[Les planches courbes ; [précédé de] Ce qui fut sans lumière ; [et de] La vie errante | Yves Bonnefoy]
« Que ce monde demeure ! ».
Aller à la rencontre d’Yves Bonnefoy (1923-2016) aujourd’hui c’est s’immerger dans la poésie et recueillir un bref instant dans le creux de sa paume le verbe poétique aurifère que le temps aura débarrassé des scories d’une langue autrefois empesée, parfois insaisissable. Le poète semble s’être bonifié dans le défilement des années et le délitement, son corollaire. Sa parole s’est faite, limpide, vibrante, émouvante dans son vol erratique jusqu’à nous. A partir de choses simples, presque triviales, d’événements d’apparence anodine, Yves Bonnefoy remue des profondeurs de l’être des sentiments douloureux que la pudeur des mots nimbe et révèle en même temps, la fuite inexorable de la vie rendant futiles et grands les mille riens des existences révolues. « Hier, l’inachevable : « Ils vont, leurs mains sont pleines/ D’une poussière d’or,/Ils entrouvrent leurs mains/Et la nuit tombe. » Lapidaires et touchantes, Les planches courbes mettent la poésie au pinacle et la lecture aisée de ce recueil poétique d’envergure permettra peut-être aux cœurs sombres d’entrevoir la « décrue des ombres ».
Publiées initialement aux éditions du Mercure de France en 2001, « Les planches courbes » ont été reprises dans la collection Poésie chez Gallimard en 2003 et en 2015 dans une édition enrichie avec l’ajout notamment de « Ce qui fut sans lumière » et de « La vie errante ». « Les planches courbes » qui innervent le recueil sont composées de sept parties écrites entre 1996 et 2001 et organisées indépendamment de leurs dates de création. Etudiées, commentées, glosées à l’envi, « Les planches courbes » demeurent rétives à l’explication littérale comme toute œuvre poétique essentielle. Le titre même du recueil associe deux termes opposés, l’immobilité et le mouvement, la ligne droite de la planche contredisant la courbure. La planche peut toutefois être cintrée afin d’épouser des formes liquides (barque, tonneau). En s’appuyant sur des choses simples, en employant des mots accessibles qui désignent avant même de signifier, Yves Bonnefoy va tenter d’accorder les sensations et l’intellect pour dire la finitude et la présence au monde.
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