[Hautes solitudes : sur les traces des transhumants | Anne Vallaeys]
On the Routo again.
Anne et Marie embouquent la Routo, l'antique voie de transhumance, depuis Arles jusqu'au Laverq en passant par Aix-en-Provence, Valensole, Digne, etc. Anne relate, Marie pilote. Toutes les deux marchent d'arrache-pied par monts et par vaux sur des carraires, vieilles pistes à brebis aujourd'hui effacées, morcelées, oubliées que des férus ont repéré sur le cadastre et le terrain puis proposé en avant-première aux aventurières. Les deux randonneuses deviennent des pionnières en réveillant l'histoire des pâtres et des moutons, en soulevant la poussière des chemins et de l'oubli.
Immédiatement, le lecteur sait qu'il a en main une œuvre littéraire qui sort du cadre le simple carnet de route même si la chronologie du voyage demeure. Le vocabulaire est riche, précis. Les phrases sont chantournées. L'ensemble garde la fraîcheur du vécu avec les enthousiasmes et les découragements d'une marche au long cours. Les rencontres du chemin enrichissent le propos. Parfois, des fulgurances poétiques traversent le texte : "Un traversin de nuages frangés d'or surligne l'azur." Le parler vernaculaire apporte une authentique plus-value : "Casiers dégueulant de bouteilles, paniers de victuailles, lard gras, oignons blancs et cébettes des saints de glace, on goustounait en compagnie des bayles, on plaisantait, on parlait montagnes, quartiers d'estive..." Enfin, sous une apparente formulation humoristique, les phrases en disent bien plus : ""La marche conduit au paradis, pas vrai ?" "C'est sûr, réplique Jean-Claude. Mais faut avancer longtemps."
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