« Calmer l’esprit et composer l’âme ».
Les retraites spirituelles engagées par l’écrivain anglais Patrick Leigh Fermor (1915-2011) dans différentes abbayes où le silence est précieusement gardé ont constitué l’essence d’un petit livre de réflexions paru en 1957, traduit en français en 2014. La découverte de l’abbaye bénédictine Saint-Wandrille de Fontenelle en Normandie introduit la démarche introspective de l’auteur et occupe presque la moitié de l’ouvrage. Durement malmenée depuis sa fondation en 649 (raids vikings, guerres de Religion, Révolution française), l’abbaye demeure vivante et continue d’irradier aujourd’hui : « On dirait qu’une psalmodie grégorienne, magnifique, s’est interrompue il y a des siècles pour rester là, pétrifiée, à son apogée depuis lors ». A la recherche d’un lieu calme et abordable, Fermor ne savait pas que le silence, la solitude et l’alentissement des lieux allaient le percuter et le toucher durablement. Concentration de la pensée, éclaircissement de l’esprit et paix de l’âme découlent des enchantements liés aux espaces et aux hommes inféodés aux règles monastiques. Pour l’écrivain anglais, le pli est pris et la fréquentation des retraites ascétiques ne le quittera plus. L’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes au bord de la Sarthe prend naturellement le relais de Saint-Wandrille mais ne demeure qu’une étape. L’abbaye cistercienne Notre-Dame de La Trappe dans l’Orne, joyau blanc sur la couronne forestière du Perche, aimante Patrick Leigh Fermor. Les règles sévères suivies par l’ordre trappiste, « la délectation morose de la mort » peuvent sidérer le visiteur avec : « ce symbolisme déstabilisant, ce silence perpétuel, ce costume fantomatique, cette mélancolie omniprésente de l’abbaye trappiste ». Les quatorze dernières pages sont consacrées aux églises rupestres de Cappadoce. Les églises troglodytes fascinent par leur histoire, leur implantation, leur architecture. Dans la géographie tourmentée de l’Anatolie, le tendre tuf volcanique fut excavé et décoré en forme de rêve par les moines byzantins : « Le désert était humanisé » et les voies spirituelles esquissées pour les passants à venir.
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