[Un été avec Victor Hugo | Laura El Makki, Guillaume Gallienne]
Ecce homo Hugo.
Les maçons de la Creuse ont bâti le Panthéon de Paris où gîte Victor Hugo depuis ses funérailles nationales en mai 1885 orchestrées par la Troisième République (1870-1940). Lui qui demandait à être conduit au cimetière dans le corbillard des pauvres aurait pu apprécier s’abriter dans le monument néo-classique érigés par des ouvriers durs au labeur, humanistes et promoteurs d’un communisme rural. Toutefois, le Panthéon ne rend pas le grand homme accessible au commun des mortels à l’instar d’un cimetière parisien ouvert gratuitement au public. Dans ce grand écart se situe Victor Hugo, génie protéiforme dialoguant avec Dieu et les grands de ce monde tout en se voulant proche des humbles, des proscrits et des miséreux. Le livre de Laura El Makki et Guillaume Gallienne va mettre en perspective de façon compréhensible et pédagogique, en 43 courts chapitres enlevés la vie de « Ego Hugo ».
Le lecteur ne peut qu’être conquis par la trajectoire de l’homme Hugo, d’abord royaliste puis républicain de gauche après un exil de dix-huit ans (1852-1870), la courbe ascendante d’un écrivain engagé dans de multiples combats qui demeurent actuels : instruction laïque, abolition de la peine de mort, combat contre la misère, création des Etats-Unis d’Europe, libération d’Haïti et droits des Noirs, féminisme, etc. La bascule politique de droite à gauche est singulière. Même si « Un été avec Victor Hugo » est plus proche d’un exercice d’admiration que d’un essai critique, il n’en brasse pas moins les ombres et les lumières qui éclairent l’homme, le rendant vivant et proche. Sa libido est abordée tout comme ses séances de spiritisme, sa gaieté, son sens de la répartie ou son chagrin insondable. Si l’homme est durement ébranlé par la perte de ses enfants, par l’aspiration au néant qui s’ensuit, toujours il se ressaisit. Il est une « force qui va » malgré les doutes et les deuils. En prenant pied dans ce résumé lapidaire, circonstancié et panoramique, agrémenté d’extraits bienvenus, le lecteur peut avoir envie de se coltiner avec une œuvre rétive par sa surabondance mais profondément touchante par le fond.
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