Amazones sont scythes. » (p. 72)

2. « Nous savons que, sous l'empereur romain Marcus Aurelius, les tribus lazyges sarmates avaient accepté de fournir 8000 cavaliers venus de la région du Danube ; 5500 d'entre eux servaient aux côtés d'une légion romaine dans le nord de la Grande-Bretagne pour garder le mur d'Hadrien. La passionnante découverte faite par [Hillary] Cool [en 2004] signifie que des cavalières valides avaient pu se joindre à l'armée impériale romaine que l'on pensait auparavant exclusivement masculine. Les objets de grande valeur trouvés dans la tombe et les chevaux permettent de penser que ces deux femmes étaient des officiers de cavalerie, recrutées dans la zone où les anciens Grecs voyaient l'origine des guerrières appelées Amazones. » (p. 117)

3. « Les sources grecques anciennes et les découvertes archéologiques modernes confirment que deux stupéfiants – le lait de jument fermenté et le cannabis hallucinogène – faisaient partie de la vie quotidienne des Scythes. Les Grecs ignoraient que le lait de jument, dont les Scythes et les enfants des Amazones se nourrissaient, était faiblement alcoolisé, mais les effets psychoactifs du "kannabis" ressortent très clairement des récits d'Hérodote. Étant donné que, pour les Grecs, les Amazones étaient des femmes scythes et comme les Scythes inhalaient la fumée des bourgeons brûlés de cannabis, tout Grec connaissant les histoires d'Hérodote avait des raisons d'imaginer de belles Amazones nues, euphoriques sous leurs tentes embuées qui leur servaient se saunas, inhalant des nuages de fumée de chanvre avant de s'appliquer langoureusement une lotion parfumée au cèdre et à l'encens et de se reposer sur des lits recouverts de fourrures soyeuses. » (pp. 201-202)

4. « Les aventures des Argonautes sont souvent imaginaires mais il se trouve que "l'île des Amazones" et la pierre noire sacrée sont réelles. Le tout petit îlot rocheux (1,5 ha) a été très clairement décrit par des auteurs grecs plus tardifs qui faisaient également référence au vieux temple d'Arès et ont donné sa localisation exacte. Maintenant appelée Giresun, c'est la seule île située au sud de la côte de la mer Noire (en face de la colonie grecque du VIe s. av. J.-C. De Pharnacie/Kerasus, aujourd'hui Giresun en Turquie).
[…] Dans le folklore turc local, les anciennes Amazones se réunissaient à cet endroit avec des hommes d'autres tribus pour faire des sacrifices et procréer.
[…] Les archéologues turcs ont commencé à faire des recherches sur l'île dans les années 2010. Parmi les structures les plus anciennes, ils ont trouvé les marches découpées dans la roche jusqu'au niveau d'une plate-forme, "l'autel" situé au milieu de l'île. » (p. 221)

5. « La découverte inattendue du sens de noms propres (et de mots et phrases) en langues iraniennes et caucasiennes sur les vases peints est une surprise et ouvre de nouvelles perspectives. Comment les peintres en sont-ils venus à écrire ces noms étrangers ? On peut imaginer plusieurs possibilités. Premièrement, les peintres n'étaient pas tous grecs – certaines signatures ont une consonance étrangère. Deuxièmement, il suffisait que les peintres aient entendu prononcer les noms pour pouvoir les écrire phonétiquement – il n'était pas nécessaire qu'ils aient compris leur signification dans la langue étrangère. Troisièmement, les peintres illustraient le plus souvent des histoires connues. Ainsi, les Amazones portant un nom étranger qui n'est connu que par leur portrait sur les vases pouvaient à l'époque être les vedettes de récits populaires oraux comme ceux qui font partie de la légende d'Antiope et d'Hippolytè. […] Enfin, depuis longtemps, des Thraces et des Scythes habitaient Athènes. Parmi eux, des conteurs ont pu rapporter les exploits d'Amazones avec leurs noms non grecs. À Athènes, les esclaves domestiques étaient souvent d'origine thrace ou de la région de la mer Noire ; peut-être distrayaient-ils les enfants grecs en leur racontant les histoires des célèbres guerrières de leur pays natal. » (pp. 313-314)

6. « Les trois cents femmes qui accompagnaient Thalestris auraient également été des guerrières accomplies et elles auraient pu avoir la même idée que Thalestris en convolant avec des soldats d'Alexandre. […] De toute manière, même si les Grecs ont été surpris, il n'y avait rien d'extraordinaire à ce qu'un groupe de jeune guerrières invite un groupe de guerriers confirmés à batifoler ensemble pendant une quinzaine de jours avant de rentrer chez elles, enceintes d'une descendance prometteuse. Hérodote raconte l'histoire d'une tribu scythe qui souhaitait renforcer sa lignée en s'accouplant avec de séduisantes étrangères. Plus de deux mille ans plus tard, des conteurs turkmènes vivant près de l'endroit où Alexandre avait établi son campement en Hyrcanie ont conservé un récit traditionnel d'une "tribu de merveilleuses femmes Amazones qui avaient capturé des hommes imprudents pour s'en servir comme étalons". » (pp. 412-413)

