Damer la mort.
« Le cannibale de Milwaukee » Jeffrey Dahmer (1960-1994), avant de s’imposer comme un des pires tueurs en série américains eut aussi un passé trouble qu’un ancien camarade de lycée, John Backderf, relate avec tact à travers une bande dessinée documentée. « J’avais des amis normaux au lycée » dira Dahmer après son arrestation. Derf Backderf va se focaliser sur les trois années de lycée engluées dans l’âge ingrat de l’adolescence. Si Jeff Dahmer est accepté dans le petit cercle d’amis lycéens, il n’en est pas pour autant totalement intégré. Sa solitude et son mutisme inquiètent. Ses imitations de paralysé cérébral médusent. Son alcoolisme rebute.
Conçue en cinq parties équilibrées, la dernière, « Fondu au noir » étant particulièrement frappante avec son parti-pris graphique percutant, l’histoire de Dahmer, véritable roman graphique, déroule une narration fluide, cohérente et implacable. En présentant et commentant ses sources, l’auteur crédibilise une entreprise à haut risque, celle de cautionner, d’excuser ou d’amoindrir un comportement monstrueux et létal. Avec son dessin à la limite de la caricature, l’auteur crée une distanciation et les personnages, rigides et monolithiques n’en prennent que plus de relief et se chargent encore davantage d’une inquiétante étrangeté.
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