Voici un livre à cheval entre l'autobiographie et la sociologie. Didier Eribon revient sur son enfance, passée dans un milieu ouvrier très pauvre (quasi-miséreux comme il le dit). Quels sont les évênements qui l'ont conduit à faire de longues études, alors que dans sa famille, tous les autres enfants ont commençé à travailler à 14 ans? Et surtout, pourquoi a t-il rejeté sa famille et son milieu, au point de ne pas revoir son père pendant 30 ans, alors même qu'il se proclamait marxiste?
J'ai lu ce livre avec un très grand intérêt, en me laissant complètement porter et sans faire le moindre effort - c'est un très bon point pour un essai!
Le sujet m'a d'abord intéressé pour des raisons personnelles: bien qu'ayant eu un parcours bien moins extrême que Didier Eribon - et de très loin - je suis la première personne de ma famille à avoir dépassé le bac. Je retrouvais donc certaines de mes propres réflexions et réactions dans celles de Didier Eribon, analysées d'un point de vue sociologique.
Outre cela, ce livre reflète la difficulté à se retrouver tiraillé entre deux mondes - et même trois puisque l'auteur s'est non seulement battu pour changer de statut social, mais aussi pour assumer son homosexualité. Un double "handicap social" qui l'a plongé dans nombre de contradictions, qui sont ici analysées avec finesse et sans complaisance.
Il est également question de politique, et du monde ouvrier abandonné par la gauche actuelle. Sur ce point là, je ne partage pas toujours la vision assez extrémiste de l'auteur, mais qu'à cela ne tienne, sa vision est intéressante.
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