Zorro nie maux.
La parodie de Zorro imaginée par Fabcaro et dessinée par Fabrice Erre est un régal visuel et narratif. Initiées par des ombres chinoises dignes d’une Rubrique-à-Brac de Gotlib, les aventures du justicier masqué reprennent les poncifs de la série, la sempiternelle confrontation avec le sergent Garcia, la déchirure zébrée sur son ventre proéminent, les gestes sibyllins de Bernardo, etc. pour les pervertir à travers un comique de répétition hilarant. Chaque planche se ponctue par un gag. Tout pourrait suivre son petit bonhomme de chemin jusqu’à ce qu’apparaisse Sexoualidad, la fille avenante du nouveau gouverneur don Elgentillo. Chacun la trouve à son goût et plus particulièrement don Diego qui ne saura comment exprimer le trouble émotionnel et la bouffée érotique dont il est l’objet. Le justicier va devoir se battre contre lui-même et la partie est loin d’être gagnée surtout quand survient un rival, Winnero de La Gagna, instituteur nouvellement nommé, prompt à faire chavirer le cœur de Sexoualidad qui « vi un rêve évéyé » et à malmener la réputation de Zorro quand il se métamorphose en Wolverino.
Le dessin de Fabrice Erre est juste parfait. Ses personnages, tout en dents dehors, sont expressifs, drôles et légèrement inquiétants. La mise en couleur, par de beaux aplats vifs, est une réussite. Le format à l’italienne permet de déployer agréablement le livre dont les 167 pages caracolent alors que le lecteur hennit régulièrement de plaisir. L’intégrale réunissant les deux volumes « Coup de foudre à l’hacienda » et « La loi du marché » est enrichie de quatre planches inédites rassemblées en fin d’album sous la forme d’un bêtisier.
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