Seconde peau.
Séverine traverse le monde sans l’habiter jusqu’à ce qu’un simple chemisier la transfigure. Etudiante effacée et laborieuse, absente à elle-même et simple potiche dans son jeune couple, Séverine va s’incarner en endossant un corsage (corps sage) en soie d’une marque fantôme. En épousant ses formes, le vêtement magique va délier ses lignes et libérer sa parole jusqu’à lors corsetée.
La dernière œuvre de Bastien Vivès est une réussite magistrale dans la première moitié du roman graphique. La deuxième partie s’effiloche et s’égare dans des accumulations de scènes peu convaincantes et de rencontres anecdotiques. Pourtant, quelle maestria dans la première partie ! Le style, réduit à des aplats gris et à de fines lignes restituent avec une incroyable force suggestive le vide des vies connectées. L’auteur n’a pas son pareil pour érotiser son dessin avec une science des cadrages et un tracé expressif de lignes épurées. Quand l’histoire verse dans le trivial et le pornographique, elle perd une partie de sa substantifique moelle que Bastien Vivès avait su pourtant si bien pointer avec son stylet d’esthète.
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