7. « Des histoires épiques de femmes puissantes qui combattent des hommes sont fréquentes dans tous les groupes du nord du Caucase. Les histoires des véritables "Amazones" en provenance des cultures non grecques diffèrent par de nombreux traits des mythes grecs. À la différence d'Hippolytè, de Penthésilée et de leurs armées constituées uniquement de femmes, les héroïnes du Caucase agissent soit seules, soit dans le cadre d'armées mixtes. Ce trait réaliste de la vie nomade se retrouve dans les usages les plus anciens du nom "Amazones" par les Grecs pour désigner un groupe ethnique d'hommes et de femmes. Cela correspond aussi à de nombreux comptes rendus faits par des historiens grecs pour qui les Amazones étaient des femmes barbares vivant ou convolant avec des hommes. Mais il y a une différence cruciale avec les mythes grecs : dans ces derniers, les héros tuent les Amazones même quand ils les trouvent séduisantes. Dans d'autres cultures qui ont également rencontré de puissantes femmes nomades, on rapporte des scénarios beaucoup plus réalistes où les femmes peuvent être victorieuses. » (p. 448)

8. « Au XVIIe siècle, des Européens qui ont voyagé en Géorgie ont rapporté des faits qui rappellent les expériences de Pompée en Ibérie et Albanie [caucasiennes]. Comme dans le cas de Partu Patima, ces récits ne viennent pas de l'Antiquité classique mais sont la preuve de l'existence de femmes faisant la guerre au début de l'époque moderne dans l'ancienne Colchide sur la côte de la mer Noire, le point situé le plus à l'est atteint par Jason et les Argonautes, un territoire associé aux Amazones, et l'endroit où Hypsicratia et Mithridate trouvèrent refuge chez des tribus alliées pour échapper à Pompée. Le père Arcangelo Lamberti, un missionnaire italien, vivait en Mingrélie (ouest de la Géorgie) en 1631-1649. Il fait le récit de trois longues attaques menées par des tribus montagnardes du Caucase qui descendaient ravager les colonies du sud de la Russie et des frontières de la Mingrélie. […] Un grand nombre d'attaquants se révélèrent être "des femmes au printemps de leur vie". » (p. 462)

9. « Pendant ce temps, naturellement, les hommes et les femmes des différentes sociétés nomades et guerrières d'Asie centrale racontaient leurs propres histoires, aventures et romances les concernant, eux et leurs voisins – des histoires à propos, par et pour de réels Scythes et Amazones. On sait que les guerrières étaient des personnages familiers dans le folklore du Moyen-Orient et de l'Asie centrale et du Sud, aussi populaires que les héros, les hordes de chevaux et les mauvais chefs.
Malheureusement, à l différence des anciens Grecs, la littérature, les mythes oraux, les traditions et la mémoire populaires d'une myriade de groupe ethniques dans toute l'Asie centrale n'ont pas été mis par écrit avant le milieu du XXe siècle. Ce qui a survécu de ce folklore vivant a traversé des milliers d'années de turbulences, de migrations sans fin sur de vastes territoires, d'intermariages, d'extinctions de tribus entières, de relocalisations forcées, de colonisations violentes, d'oppression politique et de guerres. » (pp. 488-489)

10. « Le nom de Mulan est généralement traduit par "magnolia" en chinois […]. Mais une étude historique et linguistique faite en 2012 par le chercheur chinois Samping Chen a mis au jour de nouvelles données étonnantes au sujet de l'héroïne chinoise la plus célèbre. […] L'analyse linguistique de Chen montre qu'il signifie "cerf ou élan" dans l'ancienne langue altaïque des peuples turciques d'Asie centrale.
Mulan, "Cerf ou élan" serait un nom convenant parfaitement à une vraie Amazone. […] Comme le personnage historique Fu Hao ou la légendaire Jinding, Mulan semble être une autre guerrière de premier plan d'origine nomade qui a atteint le sommet de l'armée au service de sa patrie d'adoption en combattant les nomades. La famille de Mulan semble avoir des origines xianbei et a combattu les tribus du même nom pour servir les dirigeants de la Chine du Nord, qui étaient également d'origine xianbei. Tandis que Mulan dissimule son genre, son appartenance ethnique est également cachée sous un nom à consonance chinoise.
[…]
Ainsi, avec Mulan, une Amazone héroïque de la légende chinoise, nous avons bouclé notre cercle. Après avoir parcouru la moitié du globe, depuis les anciens Grecs qui dirigeaient leurs regards vers l'est, vers la Scythie au travers des immenses pâturages, des forêts, des montagnes et des déserts, nous sommes maintenant juchés sur la Grande Muraille regardant vers l'ouest dans l'immensité sauvage des Xiongnu. Entre la Grèce et la Chine s'étend le vaste territoire des archères à cheval nomades, les égales des hommes, dont les vies et les exploits héroïques inspiraient la peur, le respect et le désir chez tous ceux qui les croisaient. » (pp. 526-528)

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