Le courant de la vie.
Pérégrin installé aujourd’hui en Xaintrie, région naturelle corrézienne débordant sur le Cantal, Antoine Marcel, tel un candide bouddhiste, disposera de son temps de vie pour cultiver son jardin, à l’orientale. Avec Lily, épouse chinoise, ils habitent un vieux moulin en retrait des turbulences et de la cacophonie du monde. Quand Lily repart en Chine durant la saison hivernale, l’auteur doit se coltiner avec la solitude : « L’âme de l’homme est salée comme le grand océan si l’on en croit le goût des larmes ». Il tient un journal où sont consignés ses observations, réflexions et sentiments, tissant une riche étoffe dans un va-et-vient fluide et naturel entre les cultures orientales et occidentales. La beauté et la saveur d’un tel livre tient peut-être à la porosité entre une pensée articulée sur le vide et le plein et un esprit pétri de rationalisme et de pragmatisme. Ainsi, un simple ratissage et ramassage de feuilles mortes devient une source de contentement qui permet d’approcher la « dimension transcendante du monde ». Bien des auteurs sont convoqués par Antoine Marcel mais leur venue émaille le propos, le sertisse sans l’étouffer. Tout semble couler de source en baignant l’esprit du lecteur dans une bienfaisante connivence. Sous son apparence simple et nue, une vérité profonde affleure du texte, posant l’homme éperdu sur une terre nourricière et apaisée.
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